Dans sa vidéo, Steve Wozniak, l’un des cofondateurs d’Apple, expliquait qu’il était « impatient » de tester HyperVerse, et qu’il « soutenait Steven ». Le célèbre acteur Chuck Norris aussi a eu un mot pour le chef d’entreprise : « sous la tutelle du CEO Steven, HyperVerse sera le leader du métaverse », pouvait-on entendre l’acteur dire dans une vidéo. Le Steven auquel les deux personnalités faisaient référence en décembre 2021 était Steven Reece Lewis, le directeur général d’HyperVerse, une entreprise censée construire le métaverse du futur.
Deux ans plus tard, la réalité est tout autre. Le projet de métaverse n’a jamais vu le jour, HyperVerse est accusé par une enquête du Guardian et de nombreux régulateurs financiers d’être une arnaque pyramidale, et son CEO, Steven Reece Lewis, semble ne pas réellement exister. C’est la conclusion du Guardian, qui a consacré un article spécifique à la question du patron fantôme : après des recherches poussées, le journal n’a trouvé aucune preuve tangible de l’existence de l’homme dont Steve Wozniak, Chuck Norris et d’autres ont chanté les louanges dans des vidéos promotionnelles.
Qui est Steven Reece Lewis, le patron qui n’existerait pas ?
HyperVerse faisait partie d’une galaxie d’entreprises montées par Sam Lee et Ryan Xu, deux entrepreneurs installés en Australie et spécialisés dans les crypto-monnaies. Ils ont également monté Blockchain Global, une entreprise qui a fait faillite en novembre 2021 endettée à hauteur de 58 millions de dollars, ainsi qu’HyperTech, une autre société qui était censée chapeauter HyperVerse.
À son lancement, en décembre 2021, HyperVerse s’est offert une large campagne publicitaire en recrutant notamment les services de Steve Wozniak, de Chuck Norris et d’autres influenceurs pour faire des vidéos sur le projet. Ces vidéos et d’autres contenus publiés sur les réseaux sociaux mettaient en avant Steven Reece Lewis, le CEO supposément recruté par Sam Lee et Ryan Xu pour construire le métaverse du futur.
Sur les réseaux sociaux et sur le site d’HyperVerse, Steven Reece Lewis était présenté comme diplômé de l’université de Leeds et de Cambridge, et comme un ancien de la banque d’investissement Goldman Sachs. Il aurait également fondé et vendu une société de développement à Adobe avant d’être recruté par le groupe HyperTech pour diriger HyperVerse.
Mais malgré son CV impressionnant, Steven Reece Lewis n’existerait pas. À la suite d’une enquête, le Guardian « a confirmé que ni l’Université de Leeds ni l’Université de Cambridge n’ont de trace d’une personne du nom de Steven Reece Lewis dans leurs bases de données. […] Adobe, société cotée en bourse depuis 1986, n’a aucune trace d’acquisition d’une société détenue par un Steven Reece Lewis dans aucun de ses documents publics. Goldman Sachs n’a pu trouver aucune trace de Reece Lewis ayant travaillé pour la société ».
Il ne serait officiellement apparu comme CEO d’HyperVerse que dans quelques vidéos, en novembre et décembre 2021, dans lesquelles il apparait pixelisé. Dans les vidéos suivantes d’HyperVerse, Steven Reece Lewis n’est plus mentionné.
Le journal n’a pas non plus pu trouver de profil LinkedIn pour Steven Reece Lewis, ni une autre trace de l’homme sur Internet en dehors du matériel promotionnel d’HyperVerse : son compte Twitter, créé un mois avant sa prise de position, est désormais inactif. Le Guardian n’a jamais réussi à le contacter, et indique « ne pas pouvoir confirmer son identité ». Quant à HyperVerse, le projet a disparu d’Internet en 2023, explique le journal.
Reste la question des vidéos : qui est apparu à l’écran ? Le Guardien n’offre aucune piste. Il est cependant possible d’imaginer qu’une intelligence artificielle aurait pu être utilisée pour créer un deepfake — d’autant plus que la personne apparaissant sur les vidéos n’a pas tout à fait les mêmes traits que celle figurant sur la photo de profil Twitter de Steven Reece Lewis.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !