France Télévisions proposera d’abord son service de catch-up TV sur le web uniquement, avant de le lancer peut-être sur toutes les box des fournisseurs d’accès à Internet. Mais pas avant la fin de l’année, le temps de boucler des négociations qui s’annoncent tendues. Explications.

Selon nos informations, le service de catch-up TV que doit lancer France Télévisions au second trimestre 2010 sera d’abord accessible uniquement sur le web. Alors que le contrat d’exclusivité signé avec Orange doit prendre fin le 21 avril prochain, le groupe de télévision publique n’a pas encore sérieusement entamé les négociations avec les autres fournisseurs d’accès à Internet pour rendre le service accessible également sur les autres box ADSL. S’il espère le voir apparaître sur les Freebox, Neufbox, Bbox ou autres DartyBox d’ici la fin de l’année, rien n’est moins sûr. Orange pourrait donc, dans les faits, garder pendant un temps l’exclusivité du service sur sa Livebox même si elle n’aura plus de valeur contractuelle à la fin du mois prochain.

France Télévisions souhaite rendre accessible sur son site de catch-up TV l’ensemble des programmes produits par le groupe public déjà disséminés en VOD gratuite sur les sites des différentes chaînes et émissions, ainsi qu’un maximum de fictions, documentaires, ou films jusque là réservés à Orange et au service de VOD payante FranceTVOD. Celui-ci va par ailleurs continuer à coexister avec le site de catch-up TV, qui ne proposera de revisionner gratuitement que les programmes diffusés depuis moins de 8 jours sur les antennes de France Télévisions. Les archives des programmes déjà gratuits aujourd’hui resteront distribués sur leurs sites respectifs, tandis que le site FranceTVOD proposera de payer pour revoir les œuvres (films, docus, fictions…) diffusés depuis plus d’une semaine.

Pour son service en ligne, France Télévisions veut miser sur la simplicité. Son site devrait se composer essentiellement d’un player vidéo et d’un moteur de recherche à auto-complétion, c’est-à-dire qu’il suffira de commencer à taper « plus belle » pour accéder aux derniers épisodes de Plus belle la vie. Il sera financé par la publicité, avec en principe un spot d’une dizaine de secondes diffusé avant le lancement de la vidéo.

L’arrivée du service de catch-up TV sur les box ADSL se heurte toutefois à une différence essentielle de points de vue entre France Télévisions et la plupart des fournisseurs d’accès à Internet. Si Orange avait obtenu l’exclusivité, c’est qu’à l’époque de la signature du contrat l’opérateur avait été le seul à accepter de payer pour proposer ce service à ses abonnés. Les autres FAI considèraient que le service public n’a pas à faire payer son service de vidéo de rattrapage, déjà en quelques sortes financé par la redevance TV. De son côté, France Télévisions estime au contraire que les FAI gagneraient de l’argent « sur le dos » de France Télévisions s’il fournissait gracieusement ses programmes aux opérateurs pour enrichir l’offre audiovisuelle revendue ensuite aux abonnés.

Le raisonnement de France Télévisions est étrange, mais reflète le dictat des ayants droit qui exigent (et obtiennent) un paiement supplémentaire pour accorder aux chaînes le droit de proposer leurs programmes sur Internet en catch-up TV. Quelle différence pourtant y a-t-il entre l’abonné de Free qui utilise son magnétoscope numérique pour enregistrer un programme TV et le regarder plus tard, et le même abonné qui plutôt que d’utiliser son magnétoscope utilise le service de catch-up TV ? « Il aurait peut-être fallu ne pas vendre de magnétoscopes en premier lieu« , nous a répondu une personne proche du dossier.

Plus les années passeront, plus la consommation de la télévision « en direct » deviendra marginale par rapport à la consommation de la télévision à la demande. France Télévisions propose déjà 48 heures de programmes en catch-up TV par jour, et a réalisé 20 millions de vidéos vues en janvier. Un chiffre qui devrait exploser en février grâce aux Jeux Olympiques.

Or un changement de mode de consommation ne doit pas nécessairement s’accompagner d’un changement de mode de financement. La redevance TV reste parfaitement adaptée au financement de la télévision à la demande.

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