La quarantaine commerciale de l’iPhone 12 s’achève. Le téléphone d’Apple doit retrouver cette semaine les rayons des boutiques françaises, après un mois de mise à l’écart. Le smartphone s’était retrouvé au cœur de l’actualité, pile le jour de l’annonce du nouvel iPhone 15, en raison d’une émission d’ondes légèrement au-dessus des seuils fixés par la loi.
Pour lever cette suspension, l’Agence nationale des fréquences (ANFR), dont l’une des tâches est de vérifier la conformité des smartphones vis-à-vis des normes en vigueur, avait fixé une condition : le déploiement d’un patch capable d’ajuster à la baisse le niveau des ondes émises par ce téléphone, pour qu’il repasse sous les plafonds réglementaires.
Dans un point d’étape du 13 octobre, l’ANFR avait noté l’engagement d’Apple à fournir ce correctif logiciel à sa clientèle française le 24 octobre au plus tard. En attendant, « l’interdiction de commercialisation de l’iPhone 12 restera en vigueur en France jusqu’au déploiement effectif de cette mise à jour auprès du grand public », avait prévenu l’agence.
C’est finalement avec 24 heures de retard que le patch en question, iOS 17.1 est sorti, dans la soirée du 25 octobre. Contacté par Numerama en fin de journée, l’ANFR nous avait répondu qu’Apple a demandé « un délai supplémentaire de 24 h pour assurer la mise à disposition du public du nouveau logiciel ». Le retour à la vente de l’iPhone 12 est officialisé depuis le 26 octobre.
L’ANFR note que cela ne concerne que la métropole. Concernant l’outre-mer (dont la Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte, mais aussi Saint-Martin), le patch sera proposé d’ici à la fin de l’année 2023 dans une prochaine mise à jour prévue par Apple. L’évolution logicielle livrée avec iOS 17.1 n’est pas fonctionnelle pour ces territoires, indique l’agence.
Outre diverses mises à jour, iOS 17.1 contient le fameux réglage qui met un terme à plus de quarante jours de désordre. Dans une page explicative, Apple avait indiqué le 10 octobre que l’arrivée d’iOS 17.1 intègrerait bien une modification pour tenir compte de la situation particulière en France.
Sorti en octobre 2020, l’iPhone 12 est aujourd’hui un téléphone plutôt ancien même s’il n’a « que » trois ans d’existence. Il n’est plus proposé à la vente sur le site officiel d’Apple, ce dernier préférant mettre en avant les modèles suivants (iPhone 13, iPhone 14 et iPhone 15, mais également l’iPhone SE). On le trouve toutefois encore chez nombre de revendeurs tiers.
Un problème de DAS, un problème de test, un problème d’approche
Cette affaire a illustré le rôle que joue le débit d’absorption spécifique (DAS). Il s’agit d’un indicateur chiffré qui mesure l’énergie des ondes absorbée par le corps humain. Il sert à obliger les constructeurs de smartphones à rester sous certaines valeurs. Il s’agit, en somme, de limiter l’exposition du public aux ondes. C’est une mesure préventive.
Bien que l’iPhone 12 a effectivement franchi une limite de DAS, l’affaire a pris des proportions excessives. Un dépassement n’entraîne pas mécaniquement un risque sanitaire avéré pour les personnes. En effet, le DAS est fixé par la loi et la valeur qui est choisie est nettement plus basse que celle qui pourrait occasionner des effets néfastes.
Elle a été d’autant plus exagérée que d’autres téléphones rencontrent parfois aussi des franchissements de DAS sans que cela devienne un sujet national. La plupart du temps, les écarts font l’objet d’un rappel à l’ordre de l’ANFR, qui se règlent via une mise à jour. Les suspensions commerciales, les rappels de produit ou les retraits sont en réalité inhabituels, voire rares.
Dans cette histoire, l’iPhone a peut-être été davantage mis sous pression en raison de son statut à part sur le marché des smartphones. Apple occupe, il est vrai, une place particulière : c’est l’une des plus puissantes, avec une large part de marché dans le monde. En outre, elle est très influente : ses orientations sont reprises par la concurrence de temps à autre.
L’affaire a été d’autant plus excessive qu’il s’est avéré que le problème de fond était surtout une différence d’appréciation entre Apple et l’ANFR pour mesurer le degré d’absorption des ondes par un corps humain. L’ANFR utilise en effet un protocole de test précis, mais qui ne peut tenir compte d’un mécanisme propre à Apple, qui porte sur l’éloignement du corps.
Si l’iPhone détecte que vous n’êtes pas à côté, il est configuré pour émettre un peu plus intensément ses ondes. C’est le cas, par exemple, s’il est posé une table. Mais s’il repère qu’il se trouve dans une poche, dans une veste, à la main, près de la tête ou dans un sac, il va abaisser cette puissance d’émission. C’est un processus qui est en place depuis une décennie, selon Apple.
L’ANFR ne tient pas compte de cette particularité. Quand l’iPhone est testé, celui-ci ne détecte manifestement pas le support de mesure comme un corps humain et, de ce fait, il n’ajuste pas son niveau d’émission. L’interprétation des mesures est donc en partie inexacte, puisque ce n’est pas le comportement attendu de l’iPhone qui est observé.
Cette situation est accentuée par une autre particularité : l’ANFR a opté pour une mesure du DAS qui mobilise la pleine puissance d’émission d’un téléphone, afin de repérer le cas extrême. Or, ce cas extrême, s’il existe dans certaines situations, n’est pas le cas courant. Dans un usage quotidien, qui représente la très grande majorité des cas, le niveau d’émission est ponctuel et faible.
C’est dans cette divergence d’approche dans la mesure du DAS que réside le nœud du problème. Un nœud qu’Apple a choisi de résoudre, en optant pour l’option la plus simple : la fonctionnalité servant à détecter l’éloignement du corps ne sera plus proposée en France. De cette manière, l’iPhone 12 et les autres éviteront d’autres couacs lors des prochains tests.
(mise à jour avec la disponibilité effective d’iOS 17.1 et du communiqué de l’ANFR)
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