Si les grands centres urbains ne rencontreront aucune difficulté pour être reliés à la fibre optique, la situation va s’avérer être beaucoup plus compliquée pour les zones moins densément peuplées, notamment dans les régions encore en zone blanche. Car si les grands opérateurs nationaux sont prêts à investir plusieurs milliards d’euros pour câbler les grandes villes, il n’est pas certains qu’ils dépensent autant d’argent avec le même enthousiasme pour les endroits isolés.
L’une des solutions envisagées par l’ARCEP, le gendarme des télécoms, serait de pousser les débits ADSL actuels. Pour y parvenir, l’autorité en charge des télécoms envisagerait de déployer de nouveaux répartiteurs téléphoniques afin que les zones grises profitent d’une vitesse plus importante. « Là où le déploiement du FTTH n’est pas prévu à court ou moyen terme, l’ARCEP estime que les solutions d’accès à la sous-boucle permettent d’apporter une montée en débit et peuvent donc être mises en œuvre rapidement, notamment par les collectivités territoriales« .
Cependant, l’Autorité de la concurrence a accueilli avec une certaine fraicheur les travaux menés depuis 2008 par l’ARCEP pour augmenter les débits. Dans un communiqué de presse, l’Autorité rappelle que son intervention dans ce dossier « a simplement pour vocation d’éclairer le gendarme des télécoms – qui reste en charge de la régulation – sur les enjeux concurrentiels que posent les projets de montée en débit« . En aucun cas son avis n’a une force réglementaire.
Pour l’Autorité, « le déploiement d’un nouveau réseau en fibre optique jusqu’à l’abonné est préférable » à la simple montée des débits ADSL. En effet, « la fibre est technologiquement plus performante et pérenne, et que le déploiement d’un nouveau réseau constitue une opportunité unique pour permettre aux opérateurs alternatifs de s’affranchir du réseau de l’opérateur historique » argumente-t-elle.
À l’inverse, « les solutions de montée en débit par la modernisation du réseau téléphonique présentent un double risque : d’une part, que les zones concernées n’aient finalement jamais accès au très haut débit (car les investissements de déploiement de la fibre optique s’en trouveront découragés), et d’autre part, qu’un monopole se reconstitue en faveur de France Télécom, réduisant à néant les efforts faits depuis 15 ans pour inciter les opérateurs à se livrer une concurrence par les prix et par les technologies, pour le plus grand bénéfice des consommateurs« .
Pour l’Autorité, il suffit de regarder la situation des pays européens dans ce domaine pour bien comprendre le risque que représente la montée en puissance des débits à travers la simple modernisation du réseau téléphonique. Une telle mesure ne doit survenir que dans des cas très spécifiques, où aucune autre solution ne peut être raisonnablement envisagée. Car c’est toute la dynamique concurrentielle qui est en jeu, dans ce domaine.
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