Et voilà, c’est cette époque-là de l’année. Celle du Mobile World Congress, de Barcelone, des dizaines d’heures à errer entre les stands, du concours de bruit entre les marques et des milliers de produits technologiques tous plus amazing et revolutionary les uns que les autres qui tentent de dessiner les tendances de demain. C’est un fait : entre les allées, on trouve beaucoup plus d’ivraie que de grain. Mais il faut reconnaître que le MWC est un salon qui se situe très nettement dans le haut du tableau et qui arrive tous les ans à surprendre les journalistes les plus basés.
le MWC est un salon qui se situe très nettement dans le haut du tableau et qui arrive tous les ans à surprendre les journalistes les plus basés
Si le CES 2016 donne les tendances générales de l’année à venir, le MWC les confirme et sa spécialité mobile en fait un salon presque plus important aujourd’hui que les rendez-vous plus généralistes. Car oui, l’informatique et le marché du gadget se sont déportés : après avoir conquis nos bureaux, nos salons et nos chambres, ce sont nos poches, nos bras et nos yeux qui sont les cibles préférés des innovateurs de ce monde. Même les tendances de fond que sont l’automobile, la domotique et la santé connectée entrent aujourd’hui dans le grand champ de la mobilité.
Mais les trends actuels n’arrivent pas vraiment à nous convaincre. Les wearables sont répugnants en plus d’être profondément inutiles et les objets connectés pour la maison vraiment bien fichus et simple d’accès se comptent sur les doigts d’une seule main — la faute, probablement, à une incapacité encore trop présente à répondre à des problèmes réels, même liés au confort, plutôt que de tenter de proposer des solutions là où personne ne demande rien. Cette démarche est à l’origine d’un double mouvement négatif : en plus d’amener son lot d’objets inutiles sur Terre (et de participer dans le même temps à l’utilisation de ressources humaines et environnementales gaspillées), elle rend la vie plus complexe et plus diffuse alors qu’elle devrait, plus ou moins, l’améliorer.
Voilà ce qu’il faut réparer pour continuer à nous surprendre.
des montres intelligentes moins nulles
Cela fait des semaines que nous réfléchissons à vous proposer un guide d’achat des montres connectées, mais à chaque fois se pose le même problème. Certes, il y a des modèles qui se distinguent de la masse, Apple Watch et Huawei Watch en tête, mais cette masse est à un niveau tellement bas depuis l’apparition du secteur que même les meilleurs sont tout juste médiocres. Une Apple Watch est un bel objet, mais à quoi sert-il, une fois qu’on enlève sa fonction de notification, nouvelle manière de se faire embêter directement par des appels au poignet ? Pas grand chose. Et on peut faire le même constat sur la totalité des montres Android ou basées sur d’autres systèmes d’exploitation. Sans compter la laideur intrinsèque de ces objets.
Pour avoir discuté du sujet avec plusieurs insiders, le même constat revient à chaque fois : c’est un marché qui a été lancé trop tôt. Les composants n’étaient pas prêts et les fournisseurs de puces et autres capteurs qu’on met aujourd’hui dans les montres ont dû adapter à la va-vite leurs gammes pour répondre aux demandes des constructeurs qui avaient promis monts et merveilles à leurs clients. Les montres connectées, aujourd’hui, c’est le système D appliqué à une industrie qui travaille à grande échelle.
Mais des solutions commencent déjà à se dessiner, comme chez Qualcomm, qui a pris au sérieux ces nouvelles demandes et a fait évolué ses produits en conséquence. Et de leur côté, les marques ont compris que la montre ne pouvait être un truc de nerd mais restait avant tout un objet qui s’inscrit dans l’apparat, la mode — pour ne pas dire le luxe. Une montre connectée doit être élégante et agréable à porter avant tout ; utile ensuite. Si les deux problèmes trouvent des solutions au MWC 2016, ce marché pourrait enfin devenir intéressant. Et nous pourrons alors enfin écrire un guide des meilleures montres connectées.
DES smartphones qui ont compris qu’ils étaient normaux
Qui peut affirmer aujourd’hui qu’un smartphone est un objet de curiosité ? Le marché entre petit à petit en rythme de croisière et les marques peinent à réinventer l’objet qui a quasiment atteint aujourd’hui un degré de perfection, tous OS confondus, qui fait qu’on y pense même plus. Si les rumeurs sur le Samsung Galaxy S7 que nous découvrirons dimanche soir sont vraies, alors le Coréen proposera cette année une évolution assez banale de son flagship.
Et Samsung, comme les autres constructeurs, pourraient avoir enfin compris que le smartphone n’était plus un objet qui fait rêver et — enfin — se concentrer sur des problèmes annexes qui changeront la vie des utilisateurs. On parle chez LG d’un G5 modulaire qui aurait un lot d’extensions pour améliorer certaines fonctionnalités de l’appareil (photo, audio, batterie…) et on suppose que Samsung va encore aller plus loin dans sa constitution d’un écosystème cohérent autour de la gamme Galaxy. Réalité virtuelle et film à 360 degrés ne sont jamais loin quand on parle de l’avenir du divertissement — et les constructeurs coréens en connaissent un rayon. Le tout, sans parler des imprimantes connectées comme Prynt qui font un carton au milieu d’un grand revival de la photo papier.
Voilà qui pourrait alors être intéressant : des smartphones comme objets centraux d’une gamme de produits qu’on espère compatibles entre les différentes marques, un peu, finalement, à la manière des ordinateurs qui sont aujourd’hui des hubs pour différents composants internes et externes. Un marché complet reste à inventer sur ce secteur et on attend au tournant les derniers arrivants, qu’ils s’appellent Xiaomi, Honor ou Oppo, pour ne pas être uniquement des suiveurs, mais aussi des initiateurs de tendance.
DE la santé connectée efficace
Si la santé connectée est un enjeu pour les startups et les grands groupes qui se lancent dans cette aventure ô combien rémunératrice mais ô combien réglementée (et heureusement), peu d’entreprises arrivent aujourd’hui à proposer des objets véritablement intéressants… et efficaces. Et pourtant, efficacité et simplicité pourraient être les clefs du problème. Car aujourd’hui, les pays émergents sont équipés massivement avec des smartphones et il n’est pas rare que la jeunesse, indienne par exemple, ait complètement sauté la case ordinateur pour passer à celle ordinateur mobile.
Et le continent africain suit le même chemin, le mobile servant dans certains pays comme le Kenya ou le Gabon aussi bien de terminal pour se connecter à Internet que de moyen de paiement. Dans les pays où les infrastructures de santé ne sont pas efficaces et ou l’accès à des consultations — sans parler des soins — est difficile, la santé connectée pourrait radicalement changer la donne. Imaginez un objet sécurisé, peu coûteux et capable de diagnostiquer des maladies courantes ou de faire des analyses sanguines ou de salive et qui enverrait les données à des laboratoires ou des hôpitaux pour un diagnostic complet. Chaque village isolé, qu’il soit en Afrique, aux États-Unis, en Inde ou en France s’en trouverait profondément changé.
Quand on ouvre cette porte de la santé connectée qui pourrait véritablement changer le monde, on se dit que les traqueurs de sommeil (qui ne marchent pas) et les traqueurs d’activité (qui ne marchent pas non plus), sont bien futiles. Comme pour la domotique ou les objets connectés, la véritable santé connectée ne doit pas faire les choses à l’envers : elle doit identifier des problèmes et les résoudre au lieu de créer de nouvelles distractions.
Retrouvez toute l’actualité du MWC 2016 sur notre page dédiée. Vous pourrez également nous suivre en live sur Periscope.
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