L’intelligence artificielle vient à la rescousse de l’enseignement en France. C’est en tout cas l’un des leviers retenus par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, dans le cadre d’un grand plan présenté le 5 décembre 2023. Objectif affiché par le ministre : provoquer un « choc des savoirs », afin d’élever le niveau des élèves, jugé aujourd’hui trop insuffisant.
Le plan de Gabriel Attal, qui a pris ses fonctions le 20 juillet, s’organise autour de trois axes (mieux soutenir nos professeurs, adapter l’organisation des enseignements aux besoins de chaque élève, rehausser le niveau d’exigence et d’ambition pour tous les élèves) et sur un calendrier qui s’étalera jusqu’à 2026. Mais pour l’IA, le plan se déclenchera tôt.
De l’IA pour faire du soutien scolaire
Sur le papier, MIA Seconde doit servir à la maison, quand les jeunes entrent au lycée, pour les aider à rattraper leur retard sur des notions censées être acquises. Elle viendra en complément des cours donnés en classe.
Le gouvernement souhaite en effet déployer dès l’année scolaire 2023-2024 un outil de soutien scolaire basé sur l’intelligence artificielle. L’application va se focaliser, dans un premier temps du moins, sur la maîtrise du français et des mathématiques. Une première vague de 200 000 élèves en classe de seconde sera éligible à ce logiciel, à partir de février 2024.
MIA Seconde est référencée sur Google Play et l’App Store pour les systèmes d’exploitation Android (à partir de 4.4) et iOS (à partir de 9.0). Elle est aussi compatible avec iPadOS 14 et versions supérieures, ainsi que Windows 7, 8.1 et 10, et MacOS X 10.11. Windows 11 n’est pas renseigné, mais l’outil peut aussi être utilisé sur navigateur (Chrome, Firefox, Edge, Safari).
Particularité de MIA Seconde : son système de mode. Il en existe quatre (solo, duo, playlist, atelier), chacun ayant un rôle spécifique. Le premier consiste à fournir un parcours personnalisé par l’IA pour un élève. Le second favorise le travail en binôme. Les deux derniers permettent d’impliquer le professeur dans la sélection des tâches, que ce soit en classe ou à distance.
L’application fournit aussi des guides en vidéo (elle en revendique plus de 300), des ateliers collaboratifs ainsi que des exercices autocorrigés. L’objectif est de pouvoir cibler les points faibles et les points forts d’un élève, et aussi mieux permettre aux enseignants de savoir où mettre l’accent en classe, notamment en cas de suivi plus individualisé.
Parmi les modules que MIA Seconde gère pour le français, on trouve l’orthographe, la syntaxe, le lexique, le verbe, la logique, la compréhension ou encore la lecture et l’aide à l’écriture. Du côté des mathématiques, les modules couvrent l’espace et la géométrie, les notions de fraction, de pourcentage et de proportion ou encore le sens des nombres.
C’est quoi, une app souveraine ?
L’application sera gratuite et surtout « souveraine », fait savoir le ministère de l’Éducation nationale. Dénommée MIA Seconde, elle a été bâtie « avec des chercheurs et des enseignants » et est la « propriété » du ministère, précise le ministère. Dans le détail, MIA Seconde est surtout une solution proposée par EvidenceB, une « edtech » née en 2017.
EvidenceB est le fruit de la rencontre entre une professeure, un entrepreneur et un ancien responsable de Microsoft en charge des partenariats éducatifs. La société compte une trentaine d’employés dans ses rangs, dont des développeurs et des spécialistes de la donnée. Outre Mia Seconde, on trouve cinq projets, toujours liés à l’IA, qui ciblent le lycée, le collège et l’école primaire.
L’ambition d’EvidenceB est de « développer de nouveaux modules d’apprentissage adaptatifs au bénéfice de l’ensemble des systèmes éducatifs », en mobilisant les avancées en matière de sciences cognitives et en IA pour ouvrir « de nouvelles possibilités pour faciliter l’acquisition des connaissances et des compétences pour chaque élève. »
Une application pour un demi-million de jeunes
Le reste des élèves de classe de seconde y aura droit à la rentrée suivante, soit à partir de septembre 2024. Cela concernera au total aux alentours de 560 000 élèves (statistique du ministère datant 2018, réunissant les chiffrés du public et du privé). Le ministère n’a pas évoqué une éventuelle extension de ce programme aux classes de Première et de Terminale.
Les conditions de déploiement de MIA Seconde dès février ne sont pas claires, mais le ministère prévoit de proposer l’application dans plusieurs académies. Ce pas est en tout cas un motif de satisfaction : la France, avec cette initiative, deviendrait « le premier pays au monde à généraliser à l’ensemble d’une classe d’âge un outil d’élévation du niveau fondé sur l’IA. »
Il reste dorénavant de passer de la théorie à la pratique. En effet, le calendrier est serré pour un projet jeune — elle était encore en phase de test du prototype (version bêta) entre avril et juin, suivie d’une autre phase pilote démarrée début octobre. De fait, l’annonce faite par Gabriel Attal le 5 décembre ne laisse plus que deux à trois mois avant un premier vaste déploiement.
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