Le créateur de Kazaa, Niklas Zennstörm, était en France la semaine passée pour promouvoir son service de VoIP Skype aux journées internationales de l’IDATE. Provocateur mais réaliste, Zennstörm a annoncé la mort des prises téléphoniques, et appelé les industries du disque et des télécoms à changer leurs modèles économiques.

Les opérateurs de téléphonie vendent des minutes de conversation comme l’industrie musicale vend des disques. Plus l’on consomme en volume, plus l’on paye. Cette logique économique se tient parfaitement dans le monde traditionnel mais les consommateurs de l’ère Internet sont passés à l’âge de l’accès. L’on ne paye plus pour un service ou un bien, mais pour avoir le droit d’accès illimité à ce service ou à ce bien.

L’âge de l’accès, dont l’on sous-estime sans doute les implications sociales (lire à ce propos l’ouvrage prophétique de Jeremy Rifkin), est celui des réseaux, et du réseau des réseaux. Même si le modèle dominant de la musique en ligne reste celui d’Apple et de ses titres vendus 0.99€ l’unité, les systèmes sur abonnements comme ceux de Napster ou de Rhapsody vont rapidement prendre le dessus, aidés par la technologie DRM Janus de Microsoft qui permet d’emmener partout avec soi la musique que l’on a téléchargé légalement grâce à un droit d’accès illimité mais temporaire au catalogue de la plateforme.

En téléphonie, le mode de paiement par minutes consommées est lui aussi révolu. C’est en tout cas la prédiction faite par Niklas Zennstörm, créateur de Kazaa aujourd’hui reconverti dans la voix sur IP (VoIP) avec sa société Skype Technologies, qui offre avec Skype un outil permettant de téléphoner sans limite de temps. « Les opérateurs télécoms vont avoir beaucoup de mal, dès l’année prochaine, à faire payer pour des appels téléphoniques« , indique Zennstörm sur Internet Actu. « Si vous observez l’évolution des revenus, vous voyez que les revenus du téléphone fixe diminuent, mais très lentement, car c’est compensé par les appels de fixes vers mobiles. Mais les revenus du haut débit, eux, augmentent considérablement, dans une proportion bien supérieure au déclin des revenus fixes« . Plus le public sera relié à Internet et prendra conscience de l’avantage de la VoIP, plus la téléphonie classique facturée au volume disparaîtra.

Entre industrie du disque et industrie des télécoms, la problématique est la même, comme l’explique Niklas Zennström :

« [Si] vous comparez le nombre de chansons achetées sur iTunes au nombre de fichiers échangés en P2P, vous voyez que c’est totalement négligeable. C’est une bonne chose d’avoir ces services payants, mais cela ne fera pas disparaître le P2P.Le P2P existe et ne disparaîtra jamais. L’industrie du disque doit faire avec, et trouver de nouveaux modèles pour gagner de l’argent autour de ça. C’est la démarche que nous avons adopté pour Skype : vous ne pouvez plus faire payer pour des appels téléphoniques, donc il faut vendre des services complémentaires.« 

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