De toute évidence, l’armée américaine s’attend à beaucoup d’imagination de la part de ses compétiteurs, pour développer la militarisation de l’espace. Un rapport des services de renseignement a cherché à imaginer l’évolution des satellites offensifs durant la prochaine décennie. Les hypothèses développées flirtent avec l’imagerie de la science-fiction.
Le rapport, mentionné dans les colonnes du New York Times le 8 novembre, a été cité par le sergent-major chef Ron Lerch, qui officie au sein de la Space Force. C’est la branche de l’armée américaine en charge de la planification et de la conduite des opérations militaires dans l’espace — qui débute officiellement à 100 km d’altitude (ou 80 km, selon l’Amérique).
Des lasers, des brouilleurs, des produits chimiques…
Au cours des dix années à venir, on devrait assister au déploiement de satellites capables de brouiller des radiofréquences, pour les rendre sourds et muets. Il y aura aussi des satellites susceptibles de projeter des composés chimiques — dont la nature n’est pas renseignée. Enfin, il y aura aussi des satellites dotés de systèmes pour tirer des lasers.
Ici, il ne s’agira pas de faire du Star Wars en projetant des rayons destructeurs pour faire exploser une cible, mais d’aveugler les capteurs optiques pour empêcher un satellite d’observer quoi que ce soit. À terme toutefois, on pourrait voir des satellites être brûlés ou abîmés, mais cela nécessitera d’avoir assez d’énergie avec le « tireur » pour délivrer un tir assez puissant.
Tout cela viendra en plus des capacités anti-satellitaires développées sur Terre : le piratage informatique, la frappe de missile, le brouillage des signaux ou le tir d’un laser. Par le passé, il a aussi été question d’octroyer aux satellites la capacité de faire feu, en leur donnant des sortes de mitrailleuses, ou bien d’en faire des rampes de lancement pour des missiles guidés.
Ron Lerch souligne que l’armement dans l’espace est déjà en cours. « Nous savons qu’il existe des engins de mort cinétiques », a-t-il dit au New York Times, en citant ce que ferait la Russie. Il y a des satellites qui marchent comme des « poupées russes » : un gros satellite en libère un plus petit, qui lui-même libère un projectile inerte ou une charge à projeter contre une cible.
Un autre développement préoccupant est la mise au point d’engins spatiaux qui pourraient lancer des filets sur des satellites, ou un grappin pour s’y accrocher — là encore, pour l’endommager, le désorbiter, le pirater ou bien le capturer. Les pistes sont variées pour affaiblir les capacités d’un autre pays — cela, alors les sociétés dépendent énormément de l’espace aujourd’hui.
Le risque de rendre l’espace impraticable
L’arsenalisation de l’espace, et plus particulièrement des satellites, fait face à une contrainte : les armes cinétiques (projectiles, missiles, bombes, armes à feu, etc.) sont susceptibles de provoquer un nuage de débris autour du satellite visé, pouvant ensuite se disperser sur plusieurs orbites, et à des vitesses considérables. Et, dans le pire des cas, entraîner une réaction en chaîne.
Cette stratégie est périlleuse, car elle peut même menacer les autres satellites du pays qui a ouvert le feu en premier. C’est pour cela que les initiatives menées par l’Inde ou la Russie ont fait l’objet de critiques publiques, parce qu’elles entraînent des problèmes pour tout le monde. L’équipage de la Station spatiale internationale a ainsi dû bousculer son quotidien, par sécurité.
C’est pour cela que des approches alternatives sont mises en place. Le brouillage, le laser, le piratage informatique, le brouillage ou la capture sont autant de méthodes qui permettent d’atteindre la même finalité, sans pour autant rendre l’espace moins praticable. Cela demande toutefois le développement de capacités spécifiques, pas forcément aussi « faciles » que le tir d’un missile.
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