Nous avons rencontré Serge Grygorowicz, le PDG de RB3D à l’occasion d’un rendez-vous organisé par InnoRobo, la plus importante rencontre de la robotique française. Au détour de la présentation des grandes tendances qui feront la robotique de demain, cet ingénieur passionné a dévoilé quelques éléments du futur des développements de son entreprise.
Fondée en 2001 par son actuel PDG, cette entreprise est d’abord celle de plusieurs ingénieurs passionnés qui croient fermement aux technologies qui changent le monde. Et parmi celles-ci, RB3D a longtemps considéré les exosquelettes comme un pivot pour faire rentrer les robots dans le quotidien des humains, que ce soit au travail ou dans l’armée. Si bien que l’entreprise a rapidement été mise en lien avec l’armée française, pour laquelle elle a développé les exosquelettes Hercule.
LEs hercule de la v1 à la v4
Les Hercule sont des exosquelettes permettant à un humain de supporter une charge supérieure à ce que son organisme pourrait supporter sans le robot. Le principe de l’exosquelette est d’abord de répliquer les comportements mécaniques de l’anatomie humaine, notamment les articulations, afin d’augmenter la puissance de votre organisme. Les exosquelettes de RB3D fonctionnent en accompagnant le mouvement de son porteur pour alléger la pénibilité.
Ces derniers ont été largement testés par l’armée de terre, la Direction Générale des Armées ayant aidé l’entreprise à développer ses technologies, mais ils ont été également testés en milieu industriel, notamment dans le BTP. Ainsi, en Suisse, Colas a utilisé une version du Hercule pour des travaux de grande ampleur.
Tous ces retours, à la fois militaires et industriels ont permis à RB3D de mieux déterminer les besoins actuels en terme de robotique et notamment, de comprendre les vraies limites que posent ses exosquelettes. Serge Grygorowicz le confesse, confiant : « RB3D était dans une impasse avec ses exosquelettes, ils n’étaient pas assez confortables et pratiques au quotidien ». Le secteur de la robotique a-t-il trop fantasmé la bionique ? Peut-être, car désormais, si RB3D n’abandonne pas les exosquelettes, ses nouveaux robots et ses projets s’orientent de plus en plus vers la cobotique. Prosaïquement il s’agit d’outils robotisés pour aider les humains, comme les exosquelettes, mais qui ne s’entourent pas d’une mystique science-fictive. Ainsi, un bras motorisé dans une usine Airbus est un parfait cobot.
A l’instar de Bertin Nahum et MedTech, qui ne jure que par le cobotique médicale avec ses ROSA, RB3D n’imagine pas un monde dans lequel l’humain n’est pas au centre de la robotique. Très loin des plans terrifiants de Boston Dynamics, la société mise désormais sur des outils robotiques simplifiés, plus prêts à l’emploi, bien que moins futuristes. Une tendance intéressante dans une société où la robotique devient de plus en plus importante et oublie donc ses fantasmes pour se faire rattraper par la réalité.
Ainsi en 2016, les premiers Hercule avec leurs articulations simulant les mouvements d’une jambe et qui avaient des airs lointains de déambulateur, ne sont plus à l’ordre du jour d’une robotique réaliste. L’Hercule dans sa quatrième itération est allégé, simplifié et porte les charges directement au sol. Une technique que RB3D nous promet aussi intuitive qu’efficace.
Ce nouveau Hercule supporte autant de charges que ses ancêtres exosquelettes, mais s’est largement éloigné des fantasmes pour rentrer dans une réalité où la cobotique est avant tout faite d’outils pour les humains, adaptés à des conditions de travail ou d’opération réelles.
robotique à taille humaine
Cette transition, qui est clairement une maturation de l’entreprise et sa vision du robot, a par ailleurs été permise grâce à son travail dans le BTP. En effet, avec Colas, RB3D a travaillé à un râteau robotique pouvant ratisser avec une puissance bien plus forte que celle d’un humain.
En créant non pas un exosquelette robotique mais bien un outil cobotique, RB3D a gagné un nouveau regard sur son travail et porte désormais une vision radicalement différente de la cobotique. Car ce n’est pas seulement des articulations qui ont disparu ici, mais bien tout un imaginaire et un projet frôlant la bionique qui a été délaissé pour aller vers des robots plus adaptés aux tâches des travailleurs et des soldats. Laconique, Serge Grygorowicz nous lance un : « Arrêtons de fantasmer sur Iron Man ».
L’abandon des idées rêvées des ingénieurs qui sont progressivement remplacées par l’empreinte de l’expérience est donc loin d’être une régression pour l’entreprise, mais bien le moyen de gagner en maturité.
Peut-être les premiers pas de la robotique qui comprend l’intérêt de sortir de la science-fiction.
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