Dans l’Union européenne, Meta envisagerait de proposer des formules payantes pour ses réseaux sociaux, afin de se conformer aux lois sur la protection des données personnelles. Une proposition osée, qui lui permettrait aussi (et surtout) de booster son revenu moyen par utilisateur.

Dans un futur proche, Meta pourrait laisser à ses utilisateurs européens deux choix :

  • Accepter que Facebook et Instagram les traquent, afin de leur offrir des publicités personnalisées (son modèle économique actuel) ;
  • Payer un abonnement mensuel de 10,50 euros par mois (abonnement depuis le web) ou 13 euros par mois (abonnement depuis l’App Store ou le Play Store) pour se débarrasser du tracking et des publicités sur un réseau social (Facebook ou Instagram). Pour chaque compte supplémentaire, Meta demanderait 6 euros de plus (16,50 ou 19 euros pour Facebook et Instagram, donc).

Cette solution, que Meta appellerait SNA en interne (subscription no ads), a pour objectif de libérer le groupe des contraintes du Digital Services Act, entré en vigueur en août 2022. Meta est aujourd’hui obligé de laisser ses utilisateurs désactiver ses algorithmes gratuitement, il espère demain faire de cette possibilité une option payante, en intégrant les publicités à l’équation. La balle est dans le camp des régulateurs européens, qui doivent lui donner leur feu vert.

Meta a toujours été opposé aux abonnements

Le Wall Street Journal est le premier à avoir écrit sur les projets de Meta. Selon lui, les abonnements payants à Facebook et Instagram seront exclusifs à l’Union européenne, puisque le groupe de Mark Zuckerberg ne voit aucun intérêt à le proposer aux États-Unis ou ailleurs, où il est moins embêté par les autorités. Son objectif serait de tester une source de revenus alternative après s’être toujours opposé à l’idée d’un abonnement, sous prétexte que ses réseaux sociaux devaient être gratuits.

Aujourd’hui, le revenu moyen eu Europe est bas

Dans ses résultats financiers, Meta intègre une donnée intéressante nommée ARPU (Average Revenue Per User). Elle correspond à la moyenne de l’argent rapporté par utilisateur chaque trimestre, grâce aux publicités notamment. Aux dernières nouvelles, d’après les recherches de Numerama, un Américain rapportait 58,77 dollars en moyenne à Meta au quatrième trimestre 2022… alors qu’un Européen en rapportait 17,29 dollars (on tombe sous les 5 dollars en Asie). A-t-on besoin de vous expliquer pourquoi un abonnement à 10,50 euros par mois est plus rentable pour Meta en Europe qu’aux États-Unis ?

Évidemment, ce bandeau ne prévient pas qu'il s'agit d'un badge à 17 euros.
Depuis quelques mois, Meta propose déjà un abonnement pour être vérifié sur Facebook ou Instagram. // Source : Capture Numerama

Aujourd’hui, avec le DSA, l’Union européenne force Facebook et Instagram à ne pas offrir de publicités personnalisées aux mineurs et à offrir une vue alternative sur le fil d’actualité, sans sélection algorithmique. Dans l’hypothèse où Meta lancerait son abonnement payant, les règles du DSA devraient continuer d’être obligatoires pour les formules gratuites. En revanche, l’abonnement payant pourrait aussi dispenser les utilisateurs de publicités, ce qui est nouveau.

Si la nouvelle formule de Meta voit le jour, elle pourrait lui permettre de booster ses revenus publicitaires dans un marché qui fait tout pour s’attaquer à son chiffre d’affaires (sans contenus personnalisés, difficile de créer des ventes et de convaincre les annonceurs). L’abonnement payant à Facebook et Instagram améliorerait grandement le revenu moyen par utilisateur du groupe Meta en Europe, tout en satisfaisant les autorités européennes. Reste à savoir qui est prêt à payer pour ça, en plus des 17 euros par mois déjà demandés pour la vérification.

Au total, un utilisateur qui veut retirer les pubs de Facebook et Instagram, tout en étant vérifié sur les deux plateformes, pourrait payer jusqu’à 53 euros par mois (en partant du fait qu’il s’abonne entièrement vers l’App Store). Peu de personnes en feront autant, mais il suffirait de posséder un seul abonnement pour déjà dépasser le revenu moyen habituel.

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