C’est ce qui s’appelle ne pas faire dans la dentelle. Le réseau social X (ex-Twitter) a décidé fin janvier de bloquer les recherches concernant la chanteuse américaine Taylor Swift. Plusieurs requêtes contenant son nom ne sont en effet pas en mesure d’aboutir. Une disposition confirmée par un responsable du site communautaire.
Au Wall Street Journal, la plateforme indique qu’il s’agit d’une disposition provisoire, prise pour « donner la priorité à la sécurité ». À la date du 29 janvier, il est effectivement impossible d’avoir un résultat en tapant juste « Taylor Swift ». X renvoie à l’internaute une page vide avec la mention « Une erreur s’est produite. Essayez de recharger la page. »
Des mesures que l’on peut contourner
En pratique, cette restriction n’est pas infaillible. Il est possible d’afficher des médias ou des listes dans les onglets correspondants. Il est vrai, par contre, que rien n’est retourné dans les autres onglets (à la Une, récent, personnes). Une modification de la requête permet aussi de tromper le filtrage mis en place par X.
Ainsi, en plaçant des termes entre le prénom et le nom de l’artiste, le filtrage est enjambé. C’est le cas de « taylor artificial intelligence swift », « taylor deepfake swift » ou bien « taylor ai swift ». Les tentatives « taylor swift ai » et « ai taylor swift » sont en revanche bloquées. L’utilisation de la ponctuation peut aussi aider à débloquer la recherche.
S’il existe quelques astuces pour contourner cette modération d’urgence mise en place par X, cela ne signifie pas que l’on va tomber avec certitude sur du contenu pornographique. X intervient aussi au niveau des comptes qui partagent ces trucages, en les fermant. Idem pour les médias pornos, qui sont effacés.
« La publication d’images de nudité non consensuelle est strictement interdite sur X et nous appliquons une politique de tolérance zéro à l’égard de ce type de contenu », a écrit le réseau social dans un tweet partagé le 26 janvier. Le site a confirmé sa politique de suppression d’images de ce type et de modération ferme contre les comptes en cause.
Il n’est effectivement pas simple de croiser ces montages sur X, en date du 29 janvier. Plusieurs recherches menées par Numerama ont effectivement permis de voir des détournements de Taylor Swift, mais qui ne sont pas de nature pornographique. On peut en revanche toujours visionner des images artificielles douteuses.
Taylor Swift est ainsi grimée en officier de l’Allemagne nazie, mais aussi en tant « qu’égérie » de McDonald’s, ou bien en femme obèse. Elle est par ailleurs représentée comme fan de Donald Trump, ou encore en compagne de Joe Biden. D’autres visuels, non présentés ici, la montrent en cheerleader ou femme à chats.
Les montages pornos de la chanteuse n’ont pas été vus sur X au moment de la rédaction de cet article — certaines requêtes permettent peut-être d’y accéder, si la modération n’est pas encore passée. Ceux qui subsistent sur la plateforme ont été recadrés pour éviter de montrer les actes sexuels en cause, ou bien floutés.
Des trucages qui pullulent sur le web
La modération déployée par X a une portée limitée : ces trucages peuvent en effet être retrouvés ailleurs sur le web, ou via certains logiciels, comme Discord. Des canaux « spécialisés » existent, dans lesquels des personnes expertes en génération de contenus produisent ces visuels, parfois contre une rémunération.
Cet usage de l’IA a eu récemment un écho politique, compte tenu de l’aura de la chanteuse aux États-Unis et dans le monde. La Maison-Blanche s’est déclarée en faveur d’une législation pour protéger les personnes contre les fausses images sexuelles générées par intelligence artificielle. Cela étant, Taylor Swift est l’arbre qui cache la forêt.
Les détournements pornographiques de célébrités existent depuis plus de vingt ans sur Internet, et ce sont essentiellement les femmes de renom qui en sont victimes. À l’époque, des outils comme Photoshop servaient à créer ces fakes. Depuis, les choses ont empiré, avec des vidéos réalistes (deepfakes) ou des contenus par IA.
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