Quand Apple a lancé l’iPhone en 2007, il n’y avait pas d’App Store, pas de web-apps, pas de fond d’écran, pas de copier-coller, pas de centre de notifications et pas d’émojis. À vrai dire, quand on regarde les grands lancements d’Apple ces dernières années, tous se sont faits avec énormément de fonctionnalités indisponibles au lancement. L’iPad est arrivé sans multitâche, tandis que l’Apple Watch était dénuée d’applications natives… Apple a pour spécialité de se contenter de lancements timides, avec des fonctions choisies pour être mises en avant, puis améliore le produit drastiquement au fil des mises à jour.
Sans surprise donc, l’Apple Vision Pro, lancé le 2 février 2024 aux États-Unis, manque cruellement en fonctions. Certaines indisponibilités sont surprenantes (puisque les fonctions existent sur iOS ou macOS), d’autres sont sans doute des choix, liés aux priorités d’Apple. Cet article est le carnet de doléances de Numerama, après 10 jours avec le Vision Pro (notre test-bilan après deux semaines d’utilisation arrivera vendredi). On espère qu’un grand nombre des fonctions ci-dessous seront annoncées en juin, avec visionOS 2.
La liste des fonctions qu’il manque à visionOS 1
1) Du multi-utilisateurs pour partager son Vision Pro en famille
À 3 500 dollars, l’Apple Vision Pro peut-il être le produit d’une seule personne ? S’il existe un mode démo qui permet de prêter le casque, ce dernier contraint l’invité à réenregistrer ses mains et son suivi du regard à chaque passage, tout en désactivant quelques fonctions (les Persona, FaceTime, Optic ID…). Il n’est tout simplement pas fait pour une utilisation courante, d’autant plus qu’il suffit de retirer le casque quelques secondes pour que le mode démo se désactive.
Dans le futur, visionOS peut prendre deux directions. Il peut intégrer un mode multi-utilisateurs pour créer plusieurs profils avec leurs propres paramètres et applications (comme sur Mac) ou rester un système conçu pour une personne (comme sur iPad). La présence d’un menu « Force Quit », comme sur macOS, est la preuve que le Vision Pro est un produit hybride entre l’iPad et le Mac. On espère que visionOS 2 permettra d’enregistrer quelques profils familiaux pour que sa petite amie ou son colloc puissent utiliser le Vision Pro familial pour regarder un film sans embêter son propriétaire (et sans avoir accès à ses données).
2) Un mode mobilité pour regarder la télé en mouvement
Autre grand absent du lancement : un mode picture-in-picture. Certains imaginent que le Vision Pro est le produit parfait pour regarder une vidéo YouTube en passant l’aspirateur, mais ce n’est pas possible aujourd’hui. Les fenêtres s’épinglent physiquement à un endroit et y restent, ce qui fait qu’un écran géant positionné au milieu du salon restera au milieu du salon. C’est pour cette raison que les vidéos de gens qui marchent dans la rue avec le Vision Pro sont fausses.
Dans le futur, on espère qu’Apple ajoutera un mode mobilité. La marque peut avoir choisi de limiter son produit au lancement pour éviter les mauvais usages, mais la possibilité d’épingler une vidéo à deux mètres de sa tête serait pratique, quitte à la rendre transparente pour éviter de prendre un mur.
3) La possibilité de répondre au téléphone
Allez savoir pourquoi, il n’est pas possible de répondre à un appel téléphonique avec le Vision Pro. Quand un iPhone sonne, un Mac, un iPad et une Apple Watch connectés au même compte iCloud le font aussi, mais pas le casque de réalité mixte. Il faut se saisir physiquement de son smartphone pour répondre, si on ne rate pas l’appel. Cette absence nous semble une urgence de visionOS 2, pour ne pas limiter le Vision Pro aux appels FaceTime. (D’ailleurs, tant qu’on y est, on peut avoir une vraie appli FaceTime ? Passer par l’onglet « People » ou les Messages n’est pas pratique.)
4) Plusieurs écrans virtuels avec un Mac (et le support du son)
Une des meilleures fonctions de l’Apple Vision Pro s’appelle « Mac Virtual Display ». Elle permet, juste en regardant son Mac, d’agrandir son écran. On peut transformer un MacBook Air de 13 pouces en un moniteur de 105 pouces pour travailler sans aucune limite, en étant allongé si on le souhaite. Mac Virtual Display est si fluide que l’on peut passer des heures à l’utiliser et que le retour au petit écran est parfois triste. Cet article a d’ailleurs été écrit avec le casque sur la tête.
Mac Virtual Display a deux avantages : il fonctionne parfaitement bien et permet d’utiliser le clavier et le trackpad dans le reste des applications visionOS.
Mais Mac Virtual Display a aussi deux défauts : il se limite à un seul écran virtuel (alors que Meta monte à trois, avec des lags) et ne gère pas de sortie sonore. L’audio du Mac sort toujours sur le Mac, alors que le Vision Pro embarque des haut-parleurs. Régler ces deux problèmes dans visionOS 2 est une priorité.
5) Des icônes amovibles, des dossiers et des webapps
L’interface de visionOS est très réussie, avec une grille d’icônes rondes. En revanche, et à la surprise générale, Apple trie les apps par ordre alphabétique. Un sale coup pour X ou Zoom, qui sont difficilement accessibles sans faire appel à Siri (ou avec un Cmd+Espace sur un clavier physique). Apple ne permet pas de changer l’ordre des icônes, comme avec iPhone OS 1 en 2007.
Avec visionOS 2, on espère qu’Apple permettra à ses utilisateurs de créer des dossiers, de déplacer les icônes et, pourquoi pas, de créer des raccourcis web. On aimerait pouvoir épingler Messenger et Netflix sous la forme de web-apps, plutôt que de taper leurs URL dans Safari à chaque fois.
6) Le support de la souris
visionOS supporte les claviers et les trackpads… mais pas les souris. Quand on connecte un trackpad au casque (ou que l’on utilise celui de son Mac), un pointeur rond peut se balader dans l’interface, ce qui permet de ne pas avoir à regarder un élément pour le sélectionner. En revanche, une souris n’est pas reconnue par visionOS, y compris depuis le Mac.
Cette incompatibilité est ridicule, puisqu’une souris permettrait de faire la même chose. Il est urgent pour Apple de débloquer cette situation.
7) Un centre de notifications à revoir complètement
Un des paris d’Apple avec visionOS 1 est de cacher le centre de notifications et le centre de contrôle derrière un mouvement de regard. Vous n’y comprenez rien ? C’est normal. Pour les faire apparaître, il faut regarder très haut dans le ciel, puis se concentrer sur le point flottant et pincer ses doigts.
Selon nous, il s’agit du principal point faible de l’interface utilisateur de visionOS. Plus d’une tentative sur deux échoue, alors que le suivi du regard est exceptionnel dans le reste de l’OS. Apple devrait abandonner ce raccourci au profit d’autre chose, comme un appui prolongé sur un des deux boutons du casque. Le petit point flottant peut aussi gâcher certains films quand on regarde le haut de l’écran.
8) Un geste pour voir les icônes
D’ailleurs, appuyer sur la couronne rotative pour afficher les icônes n’est pas forcément la meilleure idée d’Apple. Tout est magique dans visionOS, puisque l’on contrôle tout avec ses yeux et ses doigts, sauf le retour à l’écran d’accueil. Un geste, comme un poing fermé pour appeler les icônes, serait bienvenu. En plus, cela libèrerait la couronne pour le centre de contrôle. Tenez Apple, c’est cadeau !
9) Le miroir d’un iPhone et d’un iPad
Officiellement, la qualité de la réalité mixte avec un Apple Vision Pro est si bonne que l’on peut regarder son téléphone ou sa montre en le portant. C’est vrai, même si l’image est bruitée, ce qui fait d’un iPhone un appareil avec un écran en basse définition. Pire, le conflit de la vergence-accommodation empêche de nombreuses personnes de voir de près en réalité virtuelle, ce qui rend la consultation de son iPhone impossible.
Pour régler ce problème, pourquoi pas un iPhone Virtual Display ? Ou un iPad Virtual Display ? On adorerait pouvoir regarder son iPhone et importer son écran en Retina dans le casque, pour pouvoir l’utiliser sans aucun pixel visible, comme sur Mac. Autre idée : la possibilité de transformer le Vision Pro en un récepteur AirPlay pour streamer n’importe quelle vidéo dans une fenêtre virtuelle dans le casque.
10) Dans un futur lointain, un environnement virtuel partagé entre plusieurs Vision
Enfin, et, pour le coup, il faudra se montrer patient : à quand la possibilité d’être plusieurs à voir la même chose avec un Vision Pro sur la tête ? On pourrait imaginer deux personnes qui travaillent ensemble avec un même écran virtuel au même endroit, plutôt que chacun leur propre environnement de travail. L’enjeu technique est assez grand, mais Apple y viendra sans doute un jour. En attendant, le Vision Pro est condamné à être un appareil utilisé par une seule personne.
Bonus : le support du français, de l’AZERTY et d’un Super Siri en France
Dernière chose : l’Apple Vision Pro en version 1.0.2 ne supporte que la région États-Unis. Le produit est parfaitement utilisable en France, mais uniquement en anglais, avec des unités métriques américaines et un compte App Store américain. Le clavier virtuel est aussi limité au QWERTY, avec le support de l’AZERTY avec un clavier physique.
Selon nous, l’arrivée d’autres langues dans visionOS n’attendra pas visionOS 2. Si le produit arrive effectivement au Canada vers mai, comme certaines rumeurs le suggèrent, le français sera probablement ajouté au casque dans visionOS 1.1 ou 1.2 ces prochaines semaines. Toujours est-il que cela fait partie des nouveautés attendues, pour que l’informatique spatiale ne reste pas exclusive aux Américains.
Vivement la WWDC en juin 2024 pour découvrir le futur de visionOS et de Siri, qui pourrait se mettre à l’heure de ChatGPT. Une technologie qui manque beaucoup au casque : il pourrait devenir encore plus intelligent en étant capable de comprendre le monde qu’il contemple.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !