Il faut s’imaginer l’ampleur. Moqué, y compris dans ces colonnes, pour le peu d’innovation qu’il apporte par rapport à l’iPhone dont il n’est qu’une copie géante, l’iPad est bien parti pour connaître un succès immense. Alors qu’il dévoilait jeudi l’iPhone OS 4.0, Steve Jobs a annoncé que 450 000 iPad avaient été vendus par Apple depuis sa sortie aux Etats-Unis la semaine dernière. C’est comme si chaque habitant d’une ville de la taille de Lyon (intra-muros) possédait déjà sa tablette tactile. On peut accuser Apple de tous les défauts du monde, mais la firme de Cupertino sait vendre ses produits comme personne.
La firme a aussi délivré 600.000 livres électroniques avec son service iBooks, ce qui devrait ravir les éditeurs qui vont voir dans Apple le même sauveur qu’avait vue en son temps l’industrie du disque lors de la sortie d’iTunes Music Store. On ne sait pas cependant combien de livres ont été effectivement achetés, puisque iBooks propose des milliers de livres libre de droit issus de la bibliothèque Gutemberg. De même, sur 4 millions d’applications téléchargées par les utilisateurs d’iPad, on ne sait pas encore combien étaient payantes.
Mais la star du jour lors du dernier keynote était bien l’iPhone, déjà vendu à 50 millions d’exemplaires. Apple essaye de battre le fer tant qu’il est encore chaud, et ne veut donc pas que l’iPad lui vole de trop la vedette. Comme prévu, Steve Jobs a donc dévoilé l’iPhone OS 4.0 qui donne enfin accès au multitâches. Il sera possible de passer d’une application à une autre (si elles sont prévues pour) en double tapant sur le bouton « home », ce qui fera apparaître une barre des tâches. Le nouveau logiciel apportera d’autres nouveautés, comme la possibilité d’organiser ses applications en dossiers de 9 icônes chacun, ou de regrouper ses messages en conversations dans « Mail » comme le fait Gmail.
Mais pour en profiter, à partir de l’été 2010, il faudra posséder au moins un iPhone 3GS. Les possesseurs d’iPhone 3G ou d’iPhone de première génération seront ainsi laissés sur le bas côté, sans doute en raison de la puissance insuffisante du processeur pour gérer plusieurs applications en même temps. Seules certaines fonctionnalités seront disponibles, mais pas le multitâches. L’iPad lui-même sera mis à jour vers l’iPhone OS 4.0, avec l’ensemble des ses fonctionnalités.
Apple a par ailleurs annoncé le lancement de sa propre régie publicitaire pour appareils mobiles, iAd, avec l’ambition clairement affichée de concurrencer Google sur son terrain. Steve n’a pas hésité à s’opposer à la stratégie de la firme de Mountain View, en assurant que la publicité serait plus rentable au coeur des applications que dans les recherches, à condition de la rendre attractive pour l’utilisateur. Il en a profité pour tacler une nouvelle fois Adobe, dont le format Flash (qui n’est pas supporté par l’iPhone/iPad) est actuellement leader dans l’affichage de publicités en ligne, en démontrant des publicités animées et interactives réalisées en HTML 5.
Enfin, Steve Jobs profite de l’iPhone et de l’iPad pour conquérir un terrain qui avait jusque là toujours fait défaut à Apple : le jeu vidéo. La firme va s’inspirer des Xbox Live et autres Playstation Network pour créer son « Game Center« , qui facilitera la création de parties multijoueurs avec ses amis et centralisera les scores et autres récompenses obtenues pendant les parties. Mais avec 50.000 jeux mobiles en catalogue, c’est surtout les parts de marché de la PSP de Sony et de la Nintendo DS qu’Apple espère titiller. D’autant que nombre de ces jeux seront un jour jouables sur le téléviseur d’Apple, si la rumeur est exacte.
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