La puce M3 Max n’est pas faite pour tout le monde. Avec sa configuration de folie (architecture nouvelle génération en 3 nanomètres, CPU 16 cœurs avec 12 cœurs hautes performances, GPU 40 cœurs, NPU 16 cœurs, jusqu’à 128 Go de mémoire vive unifiée, jusqu’à 8 To de stockage), le nouveau MacBook Pro de 16,2 pouces est un appareil élitiste, conçu pour les vrais pros. Même si des produits comme les AirPods Pro ou l’iPhone 15 Pro entretiennent la confusion sur cette appellation, il est important de rappeler que tous les produits d’Apple ne se destinent pas à tous les utilisateurs et utilisatrices.
En 2023, Apple a rafraîchi deux fois sa gamme MacBook Pro. D’abord, en début d’année, avec des puces M2 Pro et M2 Max dans la continuité. Ensuite en novembre 2023, avec des modèles M3 (le tueur de Touch Bar !), M3 Pro et M3 Max plus disruptifs, qui introduisent au passage une nouvelle couleur très réussie. Numerama a testé le MacBook Pro 16 pouces dans une configuration à 4 849 euros (M3 Max, 48 Go de RAM), mais nous reviendrons aussi dans ce test sur la gamme entière, en comparaison aux MacBook Air M2.
Points forts
- Le meilleur ordinateur portable du marché
- La puissance de la puce M3 Max est démoniaque
- Un écran mini-LED 120 Hz d’exception
- Le noir sidéral est une jolie couleur
Points faibles
- Le noir sidéral n’est pas assez noir
- L’épaisseur et le poids en font un appareil peu taillé pour la portabilité
- La puce M3 Max consomme beaucoup de batterie
Le noir sidéral, la première réussite de cette nouvelle génération
Commençons par le plus simple, car non, il n’est pas facile de tester un ordinateur aussi puissant que le MacBook Pro M3 Max quand son quotidien consiste à faire de la bureautique et du rare montage de vidéos au format vertical. Le MacBook Pro édition novembre 2023 introduit une nouvelle couleur : le noir sidéral.
Dans la famille des MacBook Pro, le noir sidéral remplace presque le gris sidéral. Presque, parce que le modèle M3 sous les 2 000 euros conserve l’ancienne couleur. Les autres (M3 Pro et M3 Max) bénéficient tous du noir sidéral comme alternative à l’argent. Il s’agit d’une version plus foncée de ce qu’Apple proposait déjà dans ses ordinateurs depuis plusieurs années.
Après plusieurs jours avec le noir sidéral, nous pouvons enfin livrer nos conclusions sur cette nouvelle couleur qui, à notre humble avis, devrait progressivement se décliner dans tout le reste du catalogue Apple.
Tout d’abord, le noir sidéral n’est pas vraiment noir. Il s’agit d’un gris foncé sidéral, plus proche de la précédente couleur que du noir mat des MacBook de 2008. On le regrette d’un côté (un Mac vraiment noir aurait du charme), mais on comprend ce choix. Le noir foncé n’autorise pas les nuances dans les reflets, alors que le noir sidéral est une couleur plus belle à observer.
Ensuite, une des promesses du noir sidéral est sa résistance aux traces de doigts. Apple parle d’un « procédé chimique révolutionnaire » lié à l’anodisation, qui permettrait enfin d’avoir un Mac foncé qui ne salit pas plusieurs fois par jour. Le gris sidéral et le bleu minuit sont des couleurs sombres magnifiques, mais qui se salissent vraiment trop vite.
Ici, notre appréciation est plus mitigée. Il y a un progrès indéniable (particulièrement en comparaison au bleu minuit), avec des traces moins visibles, mais un appui sur le Mac avec son doigt suffit à laisser une belle trace de doigt. Ce qui change surtout est la facilité de nettoyage. Il faut parfois passer un chiffon humide sur du gris sidéral ou du bleu minuit pour le nettoyer, alors qu’un simple t-shirt fait l’affaire sur le noir sidéral. Notre avis est que le noir sidéral n’est pas une couleur anti-traces de doigts, mais surtout une couleur plus simple à nettoyer.
Bref, le noir sidéral est une réussite. C’est la couleur que l’on recommanderait sur un MacBook en 2023-2024, en espérant la voir débarquer ailleurs rapidement (iPad, MacBook Air, etc.). On aurait aimé une couleur plus disruptive (dans notre entourage, beaucoup n’ont pas remarqué qu’il s’agissait d’une nouveauté), mais la finition est à la hauteur de la réputation d’Apple.
M3 Max : des performances dignes d’une puce M1 Ultra dans un ordinateur portable
Attaquons la partie moins sexy de ce test : les benchmarks. On vous rassure, nous n’allons pas nous attarder sur ce point. Les benchmarks sont des mesures avec un véritable intérêt comparatif, mais ils reflètent mal les usages réels. On pense que les personnes qui ont besoin d’un MacBook Pro avec la puissance d’une puce M3 Max le savent déjà, et les autres peuvent sans doute se contenter d’un M3 Pro, voire d’un M3 (on en reparlera plus tard). Ce qui nous intéresse ici, c’est de mesurer les progrès d’Apple dix mois après avoir lancé ses MacBook Pro M2 Pro/Max.
Sur le papier, les puces M3 sont une drôle d’évolution. Elles sont majeures, du point de vue de la gravure (on passe de 5 nm à 3 nm, une première dans l’industrie des ordinateurs, alors que l’iPhone a inauguré la première puce 3 nm au monde en septembre), mais elles régressent sur certains aspects (moins de bande-passante mémoire, moins de cœurs hautes performances sur le M3 Pro…).
Un paradoxe à la Apple, qui se solde tout de même par des améliorations partout, grâce au bond en avant permis par la nouvelle architecture, notamment au niveau du CPU où la puce M3 Max fait aussi bien qu’une M1 Ultra (qui est censée être deux M1 Max reliées).
Geekbench 5 – Single Score | Geekbench 5 – Multi Core | Cinebench 2024 – Single Score | Cinebench 2024 – Multi Score | |
---|---|---|---|---|
M3 Max | 2 287 | 22 529 | 139 | 1 674 |
M3 Pro | – | – | – | – |
M3 | 2 209 | 10 353 | 140 | 589 |
M2 Ultra | 2 070 | 27 827 | 126 | 1 918 |
M2 Max | 2 061 | 15 821 | 121 | 1 050 |
M2 Pro | 1 958 | 15 072 | 122 | 782 |
M2 | 1 887 | 8 836 | 120 | 555 |
M1 Ultra | 1 781 | 22 541 | 114 | 1 624 |
M1 Max | 1 756 | 12 336 | 114 | 793 |
M1 Pro | 1 758 | 11 484 | 113 | 803 |
M1 | 1 749 | 7 719 | 114 | 509 |
Côté CPU, avec ses 16 cœurs (12 hautes performances + 4 économes en énergie), la puce M3 Max surpasse la puce M1 Ultra, qui en avait 20. Les progrès réalisés en moins de trois ans sont phénoménaux et montrent à quel point Apple domine l’industrie des processeurs ARM. La puce M3 normale, que nous avons pu tester avec l’iMac, est au niveau d’un M1 Pro. On ose imaginer la puissance de la future M3 Ultra, qui pourrait faire deux fois mieux que la M3 Max.
Du côté des performances graphiques, l’ajout de 2 cœurs pour le GPU (de 38 à 40) fait des miracles. La puce M3 Max atomise la puce M2 Max et, une nouvelle fois, flirte (ou fait mieux) que la M1 Ultra. La nouvelle architecture d’Apple est un vrai bond en avant, avec en tête l’univers du jeu vidéo (et c’est encore plus vrai en comparaison avec les anciennes machines Intel, qui équipent encore de nombreux professionnels).
Geekbench 5 – Metal | GFX Bench – Manhattan offscreen 1440 | Cinebench GPU | |
---|---|---|---|
M3 Max | 98 250 | 45 054 fps | 13 035 |
M3 Pro | – | – | – |
M3 | 34 658 | 11 543 fps | 3 693 |
M2 Ultra | 122 649 | – | 8 668 |
M2 Max | 83 050 | – | 5 851 |
M2 Pro | 52 691 | 21723 fps | – |
M2 | 30 385 | 10 227 fps | – |
M1 Ultra | 105 554 | 49 492 fps | 5 968 |
M1 Max | 58 927 | 30 776 fps | 4 425 |
M1 Pro | 41 593 | 17 021 fps | – |
M1 | 21 691 | 8 222 fps | 1 260 |
Quid des usages réels ? Comme indiqué plus haut, le testeur de ce MacBook Pro n’a pas besoin de la puissance du M3 Max au quotidien, c’est donc forcément difficile à dire. Pour le bien de ce test, nous avons exporté plusieurs projets Final Cut et Premiere Pro en 4K, à chaque fois en quelques secondes, là où un Mac M3 met plutôt 2 à 3 minutes. L’ère Intel est définitivement révolue, les Mac n’ont jamais été aussi puissants (et il est temps de changer si vous n’avez pas encore goûté aux puces Apple Silicon).
En contrepartie de cette puissance monstrueuse, la puce M3 Max consomme beaucoup de batterie. Par rapport au MacBook Air M2 que nous utilisions avant, c’est le jour et la nuit. Le Air finit la journée avec 50 % de batterie, le Pro tombe sous les 20 % en plein milieu de la journée lorsqu’il est trop sollicité. Mais cet ordinateur est fait pour être utilisé en tant que station de travail, relié à un écran la plupart du temps. La logique voudrait que les modèles M3 Pro et M3 soient beaucoup plus endurants.
La qualité des jeux vidéo est incroyable, mais il va falloir des titres populaires
Avec ses nouvelles puces M3, Apple mise beaucoup sur le jeu vidéo. Le ray-tracing est un des éléments mis en avant par la marque, puisque ses puces en sont désormais capables.
Ici, nous n’arrivons pas à nous faire un avis définitif. Techniquement parlant, les promesses sont là. L’exemplaire de Lies of P que nous a fourni Apple pour notre test est magnifique, avec des reflets et une gestion de la lumière parfaits, sur l’écran du Mac ou sur un téléviseur 4K. La fluidité est exceptionnelle et le rendu visuel, en plein écran, est splendide. Seul bémol, les ventilateurs tournent à plein régime dans cette configuration, alors qu’ils restent muets lors d’exportations 4K ou 8K.
Paradoxalement, des titres moins gourmands en ressources, comme Disney Dreamlight Valley, ne sont pas très fluides. La faute, sans doute, à une mauvaise optimisation. On en revient alors au problème principal du Mac : les jeux ne sont pas encore assez développés. Les Mac M3 Max sont probablement plus puissants que la plupart des PC gaming, mais les développeurs ne sont pas encore là. Sans des titres comme FC 24 ou Fall Guys, un Mac ne sera jamais crédible au même titre qu’un PC pour les joueurs. Au lieu de tout miser sur la qualité graphique, Apple devrait tenter de ramener les jeux les plus populaires, afin de faire du Mac une alternative crédible aux consoles pour les gens qui jouent à des titres simples, avant de s’attaquer au marché des joueurs pro.
Dans les prochains mois, Apple mise sur un outil capable de convertir un jeu PC en un jeu Mac pour séduire les développeurs. Son effort pourra être jugé à terme.
L’écran du MacBook Pro est toujours un délice pour les yeux
Liquid Retina XDR avec technologie ProMotion, voici le nom donné par Apple à l’écran de son MacBook Pro. L’art du marketing est maîtrisé depuis longtemps par la marque californienne, qui réussit à rendre sexy un terme technique qui l’est moins. Il faut dire qu’il serait moins facile de mettre en avant un écran mini-LED 120 Hz.
Quoi qu’il en soit, et nous l’avions déjà dit en 2022, l’écran des MacBook Pro d’Apple est sans doute un des plus beaux du marché de l’ordinateur portable. Ultra lumineux (des pics jusqu’à 1 600 nits, avec une amélioration sur le rendu SDR cette année), 10 216 mini LED réparties sur 2 554 zones, ce qui permet de donner l’impression d’avoir un écran OLED avec du noir vraiment noir, une fluidité d’exception… On recommande le MacBook Pro à des gens qui n’ont pas besoin de sa puissance rien que pour son écran. Le mini-LED n’est pas aussi spectaculaire que l’OLED, mais la différence est peu visible. En comparaison avec la dalle LCD classique du MacBook Air (une seule dalle pour le rétroéclairage), le MacBook Pro est incroyable.
Seul bémol propre au modèle de 16 pouces : l’épaisseur et le poids. Le MacBook Pro 16″ est un trop gros bébé pour être un vrai écran de cinéma portable, alors que le MacBook Air 15″ l’est. Ici, la version 14 pouces du MacBook Pro apparaît comme un meilleur compromis, puisqu’elle ne pèse pas trois tonnes et dispose aussi d’un écran mini-LED.
Tant qu’on y est, n’oublions pas l’autre point fort du MacBook Pro sur le MacBook Air : ses ports. Les Air M2 se contentent de deux ports USB-C/Thunderbolt et un MagSafe, notre Pro M3 Max a le droit à trois ports USB-C/Thunderbolt, un port HDMI, un slot carte SD et un MagSafe. En fonction de votre métier, cela peut être pratique. Il est évidemment compatible Wi-Fi 6E, comme son prédécesseur.
Le MacBook Pro 14″ avec une puce M3 : le meilleur ordinateur Apple ?
En novembre 2023, Apple propose des MacBook Air M2 (13,6 et 15,3 pouces) avec un écran LCD et des MacBook Pro M3 (14,2 et 16,2 pouces) avec un écran mini-LED, plus de ports et, surtout, une puce de dernière génération.
Quel Mac choisir à Noël ? Si le modèle 16 pouces M3 Max nous semble beaucoup trop puissant, trop épais, trop lourd et trop cher pour la plupart des utilisateurs, l’arrivée d’un modèle 14 pouces M3 à moins de 2 000 euros nous semble la meilleure affaire du moment. À ce prix, on perd un port USB-C, mais on conserve tous les autres avantages, avec une autonomie encore plus élevée. Le MacBook Pro 14″ est à la fois une bonne alternative au MacBook Air 13″ et au MacBook Air 15″.
Pourquoi avoir lancé des puces M3 dans les MacBook Pro avant les MacBook Air ? La réponse est sans doute logistique. TSMC, le sous-traitant d’Apple, est le seul à savoir graver des puces en 3 nm pour l’instant. Sa chaîne de production est 100 % réservée à Apple, qui l’utilise pour ses puces A17 Pro, M3, M3 Pro et M3 Max. On imagine que le MacBook Air se vend dans des proportions trop grandes, ce qui aurait pu poser des problèmes de pénurie.
En attendant des MacBook Air M3 que l’on espère rafraîchis (on peut toujours rêver du mini-LED, mais on y croit peu), le MacBook Pro est, de très loin, le meilleur ordinateur portable d’Apple.
Le verdict
Apple MacBook Pro 16 M3 (2023)
Voir la ficheOn a aimé
- Le meilleur ordinateur portable du marché
- La puissance de la puce M3 Max est démoniaque
- Un écran mini-LED 120 Hz d’exception
- Le noir sidéral est une jolie couleur
On a moins aimé
- Le noir sidéral n’est pas assez noir
- L’épaisseur et le poids en font un appareil peu taillé pour la portabilité
- La puce M3 Max consomme beaucoup de batterie
Prix et disponibilité des MacBook Pro avec une puce Apple M3
Les nouveaux MacBook Pro avec une puce M3, M3 Pro et M3 Max sont disponibles à partir du 7 novembre 2023. Les prix commencent à 1 999 euros pour la version 14″ M3. Le modèle 16″ M3 Max de ce test démarre à 4 229 euros. Il existe une version M3 Pro, moins chère, à 2 999 euros.
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