Il n’y aura probablement pas d’octogone entre Mark Zuckerberg et Elon Musk, mais les deux milliardaires ont toutes les raisons du monde de se détester. Agacé par le comportement du patron de Tesla et de SpaceX, et conscient des opportunités financières permises par sa gestion hasardeuse de Twitter, Mark Zuckerberg a lancé en juillet Threads, une application cousine d’Instagram, conçue pour faire « du micro-blogging positif ». Threads se rêve en anti-Twitter, en devenant l’endroit où les grands débats se passent, sans inciter les gens à la polémique. Son lancement n’a évidemment pas plu à Elon Musk, qui a pris le patron de Facebook pour cible.
Puisque le Twitter d’Elon Musk est clivant, les utilisateurs se sont précipités sur Threads à son lancement. L’application a dépassé les 100 millions d’inscrits en cinq jours, un record mondial pour un nouveau service. Mais progressivement, la hype est redescendue. En Europe, pour des raisons légales, Meta a même désactivé Threads. Une décision regrettable, qui prive une partie des utilisateurs les plus actifs de Twitter de sa meilleure alternative (même si Bluesky et Mastodon en profitent).
Le 25 octobre, à l’occasion de la présentation des résultats financiers de Meta, Mark Zuckerberg a donné des nouvelles de Threads. L’application continue d’attirer de nouveaux abonnés et reçoit la visite « d’à peine moins » de 100 millions de personnes chaque mois. Threads est encore un grand succès, contrairement à ce qu’affirme Elon Musk, qui prétend que plus personne ne l’utilise.
Threads vise le milliard d’utilisateurs
« Je pense depuis longtemps qu’il devrait y avoir une application de conversations publiques d’un milliard de personnes qui soit un peu plus positive » a déclaré Mark Zuckerberg le 25 octobre, en parlant de Threads. Selon lui, l’application est sur une « trajectoire » favorable. Meta a réussi son premier pari et doit maintenant convaincre les utilisateurs qui ne viennent pas de Twitter de s’inscrire sur Threads.
En comparaison aux 350 millions d’utilisateurs mensuels estimés de Twitter (le réseau social n’a plus publié de chiffres depuis longtemps, cette donnée a peut-être chuté depuis Elon Musk, peut-être progressé), Threads semble encore loin. Mais Threads a sa jeunesse pour se défendre, ainsi que son indisponibilité en Europe. Le jour où l’ensemble de l’Union européenne pourra basculer vers Threads, pour retrouver des échanges mondiaux avec les autres pays, Threads pourra alors relancer sa croissance. Rappelons que Twitter est un service lancé en 2006, renommé X en 2023 par Elon Musk.
Bluesky et Mastodon ont-ils des chances ?
En octobre 2023, le nombre d’utilisateurs mondiaux de Mastodon serait d’environ 8 millions utilisateurs. Bluesky, qui fonctionne encore sur un modèle d’invitations, est sans doute largement en dessous. Ces réseaux sociaux alternatifs, de plus en plus populaires en Europe, sont très loin de Threads. Ils réussissent néanmoins à attirer certaines communautés anciennement actives sur Twitter, ce qui leur donne de la vie (de nombreux journalistes français ont par exemple ouvert un compte Bluesky). Mais gare au phénomène de bulles. Le grand gagnant sera celui avec le plus d’utilisateurs, celui où les scoops apparaissent pour la première fois, celui qui est repris dans les grands médias. Pour l’instant, la bataille semble être X (Twitter) et Threads, avec une nette avance pour le réseau social d’Elon Musk, encore indispensable dans le monde de l’information.
En 2024, pour rattraper son retard, Threads promet de nombreuses améliorations. Support du fédivers (qui permettra aux utilisateurs de Threads de voir les publications de Mastodon, et réciproquement), meilleures intégrations à Instagram (pour attirer ses milliards d’utilisateurs) et arrivée des tendances, pour en faire une meilleure plateforme pour l’information. Évidemment, Threads vise aussi un lancement en Europe, mais il avance lentement sur ce point.
Le 27 octobre, Elon Musk fêtera son premier anniversaire à la tête de Twitter. Threads sera-t-il passé devant d’ici le second anniversaire ? Tout est possible dans la tech, mais le réseau social d’Elon Musk profite encore d’une belle avance. L’arrivée d’un abonnement obligatoire pourrait changer la donne.
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