Tout le monde ne goûte manifestement pas à la guerre ouverte que se livrent Google et Apple depuis plusieurs mois. Si jusqu’à présent, les autorités américaines ont suivi le match des deux géants à bonne distance, les derniers développements récents ont finalement conduit la Federal Trade Commission (FTC), l’agence gouvernementale en charge du droit de la consommation et du contrôle des pratiques commerciales anticoncurrentielle, à s’intéresser au marché publicitaire sur les appareils mobiles.
Il faut remonter quelques mois en arrière pour comprendre les raisons qui ont poussé la FTC à ouvrir officiellement une enquête afin de déterminer si oui ou non Apple abuse de sa position dominante sur les appareils iPhone et iPad pour verrouiller la concurrence à sa guise, notamment dans le domaine de la publicité.
Comme nous l’écrivions en février dernier, les grandes manœuvres sur le marché publicitaire ont commencé depuis quelques temps. En octobre dernier, Apple dépensait 275 millions de dollars pour contrôler Quattro Wireless, une agence de publicité mobile. Le mois suivant, Google répliquait en s’offrant AdMob, pour un montant avoisinant les 750 millions de dollars.
Ni l’un ni l’autre n’étant disposé à calmer le jeu, Apple décidait début février de recruter deux sommités européennes pour gérer les opérations publicitaires sur les appareils mobiles. Et en avril dernier, la firme de Cupertino finalisait son ouvrage, en annonçant, à l’occasion de la présentation de l’iPhone OS 4, le lancement de sa propre régie publicitaire, iAd.
Pour Apple, les messages publicitaires diffusés via les applications sont beaucoup plus rentables que ceux affichés autour d’une recherche web. Tout l’enjeu étant de ne pas trop rebuter l’utilisateur pour qu’il continue à utiliser les plates-formes mobiles Apple.
Ce face-à-face AdMob versus iAd aurait pu trouver grâce aux yeux de la FTC si Apple n’avait pas donné le tour de vis de trop. En effet, la clause 3.3.9 de l’accord de licence avec les développeurs a subi dernièrement un toilettage absolument pas anodin dans le contexte actuel. Mis en lumière par Mac Generation, celui-ci énonce la règle suivante :
« La collecte, l’utilisation ou la divulgation [des données] ne doit avoir pour seule fin que la distribution de publicités dans Votre Application; elles ne doivent être fournies qu’à un fournisseur indépendant de service publicitaire dont l’activité principale est la distribution de publicité mobiles (par exemple, un fournisseur de service publicitaire affilié ou appartenant à un développeur ou un distributeur d’appareils mobiles, de système d’exploitation mobile ou d’environnements de développement autre qu’Apple ne peut être qualifié d’indépendant); et la divulgation est limitée [aux éléments d’identification de l’utilisateur], aux données de localisation de l’utilisateur, et à d’autres données spécifiquement désignées par Apple comme étant disponibles à des fins publicitaires« .
Concrètement, cette nouvelle disposition interdit aux agences et sociétés non indépendantes n’ont pas voix au chapitre. Et dans la mesure où Admob appartient à Google, c’est clairement une disposition visant à limiter l’influence du géant de la recherche dans le domaine de la publicité sur mobiles. Est-ce la contre-attaque de Steve Jobs ?
Auparavant sous le signe de l’entente cordiale, les relations entre Apple et Google se sont très rapidement envenimées, surtout depuis que Google a multiplié les initiatives dans le domaine des appareils mobiles. Citons ainsi Android, un système d’exploitation mobile libre, et le Nexus One, tout premier smartphone estampillé Google.
« Nous ne sommes pas allés sur le marché de la recherche. Ils sont venus sur le marché de la téléphonie. Soyez assurés qu’ils veulent tuer l’iPhone. Nous n’allons pas les laisser faire » avec lâché Steve Jobs devant quelques employés de Cupertino. Et depuis, toutes les occasions furent bonnes pour gêner d’une façon ou d’une autre la progression de Google dans ce secteur.
Mais si les deux firmes peuvent s’affronter, encore faut-il que cela se fasse dans les règles de l’art, et en l’occurrence en respectant la concurrence. Mais en ouvrant une enquête contre Apple, la FTC laisse entendre que son attitude n’est pas la plus régulière.
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