On le sait, « Microsoft aime Linux ». La déclaration d’amour faite publiquement en 2014 avait suivi l’annonce deux ans plus tôt de la disponibilité de Linux sous Windows Azure, et les gestes d’affection ne cessent depuis de se multiplier. Le dernier en date pourrait être l’un des plus spectaculaires et des plus importants sur le plan stratégique.
Microsoft a en effet annoncé lundi son intention de porter SQL Server sous Linux, pour fournir aux développeurs et aux administrateurs de bases de données (BDD) les mêmes outils de BDD relationnelles que sous Windows Server. Une version de test est déjà envoyée cette semaine chez quelques clients privilégiés, et la version publique devrait sortir à la mi-2017.
La nouvelle est accueillie avec enthouasiasme par le président des technologies chez Red Hat, Paul Cormier, qui se dit « heureux de voir Microsoft accentuer ses investissements dans Linux ». L’éditeur collaborera avec Microsoft pour proposer SQL Server dans la distribution Red Hat Enterprise Linux. Le fondateur de Canonical, Mark Shuttleworth, se dit aussi « ravi » et note que les développeurs pourront « concevoir des applications modernes qui exploitent les capacités de SQL Server pour les entreprises ».
Oracle s’est fait une très mauvaise publicité avec des licences qui coûtent excessivement cher
Mais il est une entreprise qui ne sera pas du tout ravie de la décision de Microsoft : Oracle. Avec son système de base de données, l’éditeur régnait jusqu’à présent en maître sur les environnements Linux, pour les applications lourdes ou celles qui demandent des fonctionnalités spécifiques. Ses seuls concurrents étaient des solutions open-source comme PostgreSQL ou MySQL, plus limitées. En débarquant sous Linux, SQL Server pourrait donc prendre d’importantes parts de marché à Oracle, avec une solution plus abordable.
.Net et SQL Server, un couple enfin réuni ?
« Oracle s’est fait une très mauvaise publicité avec des licences qui coûtent excessivement cher, qui sont extrêmement complexes, et des audits de conformité qui ont eu de très lourdes conséquences dans des entreprises », nous explique Vincent Delabre, consultant SQL Server au sein de CapData – Osmozium. L’arrivée de Microsoft sur le marché des bases de données professionnelles sous Linux pourrait donc contraindre Oracle à revoir ses tarifs et ses pratiques.
La décision de Microsoft de porter SQL Server sous Linux est en tout cas une suite logique, après sa décision en 2014 de rendre .NET open-source et multi-plateformes. « Intuitivement les développeurs ont tendance à utiliser la BDD qui va avec l’environnement », explique Vincent Delabre. « Avec Java, on prend une base Oracle. Avec Dotnet, une base SQL. On s’habitue à utiliser la base qui va avec l’éditeur du framework. Mais avec Dotnet sous Linux, il n’était pas possible d’utiliser SQL Server. La décision de Microsoft permettra donc d’étendre le marché auquel il s’adresse ».
Côté entreprises, la décision pourrait aussi permettre de rationaliser le choix des systèmes d’exploitation, au risque pour Microsoft de perdre quelques parcs sous Windows Server au profit de Linux. Mais le jeu en vaut la chandelle, d’autant que les projets qui sont déjà développés avec une base Oracle pourront migrer relativement facilement sous SQL Server, grâce à l’outil de migration déjà proposé par Microsoft.
« On attend cependant d’en savoir plus sur les intentions réelles de Microsoft », tempère le spécialiste SQL Server. « L’annonce est encore vague et il faudra voir notamment quel périmètre est concerné. SQL Server ce n’est pas seulement la base de données, mais aussi une suite logicielle adaptée à la Business Intelligence », rappelle-t-il. « Il y a encore plein de questions qui se posent, mais l’annonce est très clairement intéressante ».
D’autres informations pourraient être livrées par Microsoft dès cette semaine, lors de sa conférence Data Driven à New York, où il présentera les nouveautés de SQL Server 2016.
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