Microsoft pourrait devenir le plus gros éditeur de jeux vidéo du marché. Un statut qui s’inscrirait dans le sens de l’histoire : ces dernières années, la firme de Redmond a signé des chèques pour s’offrir des studios et a même réalisé une acquisition retentissante avec Activition Blizzard. Néanmoins, un tel positionnement, revenant à proposer un maximum de jeux à un maximum de joueurs, pourrait coûter cher à la marque Xbox. Plus particulièrement à ses consoles, qui perdraient en intérêt.
Ainsi, plusieurs rumeurs, émanant de sources solides, prêtent à Microsoft l’intention de lancer certains de ses jeux exclusifs sur PlayStation 5. Cela commencerait par Hi-Fi Rush, l’une des surprises de 2023. Puis, selon un article de XboxEra publié le 4 février 2024, la multinationale enchaînerait avec Starfield, un bien plus gros morceau. The Verge a surenchéri en évoquant la possibilité de voir l’inédit Indiana Jones and the Great Circle, présenté en début d’année, rejoindre à terme le catalogue de la console de Sony. Le changement de stratégie apparaît immense pour Microsoft.
Microsoft peut devenir le plus gros éditeur du monde
Microsoft a tout à gagner à devenir « le plus gros éditeur du monde ». Il est armé pour, à condition de proposer une grande variété de jeux. Pour les joueuses et les joueurs, ce serait bénéfique : ils auraient la perspective de découvrir de plus en plus d’expériences, sans avoir besoin d’investir dans plusieurs appareils. Néanmoins, cette stratégie d’ouverture fait débat, aussi bien en interne que sur les réseaux sociaux — où des fans Xbox le vivraient comme une trahison.
Les intéressés ont-ils raison ? Philosophiquement, oui. On achète une console Nintendo pour jouer à Mario et Zelda. On achète une console PlayStation pour jouer à Uncharted et God of War (qui sont désormais disponibles sur PC). Demain, pourquoi achèterait-on une console Xbox si elle ne propose plus rien de vraiment exclusif ? Pour la manette et un accès anticipé de quelques mois ? Cela paraît léger. Il demeure malgré tout l’argument économique : sur une console Xbox, on peut jouer à beaucoup de titres pour moins de 15 € par mois (le Xbox Game Pass). Sur PS5, Starfield coûtera probablement 80 €.
Est-ce que cela sous-entend que les consoles Xbox vont disparaître ? On n’en est pas encore là (il y a une roadmap hardware, avec de nouveaux modèles). Mais, si l’on s’intéresse aux ventes, il s’agit d’un autre argument favorable à l’abandon des consoles. Les chiffres réalisés par Microsoft sont ridicules, quand on les compare à ceux de Sony et de Nintendo. Lors du dernier trimestre financier, la croissance n’a été que de 3 % pour les ventes de Xbox, malgré une période propice (les fêtes de fin d’année). En revanche, le chiffre d’affaires est immense, notamment grâce à l’intégration d’Activision Blizzard.
On comprend mieux pourquoi Microsoft envisagerait de se tourner principalement vers l’édition, même si vendre ses propres consoles reste un levier intéressant. Comme le rappelle Loïc Ralet, ex-journaliste spécialiste de Xbox : « Je doute qu’ils les tuent complètement, ça reste une plateforme qu’ils contrôlent de A à Z, c’est une autre corde à leur arc qu’ils voudront probablement conserver. » Il précise aussi que les ventes de consoles ne rapportent pas grand-chose « sauf si vous êtes Nintendo et que vous faites une grosse marge dès le lancement de votre machine ».
On attend maintenant que Microsoft prenne la parole pour clarifier cette stratégie. Est-ce que tous ses jeux seront concernés ? C’est la grande question que beaucoup se posent.
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