À Las Vegas, la Sphere est partout. Inaugurée en septembre 2023 après des années de travaux, cette boule géante, qui n’a aucun équivalent sur la planète, est visible dès l’atterrissage. En même temps, comment pourrait-on ne pas remarquer une immense orbe recouverte d’écrans ultra-lumineux au milieu d’hôtels de luxe et de montagnes ? À quelques jours du CES 2024, la grande messe de la tech qui débutera en janvier, la Sphere est devenue le nouvel atout de la ville des casinos, peu importe si elle est rentable ou non.
Dans la rue, en voiture ou depuis la fenêtre de sa chambre d’hôtel, impossible de ne pas être fasciné par l’extravagante Sphere, qui est bien plus grande en vrai que ce que montrent les photos et vidéos (112 mètres de hauteur, pour 157 mètres de largeur). Sa transformation en un emoji géant est aussi impressionnante que son imitation des planètes du système solaire. De jour comme de nuit, la Sphere est une claque… Et attendez de rentrer à l’intérieur.
The Sphere Experience : le cinéma du futur
Tout le monde ne le sait pas, mais la Sphere n’est pas qu’un gigantesque panneau publicitaire. À l’intérieur, il y a plusieurs choses. En plus de salles qui peuvent être louées, sa principale attraction est sa salle de spectacle entièrement circulaire et recouverte d’écrans. C’est là-bas que U2 se produit en exclusivité depuis septembre, mais aussi ici que Darren Aronofsky, le réalisateur de Black Swan, diffuse le premier film conçu pour être regardé sur un écran de ce genre : Postcard from Earth.
Le 28 décembre, Numerama a eu l’opportunité d’assister à cette expérience de deux heures pour la modique somme de 128 dollars (les prix peuvent varier, le nôtre était dans la tranche basse). The Sphere Experience vaut-elle son prix ?
La première heure est un enchaînement de grand n’importe quoi
Officiellement, The Sphere Experience dure deux heures. En réalité, la seule chose qui compte dure 50 minutes. Les inventeurs de l’attraction se sont sans doute dit qu’il valait mieux mentir sur la durée réelle du spectacle pour s’assurer que les spectateurs arriveraient à l’heure. Tout laisse en tout cas penser que la première partie de l’expérience n’est qu’un prétexte pour faire venir les visiteurs plus tôt.
Après avoir patienté dans une longue file d’attente pendant plusieurs minutes (on est arrivés à 13h45 pour la séance de 14h, mais rentrés vers 14h10), on a pu assister à la première partie de l’expérience. Comment la résumer autrement que par l’affirmation suivante : c’est une honte. Intelligence artificielle, métavers, informatique quantique, biotechnologie… Des robots qui ne font rien à part réciter des phrases préenregistrées racontent des banalités aux visiteurs. On peut aussi réaliser son propre avatar en 3D, si on est prêt à faire la queue… Bref, c’est une heure de perdue, qui a pour seul but de faire patienter en attendant que tout le monde arrive dans la salle de spectacle, située tout en haut, pour le début de la séance à 15h. Il y a aussi des restaurants à l’image de la Sphere, avec des gobelets lumineux.
Cinéma sphérique : l’IMAX et la 4DX peuvent aller se rhabiller
Quand on entre dans la salle de spectacle, on comprend immédiatement qu’on s’apprête à vivre une expérience particulière. Pourquoi ? Parce que pour la première fois de notre vie, on a ressenti du vertige en entrant dans un cinéma. La hauteur des derniers étages est extrêmement angoissante, puisque qu’il y a énormément de vide d’une rangée à une autre. La salle est à la hauteur de la promesse : entièrement ronde.
À 15 heures, le film débute au format 21:9. Le son est excellent (il y a plusieurs milliers d’enceintes), mais l’image n’a rien d’immersif. Un classique des expériences du genre puisque, au bout de 5 minutes, une planète Terre apparaît au milieu de l’écran et s’agrandit jusqu’à devenir immense. Cette expérience est extrêmement troublante : on jurerait que la Terre s’apprête à nous écraser. On arrive alors au rendu final : un écran qui recouvre 100 % des murs et qui rentre complètement dans le champ de vision humain. Impossible de voir le moindre pixel ou le moindre mur éteint, la Sphère fusionne le virtuel et le réel. Pour la première fois, nous sommes dans un film.
Ce qui est impressionnant avec la Sphere, c’est que cette immersion à 360 degrés ne cesse jamais d’impressionner. Grâce à un rendu sonore époustouflant, à une image qui recouvre l’intégralité de la vision (en 16K) et à des retours haptiques dans les sièges (ils sont relativement peu utilisés et tant mieux), Postcard from Earth est très facilement l’expérience cinématographique la plus impressionnante de la planète. Pas besoin de lunettes 3D ou de projections d’eau pour arriver à créer de l’immersion (désolé la 4DX, qui n’a d’immersion que le nom), la nature ronde de l’écran crée de la profondeur naturelle. Qu’il s’agisse de paysages, d’animaux, de monuments ou de scènes de destruction… Tout est absolument magnifique. Plusieurs personnes autour de nous ont pleuré, d’émerveillement ou de peur.
À plusieurs reprises, il faut avouer que nous n’étions aussi pas très à l’aise. L’immersion est si grande qu’elle fait parfois peur, surtout quand ce qui se passe à l’écran relève de la destruction de la planète. Du vrai cinéma.
Un scénario un peu hypocrite, entre Interstellar et Wall-e
Sans vous en dire trop sur le scénario du film, Postcard from Earth parle du réchauffement climatique. Il raconte l’histoire de la planète Terre du début à sa fin dystopique, avec un message sur l’importance de préserver notre planète. Un prétexte pour montrer des paysages et des animaux fantastiques, sublimés par la qualité de l’écran de la Sphere.
Si nous avons aimé le récit de Postcard from Earth (même s’il abuse souvent de raccourcis), nous ne pouvons nous reprocher de voir une forme d’hypocrisie dans un film sur le réchauffement climatique diffusée dans une Sphere géante allumée en permanence dans une des villes les moins écolos de la planète. Oui, la planète Terre est belle, mais The Sphere n’est-elle pas le pire endroit pour ce message ? On comprend la métaphore entre ces deux boules géantes, mais bon…
The Sphere est la première vraie expérience de réalité virtuelle dans le monde réel
Passé cette incohérence, The Sphere est la claque technologique qui nous avait été promise. The Sphere Experience est une révolution pour le cinéma, qui initie quelque chose de très intéressant pour l’industrie de l’immersion (quelque chose nous dit que l’arrivée de produits comme l’Apple Vision Pro, eux aussi axés sur les films spatiaux, pourrait donner une seconde vie au film).
The Sphere n’est pas que la nouvelle attraction phare de Las Vegas, c’est aussi le premier cinéma de réalité virtuelle sans casque. On vous recommande vivement de vous y rendre si vous visitez Las Vegas. Et on espère pouvoir revoir ce film dans un casque prochainement.
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