Dans le texte qu’il adresse à Libération, Bernard Miyet se pose une question fondamentale : « Qu’est-ce que la musique ? »
« La musique est-elle une accumulation de morceaux épars, électrons libres abandonnés aux caprices des marchés et des hit-parades ?« , demande t-il, « ou, à l’inverse, est-elle un ensemble cohérent exprimant une personnalité, le talent d’un auteur, d’un compositeur, d’un interprète ?. Vous aurez deviné sa réponse, que nous partageons tous.
Détestant la musique en proie aux distributeurs, aux « radios [qui] diffusent trop souvent massivement le single privilégié par le producteur, laissant tant d’autres œuvres à l’abandon« , Bernard Miyet se lamente de la perte du plaisir de découvrir des artistes à travers leurs œuvres, leurs albums. Perte accentuée par le réseau des réseaux : « Sur Internet, la logique du titre par titre tend à s’imposer. Chez un grand disquaire, on cherche un CD, alors que sur le Net on cherche un titre.« .
« Rencontrer, découvrir, choisir, connaître, explorer, redécouvrir : là est l’itinéraire légitime de l’amoureux de musique« , s’exclame le patron de la SACEM.
Ne devrait-il donc pas être en faveur des réseaux P2P, où les utilisateurs se plaisent à télécharger des œuvres qu’ils ne connaissent pas ?
On remarquera l’absence du mot « partager » dans la liste de l’itinéraire légitime de l’amoureux de la musique. N’est-ce pourtant pas là le plus grand des plaisirs et la clé aux maux que décrit M.Miyet ?
« Ce n’est pas le système technique lui-même qui fait du réseau un lieu de vie, mais ceux qui innovent et ceux qui créent« , indique t-il. Ceux qui ont le plus innové et créé ces dernières années sont Napster, Kazaa, ou encore Audiogalaxy, trois logiciels qui ont subi les foudres de l’industrie du disque.
Selon Bernard Miyet, « il ne suffit pas d’imaginer l’Internet de la musique, il faut le construire« . Cet Internet de la musique n’a jamais été aussi bien construit que lorsque Audiogalaxy a mis en relation les utilisateurs pour qu’ils puissent ensemble bâtir une discothèque riche et culturellement très puissante. Audiogalaxy est mort.
La solution du président de la SACEM ?
« Une offre musicale de qualité, dans des conditions qui préservent les droits légitimes des ayants droit. […] Un premier pas important a été accompli avec la signature de la charte pour le développement de l’offre légale de musique en ligne, le respect de la propriété intellectuelle et la lutte contre la piraterie numérique«
Il faudra rappeler à Monsieur Miyet que les plateformes signataires de la charte sont très exactement celles qui refusent en ce moment de payer les droits d’auteur à la SACEM, et celles qui promeuvent la vente de singles à 0.99€ l’unité.
Les P2Pistes et la SACEM ont un intérêt commun : la musique. Il est temps de réaliser que la SACEM se trompe d’ennemi et devrait travailler main dans la main avec le public pour faire d’Internet un lieu d’ouverture culturel libre de tout DRM. Les solutions pour rémunérer les créateurs sont là, il suffit de se décider à les regarder en face.
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