Rebondissement chez OpenAI, l’entreprise qui gère ChatGPT : Sam Altman quitte son poste de PDG. Ou plutôt, il est évincé par le conseil d’administration, a-t-on appris ce 17 novembre 2023. Son départ « fait suite à un processus d’examen délibéré par le conseil d’administration, qui a conclu qu’il n’était pas toujours franc dans ses communications avec le conseil d’administration, ce qui a empêché ce dernier d’exercer ses responsabilités ». Le conseil d’administration « n’a plus confiance en sa capacité à continuer à diriger OpenAI », peut-on lire sur le blog d’OpenAI, qui met en avant une « transition dans le leadership ».
Les raisons exactes ne sont pas connues pour l’heure. Quoi qu’il en soit, Mira Murati va prendre la suite (par intérim) de Sam Altman, et ce « immédiatement ». Compte tenu de son parcours solide au sein d’OpenAI, où elle a exercé des fonctions déterminantes dans le succès de ChatGPT, cette nomination semble couler de source. Voici qui est cette ingénieure, maintenant à la tête de l’une des entreprises tech les plus puissantes du monde.
Mira Murati, de directrice de la technologie à n°1 d’OpenAI
De formation, Mira Murati est ingénieure en génie mécanique. Elle est diplômée du Dartmouth College — une université américaine faisant partie de l’Ivy League, connue pour ses critères d’excellence (et son élitisme).
Après un passage chez Zodiac Aerospace, Leap Motion (entreprise de VR où elle était chargée d’implémenter l’IA) et Tesla, c’est en 2018 qu’elle rejoint OpenAI. Elle est alors vice-présidente du département de l’IA appliquée, la branche qui consiste à passer l’intelligence artificielle du théorique (les tests en laboratoire) à son usage en conditions réelles. En 2022, elle est promue CTO (Chief Technical Officer), c’est-à-dire directrice de la technologie. Elle dirige alors les travaux de recherche sur ChatGPT, Dall-E ou encore Codex. Elle avait par ailleurs pour rôle de superviser la distribution de ChatGPT.
À 34 ans, elle est dorénavant n°1 d’OpenAI. Sur le blog, lors de l’annonce du renvoi de Sam Altman et de la nomination de Mira Murati, l’entreprise la définit ainsi : « Membre de l’équipe dirigeante d’OpenAI depuis cinq ans, Mira a joué un rôle essentiel dans l’évolution d’OpenAI en tant que leader mondial de l’IA. Elle apporte un ensemble de compétences uniques, une compréhension des valeurs, des opérations et des activités de l’entreprise, et dirige déjà les fonctions de recherche, de produit et de sécurité de l’entreprise. » Avant de vanter ses mérites : « Compte tenu de sa longue expérience et de son engagement étroit dans tous les aspects de l’entreprise, y compris son expérience en matière de gouvernance et de politique de l’IA, le conseil d’administration estime qu’elle est particulièrement qualifiée pour ce rôle et prévoit une transition en douceur pendant qu’il procède à une recherche formelle d’un PDG permanent. »
Mira Murati sur l’IA : elle est favorable à la réglementation
Concernant risque de désinformation posé par l’IA, en raison des « hallucinations » de ChatGPT (quand il affirme vraie une information fausse), Mira Murati déclarait en interview pour Bloomberg qu’il « faut être conscient et savoir que l’on ne peut pas se fier aveuglément à ce que la technologie fournit comme résultat ». Quant aux droits d’auteur, et aux bouleversements dans le monde du travail, elle répond qu’il y aura « des emplois perdus et des emplois qui seront modifiés à mesure que l’IA continuera à progresser et à s’intégrer dans le monde du travail ». Du côté des adaptations, elle semble voir un bel avenir dans le métier de prompt engineer. Selon elle, il revient aussi aux institutions de se préparer à ces changements.
Elle estime par ailleurs qu’il faut mettre « des freins et des contrepoids » à l’IA, notamment pour certains publics vulnérables tels que les enfants, car « nous ne sommes qu’au début, et ne comprenons pas encore toutes les façons dont cela peut affecter les gens ». Ce n’est pas la première interview où Mira Murati mentionnait sa vision d’une IA ayant besoin d’être régulée.
Pour AP, elle déclare que ces systèmes « doivent être réglementés » et qu’il faudrait « faire davantage » en la matière. « Les régulateurs gouvernementaux devraient évidemment être très impliqués. »
Auprès de Bloomberg, elle estime potentiellement « utile » la création d’une « sorte d’autorité de confiance capable d’auditer ces systèmes sur la base de certains principes sur lesquels on s’accorde ». Si elle affirme que l’IA est perçue chez OpenAI comme « la technologie la plus importante jamais créée par l’humanité », elle semble estimer aussi que le phénomène d’accélération est un « risque significatif », et que notre société doit « s’attaquer à la construction de systèmes d’IA sûrs », ce qui est « complexe », « incroyablement difficile » selon elle.
Son objectif reste, dans tous les cas, comme elle le dit dans une conférence pour le Wall Street Journal, « de rendre ces technologies le plus largement accessible que possible ». Durant cette intervention, elle précise qu’OpenAI vise des modèles « moins chers » et « plus rapides ».
Reste à savoir quel impact aura ce changement de leadership pour la stratégie d’OpenAI. Une continuité, avec un changement peu visible de l’extérieur, ou bien une évolution majeure dans la façon de concevoir et distribuer ChatGPT ? La question se pose d’autant plus qu’arriveront bientôt les « GPT personnalisés », nouveau chapitre pour ChatGPT.
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