Un meuble qui lui bloque la route, un câble avalé qui l’empêche d’avancer, des saletés ramassées et étalées partout, un nettoyage pas uniforme, un problème de carte qui l’empêche d’aller se recharger… Les aspirateurs robots sont souvent énervants. Conçus pour nous simplifier la vie, ils finissent généralement par nous agacer, quand ils ne se comportent pas normalement. Un défaut qui fait du tort à cette catégorie, puisque de nombreux utilisateurs reviennent finalement aux aspirateurs balais ou pire, au ménage manuel lorsqu’ils perdent confiance.
Ce problème, Colin Angle en est conscient. Le CEO d’iRobot, le géant de la catégorie sur le point d’être avalé par Amazon (même si le rachat coince), pense que les constructeurs d’aspirateurs robots ont tort de se concentrer sur les gadgets. Tout le défi du secteur est là : convaincre les gens que les aspirateurs robots sont des aspirateurs fiables.
De la lune de miel à la séparation
Selon Colin Angle, les acheteurs d’un aspirateur robot passent habituellement par plusieurs phases. Ils sont d’abord séduits par l’engin, qu’ils trouvent mignon et pratique, ils commencent à douter lors de ses premiers échecs puis, lorsqu’ils comprennent que les aspirateurs robots sont des machines qui se coincent régulièrement, jettent l’éponge. « Les gens ont des sentiments très forts à l’égard de leurs robots. Leur perception change au fil du temps » analyse le patron d’iRobot, qui compare l’achat d’un aspirateur robot à une lune de miel qui fonctionne jusqu’à ce que l’admiration disparaisse.
Comment expliquer ces bugs à répétition ? Sans surprise, iRobot incrimine surtout sa concurrence, qui a fait le choix de la technologie plutôt que de l’efficacité. Capteurs laser au lieu de caméras, module serpillère intégré qui empêche le robot de rouler de manière stable (il y a un creux pour la serpillère), trop de fonctions de détection par IA, ce qui trouble l’aspirateur-robot quand un objet a été déplacé… « Les utilisateurs commencent à détester leurs robots le jour où il a nettoyé quelque chose qu’il n’aurait pas dû nettoyer » explique Colin Angle. iRobot pense qu’il vaut mieux concevoir des produits plus standards, pour « créer une relation long terme ».
Pour rassurer les propriétaires de ses robots, la marque a notamment eu plusieurs idées amusantes, comme P.O.O.P, pour « Pet Owner Official Promise » (comprenez poop, pour caca 💩). Si un aspirateur iRobot nettoie malencontreusement les crottes d’un animal, alors iRobot le remplacera gratuitement, sans contestation. Toute sa stratégie vise à construire une relation de confiance, pour que la phase lune de miel s’éternise.
Des nouveautés haut de gamme, jusqu’à 1 400 euros
Si Colin Angle s’est déplacé à Paris, ce n’est pas juste pour critiquer les aspirateurs robots des concurrents. Comme vous vous en doutez, le patron d’iRobot est venu apporter des solutions aux problèmes qu’il évoque, avec des aspirateurs ultra haut de gamme et une mise à jour logicielle. Il s’agit d’appareils vendus entre 699 et 1 399 euros qui, paradoxalement, embarquent plein de technologies, alors que Colin Angle laissait entendre qu’il valait mieux se contenter de l’essentiel.
Le modèle le plus impressionnant de la gamme est le Roomba Combo j9+, livré avec un dock si grand qu’iRobot a décidé d’en faire une table de nuit. « Les gens mettront des choses dessus » affirme la marque, pour rassurer quand on lui demande si les gros docks ne sont pas éliminatoires pour les petits appartements.
Pourquoi le Roomba Combo j9+ coûte si cher ? Parce qu’il s’agit d’un appareil autonome, conçu pour prendre soin de lui-même. Il peut aspirer pendant 2 mois sans que l’on ait besoin de vider son sac (il se vide dans son dock à chaque fois qu’il va au chargeur), embarque une caméra pour reconnaître 80 objets du quotidien et les éviter, peut cartographier un appartement 7 fois plus rapidement que les précédents modèles, est silencieux et, cerise sur le gâteau, embarque une serpillère décapotable. iRobot pense que les modules serpillère des aspirateurs concurrents sont idiots puisqu’ils déstabilisent l’engin, alors il a décidé de mettre le sien en haut, avec un système mécanique qui fait passer la serpillère en bas seulement quand nécessaire. Le réservoir d’eau se cache dans le dock, pour que l’utilisateur ne soit jamais dérangé.
L’application iRobot s’améliore aussi, avec la possibilité de créer un plan de nettoyage sur mesure. Serpillère au salon, passage deux fois sous le bureau, intensité plus ou moins forte en fonction des zones… Un mode baptisé SmartScrub permet aussi aux aspirateurs de mettre plus de pression au sol, pour retirer les saletés collées lorsqu’ils passent la serpillère.
Le Roomba j9+ existe aussi sans son gros dock, mais perd la fonction serpillère. Dans son cas, il s’agit d’un aspirateur plus classique, à 999 euros tout de même. Les modèles j5+ (899 euros) et i5+ (699 euros) viennent alléger la facture, pour les plus petits appartements.
Matter en 2024
Si les nouveaux aspirateurs d’iRobot ne sont pas pour tout le monde, nous avons profité de la venue de Colin Angle pour l’interroger sur le lancement de Matter, le nouveau standard de la maison connectée, sur les aspirateurs robots. Ces produits ne sont pour l’instant pas compatibles, ce qui rend par exemple impossible la programmation d’un lavage avec Siri sur un iPhone.
Colin Angle indique qu’iRobot travaille sur cette intégration, la déploiera sur tous les aspirateurs existants mais, pour l’instant, n’a pas de visibilité sur son arrivée. Il table néanmoins sur 2024, ce qui laisse penser que la première mise à jour majeure de Matter ajoutera cette catégorie. De quoi déjà rendre les aspirateurs robots plus simples à utiliser, pour que la haine soit moins grande.
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