Sortis en 2018, les HomePod de toute première génération embarquent des composants électroniques sensibles à l’usure et au temps — ce qui est tout à fait normal quand des pièces chauffent. Les changer pour prolonger la durée de vie de l’appareil ne pose aucun problème. Et pourtant, Apple ne le fait pas.

« Vous trouverez en pièce jointe une vidéo de votre HomePod en fonctionnement, avec plusieurs photos de l’ensemble du démontage à cœur ouvert, ainsi que la petite puce qui était défaillante (1746K) remplacée par la 2146K. On reconnait cette puce défaillante à ce numéro de batch : les 1746K ou 1748K sont toutes défaillantes un jour ou l’autre, alors dès que j’en vois une, elles sont remplacées même si l’appareil venait pour un autre souci. »

Ce message, que j’ai reçu à l’été 2023, n’a pas été envoyé par le service après-vente d’Apple. Non, c’est Donovan Weber, passionné d’électronique et d’Apple, qui s’est donné pour mission de réparer les HomePod de première génération. Une tâche qu’Apple refuse de faire. Même pour changer une pièce qui ne coûte que quelques centimes d’euros.

Apple, un SAV souvent exemplaire…

Avant toute chose, il convient de planter le décor. Le SAV d’Apple est sans nul doute l’un des meilleurs du monde. Contrairement à ce que le grand public voit à la télé et ce que racontent les thèses borderline conspirationnistes sur l’obsolescence dite programmée, on retrouve chez Apple une offre de réparations extrêmement complète et à des tarifs très souvent décents. En plus, ce SAV aux outils perfectionnés (lire notre reportage à ce sujet) garantit une réparation de vos appareils avec des composants officiels et dans les règles de l’art.

Étape 1 de Daisy. Son bras attrape ici un iPhone, avant de retirer ses vis et son écran. // Source : Numerama
Daisy, le robot recycleur d’Apple. Son bras attrape ici un iPhone, avant de retirer ses vis et son écran. // Source : Numerama

Je ne recommanderai jamais, à titre personnel, de passer par un tiers ou de tenter une réparation en solo d’un objet comme un iPhone, dont les composants sont si petits et si fragiles. De même, des composants sont authentifier pour garantir votre sécurité et celles de vos données. Enfin, les engagements de la marque pour l’environnement sont énormes, soumis à des contrôles tiers pour éviter toute accusation de green-washing et désormais inclus dans la promesse de vente d’un produit — certains comme l’Apple Watch allant jusqu’à être « carbone neutres ».

J’ai eu affaire plusieurs fois à ce SAV et à chaque fois, le travail était rapide, bien fait et honnêtement tarifé. Il m’a permis de prolonger la durée de vie d’un iPhone en remplaçant une batterie ou de sauver un Mac récalcitrant. Mais malheureusement, même chez Apple, les règles ont leur exception. Et je l’ai découverte à mes dépens.

… sauf quand il s’agit du HomePod

En France, j’ai été l’un des premiers à avoir un HomePod. Un voyage professionnel aux États-Unis début 2018 nous a permis d’acquérir un modèle américain et de proposer un test de la première enceinte connectée d’Apple dès sa sortie en France, à l’été de la même année. Depuis ce test, l’enceinte trône toujours dans mon salon et est tout à la fois ma source de musique principale et mon pont domotique pour contrôler mon appartement. Jusqu’à ce funeste jour de juin 2023, où le HomePod ne s’est tout simplement pas allumé.

Plus rien, pas un son, pas une réaction. Le beau cylindre est devenu un presse-papier. Après quelques vérifications et tentatives de le remettre à 0, je fais ce que j’ai toujours fait avec des produits Apple : un petit tour au SAV. Je prends rendez-vous à l’Apple Store et je me pointe quelques heures après, mon HomePod sous le bras. Un employé me le prend et retourne dans l’arrière salle pour avoir l’avis d’un technicien. Je suis encore confiant à ce moment-là, j’imagine que l’électronique d’une enceinte n’est pas celle, en nanomètres, d’un iPhone et qu’il sera facile de changer une pièce contre un petit billet de 100 €.

L’employé revient et je comprends à sa mine que l’expérience Apple ne va pas se passer comme prévu. Je retiens trois choses de cette interaction :

  • Mon HomePod est mort, mort de chez mort, il ne revivra pas.
  • Apple peut le prendre et m’en donner un de première génération (donc équivalent au mien) contre 279 €, plus commercialisé au moment des faits.
  • Apple peut me le laisser et m’offrir la chance d’acheter un HomePod de deuxième génération à 349 €.

Pour résumer, j’ai le choix entre un produit sorti il y a 5 ans et qui me coûtera près de 300 € ou un produit neuf à 350 €. Malgré mon insistance, Apple n’a proposé aucune option qui consistait à réparer mon HomePod.

Ma décision ? Partir, puis réfléchir. Et surtout, me renseigner.

Le HomePod mort-vivant, un problème connu

En quelques recherches sur le web, je me suis aperçu que les HomePod de première génération qui rendaient l’âme après un temps donné étaient légion. Tellement légion que des vidéos de réparation sont disponibles sur YouTube et qu’à peu près tout le monde identifie très clairement l’un des problèmes majeurs : une diode Schottky, coûtant quelques centimes, censée protéger les composants et qui, quand elle est HS, ne laisse plus passer du tout le courant. Le diagnostic est tout aussi simple, car cette diode cassée chauffe et il suffit de mettre sa main sur le bas du HomePod branché pour s’apercevoir que c’est effectivement le cas.

Apple aurait-il mal dimensionné son composant ? Peut-être. Mais le changer, avec les outils, bras robotisés et autres experts humains que possède le géant de la tech devrait être un jeu d’enfant. Sauf qu’il ne le propose pas et laisse donc ce business à des réparateurs indépendants. Donovan, derrière le site Celadonie.fr, s’est spécialisé dans la réparation des HomePod pour une centaine d’euros.

Sans connaissance en électronique et sans outil, le processus est long et complexe car le HomePod est plutôt bien collé et vissé. Une fois le tissu enlevé, il faut, pour accéder à la diode fautive, démonter toutes les parties plastiques et électroniques pour arriver à la carte qui se trouve tout en bas du HomePod. Impossible de prendre un raccourci, l’opération est un démontage quasi-complet, à la suite de quoi il faut savoir changer la pièce, soudée.

Mon HomePod en pleine opération de la dernière chance // Source : Donovan de Céladonie, réutilisation autorisée
Une HomePod en pleine opération de la dernière chance // Source : Donovan de Céladonie, réutilisation autorisée

Mais pour Donovan, qui a réparé plus de 250 HomePod, c’est devenu une routine. À peine reçu, mon HomePod se rallumait dans la journée après être passé sur le billard. Honnête, le réparateur ne facture rien (au-delà des frais de ports) si son opération ne fonctionne pas. Et il prouve, ce faisant, que contre une somme décente pour la technicité de l’opération, un HomePod de première génération est parfois réparable. Pour 179 € de moins et un bilan carbone bien moindre, que Donovan n’hésite pas à afficher en trophée sur son site, cet objet sorti en 2018 peut repartir de plus belle pour une longue vie.

Les statistiques sur Céladonie.fr
Les statistiques sur Céladonie.fr // Source : Céladonie.fr

Depuis plusieurs années, je m’efforce de faire réparer les objets techniques qui sont réparables et je me suis retrouvé de trop nombreuses fois face à des SAV proposant, au choix, une prestation au tarif exorbitant ou un échange pur et simple du produit. Nos objets techniques ne sont pas infaillibles et il faut vraiment être à côté de la plaque pour ne pas comprendre qu’un composant subit une usure normale — ne serait-ce que par la chaleur. Mais un composant mort ne doit pas condamner un objet.

Très souvent, j’ai fini par réussir à faire réparer mes objets en passant par des professionnels ou des passionnés qui prennent le relai, en ayant en tête cette idée qu’un objet qui ne fonctionne plus n’est pas forcément un objet cassé. Recycler, c’est bien, mais conserver ses objets le plus longtemps possible, c’est encore mieux. Je suis sûr que Mère Nature aurait apprécié avoir un Donovan Weber dans ses contacts.

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