Faut-il apporter du crédit à des théories du complot sur Twitter ? La réponse est bien évidemment non, particulièrement quand elles sont relayées par l’entourage d’Elon Musk (qui est hostile à OpenAI et Sam Altman). Ceci dit, dans le cadre d’un « coup » orchestré par le conseil d’administration d’une entreprise, il est peu étonnant de voir les internautes se transformer en enquêteurs.
Le licenciement surprise de Sam Altman par le board d’OpenAI fait l’objet de nombreuses théories, alors que le conseil d’administration peine toujours à justifier sa décision quatre jours plus tard et que la quasi-totalité des employés menacent de démissionner… Au risque de provoquer l’implosion d’une entreprise valorisée 90 milliards de dollars quelques jours plus tôt.
Depuis le départ de Sam Altman, un nom circule beaucoup en ligne : celui d’Adam D’Angelo. Qui est-il ? Pourquoi est-il pris pour cible ? Retour sur la théorie qui oppose Quora à OpenAI.
Adam D’Angelo, un membre du CA qui n’aimait pas Sam Altman ?
Ancien camarade de Mark Zuckerberg, Adam D’Angelo a commencé sa carrière chez Facebook avant qu’il ne devienne un réseau social mondialement connu. En 2009, il a ensuite fondé Quora, une plateforme où les utilisateurs posent des questions et où d’autres peuvent leur répondre. Une sorte de pré-ChatGPT sans intelligence artificielle.
Justement, c’est ce lien qui interroge. Avec ChatGPT, OpenAI pourrait théoriquement détruire Quora. Pourquoi attendre la réponse d’un internaute en ligne, si une IA peut dire la même chose, en plus détaillé, en quelques secondes ?
Le 3 février 2023, Adam D’Angelo avait annoncé « Poe », un système de bots pour Quora, alimenté par les modèles d’OpenAI. C’est sur ce système qu’il mise beaucoup pour relancer son entreprise, avec des bots spécialistes de sujets. Malheureusement pour lui, l’annonce des GPTs par Sam Altman a rendu Poe obsolète. Il se murmure que Sam Altman aurait oublié de prévenir Adam D’Angelo en amont — alors que le patron de Quora est plutôt connu pour son approche prudente vis-à-vis de l’IA. De quoi fâcher les deux hommes ?
Une seule chose est sûre : le conseil d’administration d’OpenAI s’est bien retourné contre Sam Altman. La dernière lettre du CA, qui confirmait que Sam Altman ne reviendrait pas, était signée par quatre noms : Adam D’Angelo, Helen Toner, Ilya Sutskever et Tasha McCauley. Ilya Sutskever s’est depuis excusé, en indiquant qu’il avait fait le mauvais choix, mais les trois autres n’ont pas parlé. Aux dernières nouvelles, Adam D’Angelo peut bel et bien être celui qui a entamé la fronde contre Sam Altman, même si rien ne le prouve formellement.
Adam D’Angelo est-il victime d’un acharnement non justifié ?
Reste à savoir pourquoi Adam D’Angelo se comporterait ainsi. La vengeance a bon dos, mais détruire OpenAI juste pour sauver sa propre entreprise serait un très mauvais pari, au vu du potentiel monstre d’OpenAI. D’Angelo pourrait juste vouloir causer du tort à Sam Altman, mais est-ce une raison suffisante pour sacrifier 90 milliards de dollars et 770 employés ? Rappelons aussi que d’autres théories ont circulé ce week-end et qu’Adam D’Angelo pourrait être ciblé pour rien.
Si Adam D’Angelo est resté muet pour l’instant, il a retweeté le message d’Amjad Masad, un de ses amis qui prend sa défense. « L’idée qu’il est devenu fou ou qu’il est vindicatif à cause d’un chevauchement de fonctionnalités ou de toute autre rumeur semble tout simplement erronée. Il vaut mieux s’abstenir de tout jugement jusqu’à ce que l’on dispose de plus d’informations. » indique-t-il, alors que Twitter et plusieurs employés d’OpenAI s’acharnent sur son nom depuis le renvoi de Sam Altman.
Sous ce tweet, on trouve une réponse d’Elon Musk, qui exige une déclaration officielle d’Adam D’Angelo. La présence de Musk dans ce débat, qui appelle indirectement tous ses fans à s’acharner contre D’Angelo, incite encore plus à la prudence. Internet aime avoir un bourreau et Elon Musk aime être lié au chaos. Même si Adam D’Angelo a participé au complot contre Sam Altman, il ne mérite peut-être pas cet acharnement.
Une seule chose est sûre : le fonctionnement d’OpenAI est mauvais. Le comportement de son conseil d’administration n’est pas digne d’une pépite de la tech et plusieurs alertes auraient dû être déclenchées plus tôt pour éviter la catastrophe. Si Sam Altman revient et que le conseil d’administration démissionne, l’entreprise devra envisager d’importants changements, peut être en laissant plus de contrôle à Microsoft. En attendant, Elon Musk et son entourage se frottent les mains, en prédisant la disparition totale d’OpenAI d’ici 12 mois (et donc l’avènement de Grok, son concurrent). Là aussi, c’est peut-être exagéré.
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