Le 13 novembre à 5h38 du matin, il y avait 2 millions et 187 personnes inscrites sur Bluesky. La preuve que le réseau social décentralisé est de moins en moins vide, comme la migration de nombreux adeptes de Twitter l’a prouvée.
Cependant, tout est une question d’échelle. Le cap des 2 millions d’inscrits est beau symboliquement. Cependant, il doit être mis en perspective avec les autres réseaux sociaux et leurs propres méthodologies de recensement. En l’état, même si 2 millions de personnes ont répondu à des invitations, Bluesky reste une minuscule bulle dans l’océan qu’est Internet.
Bluesky est aussi communautaire que petit
Première chose importante : Bluesky n’a pas 2 millions d’utilisateurs actifs, mais 2 millions d’inscrits. Cette manière de calculer ne correspond pas aux codes de l’industrie, qui compte habituellement en DAU ou MAU (Daily/Monthly Active Users). La seule exception récente est Threads qui avait revendiqué 100 millions d’inscrits en cinq jours, mais qui communique désormais sur ses utilisateurs actifs mensuellement. Quatre mois plus tard, Threads est utilisé par 100 millions de personnes tous les mois, ce qui veut dire qu’il en a perdu plusieurs millions sur la route (puisque la courbe des inscrits a continué de progresser).
Quel est l’utilisation réelle de Bluesky ? L’entreprise annonce que 160 000 de personnes publient du contenu quotidiennement sur le site, soit une augmentation de 60 % depuis le premier million d’inscrits. Voyez-vous le problème ? La courbe n’est pas exponentielle. Le second million est moins actif que le premier, ce qui peut facilement laisser penser qu’il y a beaucoup moins de 2 millions qui se rendent régulièrement sur Bluesky. Beaucoup ont voulu des invitations par curiosité, mais n’ont pas basculé.
Et X dans tout ça ? Un article de Numerama publié en octobre pour le premier anniversaire d’Elon Musk à la tête de Twitter révélait qu’il n’avait jamais été aussi difficile de déchiffrer les statistiques de l’entreprise. Elon Musk et ses sbires se contredisent, exagèrent, changent de méthodologie constamment et rendent impossibles les comparaisons. Twitter revendique 550 millions d’utilisateurs mensuels et 250 millions d’utilisateurs au quotidien, même si la réalité est sans doute plus proche des 225 millions d’utilisateurs quotidiens, soit une baisse depuis son arrivée. Quoi qu’il en soit, face à l’ogre Twitter, Bluesky est minuscule. Elon Musk a d’ailleurs souvent dit que 2 millions de personnes rejoignaient le réseau social chaque semaine depuis son arrivée. C’est une nouvelle fois difficile à vérifier, mais cela aide à voir que Bluesky n’est pas une menace pour lui.
Et Mastodon ? En octobre 2023, l’autre réseau décentralisé dépassait les 8 millions d’inscrits, pour un peu moins de 2 millions d’utilisateurs actifs. Même avec quatre fois plus d’utilisateurs que Bluesky, le mammouth est peu crédible face à Twitter ou Threads.
Pourquoi Bluesky a l’air si vivant ?
Se pose alors une question : pourquoi les personnes qui ont quitté X pour Bluesky ont-elles autant l’impression de revivre ? Pourquoi le taux d’engagement sur Bluesky semble-t-il plus grand que sur Twitter, malgré ses centaines de millions d’utilisateurs en moins ?
La réponse la plus évidente est sans doute un phénomène de bulle communautaire. Par exemple, la proportion d’utilisation de Bluesky chez les journalistes anciennement sur Twitter est sûrement très supérieure à la moyenne d’utilisation de Bluesky chez les autres utilisateurs de Twitter. Même chose chez les fans de nouvelles technologies. Conséquence immédiate : il est plus facile de briller au milieu d’autres journalistes et geeks sur Bluesky, puisque la probabilité que la publication intéresse les inscrits est plus grande.
Bluesky présente indéniablement des avantages pour le débat, mais aura-t-il un jour la capacité d’information de Twitter ? Pour le savoir, il faudra attendre la fin du système d’invitations. Si Bluesky grandit aussi exponentiellement que Threads, alors peut-être qu’il aura ses chances. Autrement, la guerre sera entre Twitter et Meta. Autre question : l’arrivée de Threads en Europe peut-elle éclipser Bluesky ?
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