D’une certaine manière, avec son Snapdragon XR2 Gen 2, Qualcomm valide les travaux d’Apple. Le concepteur américain, à qui l’on doit la plupart des puces présentes dans nos smartphones, fabrique déjà des puces pour casques de réalité virtuelle. Pourtant, même si le nom du Snapdragon XR2 Gen 2 insiste deux fois sur le fait qu’il s’agit d’une « suite », on ne peut s’empêcher de remarquer un changement de ton chez Qualcomm. Au revoir la réalité virtuelle, place à l‘informatique spatiale. Qualcomm croit plus que jamais aux ordinateurs immersifs, censés transformer l’informatique moderne. La preuve, sa nouvelle puce mise beaucoup sur la réalité mixte, qui était autrefois très conceptuelle.
Une puce pour répondre à l’Apple Vision Pro
« D’ici quelques années », Qualcomm s’attend à ce que la réalité mixte devienne un produit grand public. Concrètement, le géant des puces imagine que les utilisateurs actuels de smartphones et de PC se divertiront ou travailleront en plaçant un casque devant leurs yeux. En revanche, contrairement à ce que sa précédente approche très « métaverse » laissait penser, Qualcomm semble moins croire aux contenus immersifs. Les « ordinateurs spatiaux » pourront projeter du contenu virtuel au milieu de la vision, grâce à des caméras capables de la répliquer en temps réel, mais n’isoleront pas forcément.
Cette approche est sensiblement identique à celle d’Apple, qui imagine que son Vision Pro remplacera le Mac, notamment en projetant un bureau d’une taille infinie au milieu de la vision.
Ainsi, Qualcomm passe de puces conçues pour la réalité virtuelle à une puce conçue pour la réalité mixte. Elle nécessite plus de puissance, puisqu’il faut répliquer la réalité en 3D en temps réel pour que l’utilisateur n’ait pas l’impression d’être dans une simulation.
Qualcomm met en avant des performances graphiques jusqu’à 2,5 fois supérieures, promet que le passage de la VR immersive au monde augmenté se fera sans latence et dit avoir multiplié les performances de son NPU (Neural Processing Unit, un microprocesseur destiné aux calculs et à l’aprentissage automatique), qui s’occupe des tâches liées à l’intelligence artificielle, par 8. Sa nouvelle puce est aussi meilleure pour suivre les mouvements de la tête, peut reconnaître des objets en temps réel, sait concevoir des avatars qui imitent les expressions du visage et est parfaitement optimisée pour des écrans 3K par 3K.
Autre particularité de la puce Snapdragon XR2 Gen 2 : il s’agit d’une seule puce, une solution « all-in-one ». Pourquoi mettre cette caractéristique en avant ? Parce qu’Apple, avec son Vision Pro, a fabriqué une solution à deux puces. L’Apple M2 du Mac s’occupe de la partie informatique, l’Apple R1 (une puce inédite) s’occupe de tout ce qui est lié à la spatialisation. Avec sa puce unique, Qualcomm pense simplifier la vie des constructeurs.
Interrogé par Numerama sur la ressemblance entre sa nouvelle puce et la vision de « l’ordinateur spatial » à la Apple, Qualcomm s’amuse et explique apprécier ce nouveau terme. Le concepteur américain présente le Vision Pro comme « une muse pour notre industrie », en indiquant que l’arrivée d’Apple sur ce marché est « une bonne nouvelle ». Évidemment, Qualcomm profite de l’occasion pour tailler le prix du Vision Pro. « Nous ne savons pas encore ce que les consommateurs sont prêts à dépenser. Le prix est aussi important que les fonctions. »
Le Meta Quest 3 utilise déjà la puce de Qualcomm
Dans le futur, Qualcomm mise notamment sur Samsung et Google, avec qui il conçoit un casque haut de gamme, pour donner envie aux consommateurs de s’intéresser aux ordinateurs spatiaux. En attendant et contrairement à ses habitudes (Qualcomm annonce souvent des puces plusieurs mois avant qu’un produit ne les utilise), le concepteur américain a décidé de s’allier avec Meta pour donner vie au Snapdragon XR2 Gen 2 dès le mois d’octobre. Le Meta Quest 3, annoncé le 27 septembre et commercialisé à partir de 570 euros, utilise déjà la puce de Qualcomm. Il est probable que sa fluidité, notamment lorsqu’on passe de la réalité virtuelle à la réalité mixte, écrase celle du Meta Quest Pro sorti l’année dernière.
Autre terrain sur lequel compte miser Qualcomm : les lunettes de réalité augmentée, avec une nouvelle puce nommée AR1 Gen 1. Affichage sur le verre, prise de photos/vidéos, haut-parleurs, micros… Plusieurs capacités sont au programme. Les Ray-Ban Stories 2, qui seront lancées en octobre, sont les premières lunettes à l’utiliser. Mais elles n’ont pas d’écran.
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