La radio par P2P est en pleine effervescence. Notre expérience récente de diffusion de contenus 100% libre de droits par Streamer P2P Radio s’est avéré être un succès inattendu, avec jusqu’à 150 auditeurs. Hier, Grokster sortait une version personnalisation du logiciel Mercora, le leader commercial du streaming radio par P2P.

Mercora est un peu à la radio P2P ce que Kazaa est au partage de fichiers P2P, un logiciel grand public graphiquement bien léché, aux performances et à la richesse culturelle aléatoires. Mais Mercora est plus que Kazaa. La société qui l’exploite profite d’une lacune dans le droit d’auteur pour prétendre à sa légalité parfaite, y compris pour les utilisateurs.

Plutôt que de s’échanger des fichiers MP3, les utilisateurs diffusent via Mercora un flux audio, comme n’importe quelle webradio. Le logiciel trie les flux pour permettre d’écouter ce que l’on souhaite au moment où on le souhaite. Mais stricto sensu, l’utilisateur qui diffuse de la musique ne la diffuse pas « à la demande », puisque ce sont les utilisateurs qui changent de radio et non les broadcasters qui changent de playlist. Dès lors, c’est le régime des radios non interactives, soumises à une licence légale, qui s’applique.

« Nous avons obtenu une licence légale pour la diffusion sur Internet de contenu audio numérique, comme le prévoit le DMCA« , prévient Mercora. La licence permet à Mercora de diffuser de la musique tout en payant les droits à SoundExchange, une société de gestion chargée de collecter et de redistribuer les sommes dues au titre de la licence légale, au nom et pour le compte de plus de 500 producteurs titulaires des droits des enregistrements. Au niveau des auteurs, Mercora a pareillement conclu des accords avec l’ASCAP, BMI et SESAC, les équivalents américains de notre SACEM nationale. Mercora « [prend] soin de reporter et de payer les droits d’auteurs dues à ces organisations« , afin que « vous (l’utilisateur final) n’ayez pas à vous soucier de tout cela« , explique la société.

Avec ces spécificités juridiques, le logiciel américain a séduit des dizaines de milliers d’utilisateurs, ce qui attire certaines convoitises. Hier, Grokster sortait sa propre version de Mercora, rebaptisé « Grokster Radio ». A première vue, il s’agit d’un clone parfait, ce qui rend cette version anecdotique. Cependant Grokster fait ici un pas bancal vers la légalité, après avoir annoncé un partenariat avec la société Snocap de Shawn Fanning (le créateur de Napster) et l’une des quatre majors de l’industrie du disque, Sony-BMG.

Il sera intéressant de voir comment Grokster va tirer des revenus de ce nouveau service. Actuellement, Mercora est gratuit, ne diffuse aucune publicité et ne contient, sauf erreur de notre part, aucun spyware.

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