Meta ne parle quasiment plus de métavers, mais les efforts de l’entreprise pour développer la réalité virtuelle, mixte et augmentée se poursuivent.
Comme l’a prouvé la conférence Meta Connect du 27 septembre, durant laquelle Mark Zuckerberg a dévoilé le casque Meta Quest 3 et les lunettes Ray-Ban Stories 2 (en ne mentionnant presque jamais le mot « métavers »), la maison mère de Facebook continue de penser que l’informatique spatiale est le futur des technologies. Elle met désormais en avant des expériences moins isolantes, en présentant ses casques comme un moyen d’augmenter sa réalité, et non plus de la remplacer.
Au lendemain du Meta Connect, Mark Zuckerberg a donné une interview à Lex Fridman, qui tient un podcast qu’il affectionne particulièrement (c’est la troisième fois qu’il y va). Le patron de Meta a proposé au podcasteur de l’interview sous la forme d’un avatar en 3D, avec un casque Meta Quest Pro sur la tête. Et c’est assez impressionnant.
Une technologie très sophistiquée (mais encore peu abordable)
En allant chez Lex Fridman, Mark Zuckerberg n’a pas pris beaucoup de risques. Le créateur de Facebook prêche un convaincu, qui ne cesse de répéter qu’il pense que « le métavers est le futur de l’humanité » et qui décrit son interview avec Mark Zuckerberg comme « la chose la plus incroyable de sa vie ». Il est d’ailleurs assez amusant de voir Lex Fridman répéter plusieurs fois le mot « métavers » durant les 1h04 d’interview, alors que Mark Zuckerberg parle d’expériences 3D, de jeux vidéo, de réalité virtuelle ou de réalité augmentée. Le patron de Meta mentionne le métavers sur certaines réponses, mais donne tout de même l’impression qu’il l’évite, tout en insistant sur le fait que les nouveaux avatars 3D de Meta sont conçus pour un usage bien plus large.
Techniquement parlant, les « Codec Avatar », comme Meta les appelle, ne sont pas nouveaux. Ils avaient déjà été montrés en 2022, même si Meta n’avait fait aucune démonstration publique. Ils utilisent les capteurs du casque (yeux, bouche, déplacement, etc.) pour reproduire les expressions d’un visage en temps réel, sur un modèle ultra-réaliste. Tout ne se fait pas localement, il faut d’abord modéliser son visage avec des machines très coûteuses (Meta espère un jour intégrer la technologie à un smartphone) puis utiliser un ordinateur pour que le modèle en temps réel fonctionne.
Avec un codec avatar, deux personnes dans un espace virtuel ont l’impression de se voir pour de vrai. La conversation entre Lex Fridman et Mark Zuckerberg ressemblent à une vraie conservation, entre deux êtres humains face à face (les deux ironisent au début sur leur distance, ils ont d’abord été collés l’un à l’autre).
Mark Zuckerberg indique néanmoins qu’il ne pense pas que ses codec avatars soient destinés à améliorer les appels vidéo. Il les voit plus comme un moyen de rendre la réalité virtuelle/augmentée plus réaliste, avec des visages naturels. On peut y voir un clin d’œil au selfie devant la Tour Eiffel, qui lui avait valu tant de critiques. L’annonce des codec avatars avait d’ailleurs été une réaction à cette polémique.
Le plus impressionnant dans cette démonstration technologique est la fluidité des expressions, qui sont suffisamment naturelles pour créer l’illusion. Meta a développé une technologie vraiment puissante, sans doute meilleure que les « Persona » de l’Apple Vision Pro. Mais Apple a l’avantage de les émuler localement et de pouvoir les créer avec la caméra d’un iPhone.
Durant l’interview, Lex Fridman et Mark Zuckerberg discutent de l’éventualité d’utiliser ces avatars pour ramener des proches décédés. Lex Fridman est emballé par l’idée, Mark Zuckerberg l’est moins. Il explique que ce type d’usage pourrait être nocif, tout en expliquant qu’il faudra étudier les normes sociales. En revanche, le patron de Meta croit que des IA qui imitent des gens, pour les aider à créer des communautés, a plus de sens.
Meta n’a pas besoin du métavers pour révolutionner Internet
Pourquoi investir autant dans des avatars en 3D, s’il ne croit plus au métavers ? Il est important de vraiment dissocier ce terme des travaux technologiques de Meta, qui développe presque à lui tout seul l’industrie des réalités virtuelles, mixtes et augmentées.
Technologiquement parlant, les travaux de Meta sont impressionnants. L’entreprise travaille sur le long terme et pourrait, si l’informatique spatiale explose, être à l’origine d’une révolution technologique. En revanche, l’erreur de Meta est d’avoir voulu tout miser sur le terme « métavers », présenté comme un monde en 3D dans lequel nous retrouverions nos amis le soir. Cette vision isolatrice et dystopique n’a pas rassuré sur ses travaux, ce qui amène Meta à aller vers une réalité virtuelle/mixte plus ouverte aujourd’hui. Mais cela ne remet pas en question ses recherches, qui restent extrêmement précurseuses.
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