D’une certaine manière, j’en veux à Apple. Même si j’admets volontiers qu’un univers où tout le monde porte un ordinateur sur la tête n’est pas ce qu’il y a de plus souhaitable, l’Apple Vision Pro m’a chamboulé comme peu de produits high-tech l’ont fait ces dernières années. Tester cet « ordinateur spatial » a été un pur plaisir, puisque chaque minute passée à l’intérieur m’a donné l’impression d’apercevoir le futur de l’informatique. Et c’est justement ce que je reproche à Apple : le Vision Pro incarne plus une certaine idée du futur que ce qu’il est possible de faire avec aujourd’hui.
En deux semaines en février (au lancement américain du casque, il est arrivé en France le 12 juillet), je suis devenu un expert des fenêtres flottantes et des environnements semi-virtuels. Je les manipule intuitivement avec le regard et mes mains, j’ai remplacé l’écran de 15 pouces de mon ordinateur et le téléviseur de 32 pouces de ma chambre par des fenêtres gigantesques et, enfin, j’ai appris à travailler avec cinq ou six écrans et à « penser en 3D ». Un MacBook ou un iPhone semblent infiniment plus fades à côté de visionOS, le système d’exploitation en 3D que l’on voit quand en porte le casque.
Après plusieurs mois avec le Vision Pro, j’en veux à Apple de m’avoir fait goûter à une informatique plus naturelle, jouissive et sans limites physiques, que j’aimerais pouvoir inscrire dans mon quotidien. Le problème est que cette « informatique spatiale » n’est possible qu’avec d’immenses concessions techniques et optiques, qui sont trop importantes pour que je continue à l’utiliser au même rythme. L’Apple Vision Pro est très certainement un aperçu du futur, mais n’est pas utilisable au quotidien en l’état.
Points forts
- L’informatique de demain, sans doute
- Le suivi des yeux est extrêmement efficace
- Les écrans sont délirants (on ne voit pas les pixels)
- Plusieurs usages donnent vraiment envie
- Le produit Apple le plus ambitieux de l’histoire
Points faibles
- Le poids, encore trop élevé pour un usage quotidien
- Les lois de l’optique (accommodation, sècheresse, champ de vision…)
- La société est-elle prête à l’accepter ?
- 4 000 euros… Est-ce bien raisonnable ?
CE QUI FONCTIONNE AVEC L’APPLE VISION PRO
Quand on enfile un Apple Vision Pro, on ne voit rien d’autre que le vrai monde. C’est bête, mais c’est un bon choix. Pourquoi surcharger le cerveau avec des milliards d’informations quand on peut juste le tromper, en lui faisant croire qu’il voit la réalité normalement ? Cette ruse, qui passe par une réplique de la réalité grâce à des caméras, contribue à l’expérience. On jurerait que les seules choses virtuelles sont les fenêtres, ce qui aide à ne pas être déstabilisé quand on retire le casque.
Le concept n’est pas nouveau. J’ai testé le Meta Quest Pro sur Numerama en 2022 et, à l’époque déjà, je le décrivais comme « un aperçu du futur ». Mais ce que propose Apple est un pas de géant vers ce futur. Au revoir les configurations capricieuses, au revoir les « gardiens » qui empêchent de se prendre des murs, au revoir les manettes et les pointeurs, au revoir les fenêtres limitées dans l’espace, au revoir le passthrough déformé sur les côtés… visionOS permet de faire tout ce que l’on souhaite sans aucune configuration. Il suffit d’utiliser ses yeux et ses doigts.
Depuis la sortie américaine du Vision Pro (le produit est arrivé en France le 12 juillet), beaucoup se demandent quelle est la killer feature du casque. Le travail ? Le divertissement ? Le jeu vidéo ? Ma réponse est aucun des trois.
Le contrôle avec les yeux est une révolution
La « fonction qui tue » est le contrôle par le regard, qui rend l’utilisation d’une machine plus intuitive que jamais. Vous voulez atteindre une icône située à plusieurs dizaines de mètres, regardez-la, puis pincez le pouce et l’index.
Le contrôle oculaire d’Apple fonctionne si bien qu’il relève presque de la magie. Il faut un temps pour le maîtriser (4 à 5 jours, ce qui me laisse penser que les premiers tests aux États-Unis sont sortis trop vite), puis tout devient naturel. C’est une véritable révolution de l’expérience utilisateur, qui n’a jamais semblé autant en communion avec le cerveau humain. Attraper une fenêtre pour l’approcher de son visage rend un écran plat extrêmement ringard et limité, surtout quand on comprend qu’on peut la toucher comme s’il s’agissait d’un écran tactile. Je me demande même si le contrôle par le regard n’est pas le futur des écrans normaux.
Le problème de l’Apple Vision Pro est qu’il ne peut pas être compris sans être porté. Aucune capture d’écran ne rend hommage à une interface volumétrique qui ne se voit pas mais se vit, puisqu’elle plonge l’utilisateur au milieu de fenêtres virtuelles. Les écrans Micro-OLED d’Apple sont possiblement les meilleurs écrans jamais conçus pour un produit grand public, avec une densité de pixels inédite. Ils sont totalement invisibles dans le Vision Pro.
J’ai travaillé 4 à 5 heures par jour avec un Vision Pro
Apple a un avantage sur ses principaux concurrents (Meta, HTC et Pico) : l’écosystème. Quand on appuie sur la couronne rotative du Vision Pro, les icônes des applications apparaissent au milieu du vrai monde. La force d’Apple est là : le Vision Pro dispose des mêmes applications qu’un iPhone ou un Mac. Les photos sont automatiquement synchronisées, les messages et les mails aussi, on retrouve AirDrop, AirPlay, sa musique, etc. D’une certaine manière, même en partant de zéro en réalité virtuelle, Apple a déjà de l’avance.
Un des usages mis en avant par Apple est le travail. Une des fonctionnalités phares du lancement américain est le « Mac Virtual Display », qui permet de regarder son ordinateur et d’aspirer son écran pour en faire une fenêtre redimensionnable à sa guise. Dans mon cas, pendant 14 jours, j’ai remplacé l’écran de 15 pouces de mon MacBook Air par un écran géant de 55 pouces en lévitation sur mon bureau. Une fonction déjà proposée par Meta ou des apps tierces comme Virtual Desktop, qu’Apple a véritablement sublimée. La connexion est immédiate, la qualité est parfaite, il n’y a aucune latence et on peut parfaitement utiliser l’écran virtuel du Mac pendant des heures (au moins quatre heures par jour dans mon cas). Seuls reproches : l’absence de sortie audio dans le casque et de multi-écrans, qui viendront sans doute avec visionOS 2.
En attendant de proposer du multi-écrans dans macOS, Apple laisse les porteurs de Vision Pro afficher des applications visionOS, iPadOS et iOS autour de l’écran virtuel du Mac. Une des forces du produit est que le trackpad et le clavier du Mac servent alors à contrôler l’interface, ce qui renforce l’impression que le Vision Pro abolit les frontières physiques de l’informatique. Un MacBook contrôle soudainement une dizaine d’écrans.
Ces derniers jours, mon setup était le suivant : l’écran du Mac devant, Twitter et les Notes à portée de main (pour pouvoir les toucher), Messages à droite, Slack à gauche (pour libérer une fenêtre de macOS), Musique derrière et, de temps en temps, une vidéo YouTube quelque part. Il m’est aussi arrivé de remplacer la réalité mixte devant moi par un environnement virtuel 3D (la lune), afin d’améliorer ma concentration (la réalité mixte des caméras est bruitée, elle n’est donc pas très agréable pour les yeux). Cette configuration m’a souvent donné le sentiment d’être dans un open space futuriste, où mon bureau ne se limitait plus à un espace restreint.
En 2024, l’Apple Vision Pro est déjà un excellent remplaçant d’un moniteur de bureau. Il n’est pas encore un vrai ordinateur, puisqu’il lui faut un Mac pour être complètement efficace (seuls quelques usages bureautiques sont possibles avec visionOS et un clavier Bluetooth, puisque le clavier tactile n’est pas très réactif), mais la promesse est là. Le Vision Pro offre un aperçu de l’ordinateur décentralisé qui ne serait pas un objet mais des fenêtres accessibles partout. C’est la première fois que plusieurs écrans de 105 pouces rentrent dans un sac à dos.
Se divertir avec l’Apple Vision Pro
Le deuxième usage convaincant en 2024 est le divertissement. À la maison, je me suis surpris à prendre goût à remplacer mon téléviseur par le Vision Pro. Enfin, pas tout le temps. Utiliser le Vision Pro à la maison est génial quand on est seul, mais pas du tout à plusieurs. Malgré la présence de yeux virtuels vendus par Apple comme un moyen de garantir de vrais échanges entre le porteur du casque et les autres humains, ma copine m’a plusieurs fois indiqué qu’elle avait l’impression que j’étais ailleurs et que je ne l’écoutais pas. Bref, le Vision Pro n’est pas un produit fait pour être utilisé en présence d’autres personnes. Dommage que des internautes en quête de buzz tentent de faire croire l’inverse en le portant dans la rue ou en voiture…
Quoiqu’il en soit, seul, le Vision Pro est assez impressionnant. Ses écrans Micro-OLED sont si bons que même un téléviseur OLED récent n’arrive pas à sa cheville. Pourquoi regarder un match de foot, un film ou une vidéo YouTube sur une tablette ou une télé de 55 pouces quand on peut afficher un écran de 105 pouces sur le plafond et s’allonger ? Le Vision Pro n’a pas les problèmes de luminosité et de reflets du vrai monde, l’affichage est parfait. Dommage que seuls les contenus en 4K soient vraiment adaptés à un écran géant. La télévision française, accessible depuis myCANAL, est trop pixelisée pour que l’on ait envie d’en profiter sur du 105 pouces.
Aujourd’hui, l’usage domestique le plus convaincant du Vision Pro est la création de fenêtres flottantes géantes, qui permettent d’ajouter des téléviseurs virtuels dans une pièce (et elles restent à cet endroit, ce qui permet de passer d’une pièce à une autre en ayant l’impression de s’éloigner de l’écran).
Demain, Apple réussira-t-il à créer un nouveau format ? La marque rêve de proposer des vidéos immersives, avec un champ de vision à 180 degrés en 3D, qui pourrait notamment s’imposer dans le sport. Mon PSG-Brest 2D de 105 pouces sera-t-il remplacé par une place 3D au premier rang au Parc des Princes ? C’est un des paris de la marque, qui mise sur ce type de « téléportation » pour faire de son nouveau produit un indispensable (il y a cinq démos dans l’app TV). En attendant, un mode cinéma permet de faire disparaître le vrai monde pour se retrouver dans une salle sombre très réaliste qui reproduit la diffusion visuelle et sonore d’une salle de cinéma (les haut-parleurs spatiaux d’Apple sont ultra-convaincants, bien qu’un peu trop puissants pour ne pas déranger les gens autour).
Et le jeu vidéo ? En l’état, la proposition d’Apple est très limitée. Sans manettes conçues pour la VR, tout doit être piloté avec les mains ou une manette PlayStation/Xbox. Le Vision Pro est cool pour émuler un écran 2D géant de PS5, mais on perd alors le 120 fps de sa télé gaming. Certains jeux 3D, comme Synth Riders (un concurrent de Beat Saber), Game Board ou Super Fruit Ninja permettent de se divertir, mais ils n’exploitent clairement pas la puissance du casque. Quelques applications tierces se dégagent des autres, comme Seasons qui permet de reproduire la météo extérieure en intérieur, Navi qui permet de sous-titrer une personne qui parle (un paradis pour les personnes malentendantes), Infuse pour accéder à Plex ou son NAS, Sky Guide pour observer les étoiles depuis son canapé, Djay pour apprendre à mixer ou TikTok, premier réseau social à avoir joué le jeu.
Le potentiel est là, mais le divertissement doit encore se peaufiner dans visionOS, alors que la bureautique est déjà mature. J’ai hâte de pouvoir ajouter une table de ping-pong en réalité augmentée dans mon salon, par exemple !
LES POINTS FAIBLES DE L’APPLE VISION PRO
Cela dit, et comme indiqué en introduction de ce test, le Vision Pro est loin d’être abouti. D’une certaine manière, jamais un produit Apple n’a aussi bien porté son nom. Le Vision Pro montre la vision long terme d’Apple, mais n’a pas du tout le niveau de maturité d’un iPhone ou d’un iPad à leur lancement.
Il y a quelques mois, je pensais que le Vision Pro serait un gadget. Sa fiche technique m’impressionnait, mais je craignais qu’il ne m’apporte rien au quotidien. Aujourd’hui, je pense l’inverse. Toutes mes expériences avec le Vision Pro ont largement surpassé mes attentes, mais le produit, malgré sa fiche technique d’exception (y a-t-il déjà eu un aussi bel ensemble technologique ?), est trop limité et contraignant pour devenir indispensable. Ses successeurs y arriveront sans doute, mais pas lui.
Le poids, le principal point faible du Vision Pro
Apple est conscient du problème du poids, puisque le Vision Pro est livré avec une batterie externe qui se pose sur le canapé, sur le bureau ou se loge dans la poche. Une batterie de 353 grammes qui s’est avérée très peu contraignante au quotidien, puisque le câble est suffisamment long pour ne jamais gêner (mais il s’emmêle !), tandis que l’autonomie d’environ trois heures est suffisante pour les rares usages mobiles. Le Vision Pro est fait pour être utilisé assis, souvent à proximité d’une prise de courant, ce qui fait de la batterie externe un non-problème.
Malheureusement, même sans batterie, le Vision Pro est lourd. Le produit pèse entre 600 et 650 grammes en fonction de la sangle utilisée, ce qu’aucun crâne humain ne peut porter pendant des heures sans ressentir de gêne (c’est l’équivalent d’un grand iPad Pro sur le front). La sangle « Solo Knit », la plus sexy des deux, serre le casque contre le front. Difficile de la garder plus d’une heure, tant les os au-dessus des yeux la supportent mal. La sangle « Dual Loop Band », qui décharge une partie du poids sur le haut du crâne, est la seule vraiment conçue pour une utilisation prolongée, même si elle aplatit les cheveux. Mais même avec elle, on finit par avoir mal à la tête, ce qui contraint à faire des pauses régulières. Environ 20 minutes toutes les 2 heures dans mon cas, même si les ophtalmos recommandent plutôt une pause toutes les 20 minutes.
Même si j’aime utiliser visionOS, force est de constater que le poids exercé par le Vision Pro sur ma tête rend l’utilisation du Vision Pro peu agréable. J’arrive à le tolérer plusieurs heures, mais certains de mes amis n’ont pas résisté à une démo de 10 minutes… Dans le futur, Apple devra forcément faire mieux pour correspondre à plus de personnes. Surtout s’il souhaite ajouter des fonctions liées au sport ou aux jeux vidéo immersifs, les deux grands absents de cette V1.
Des problèmes de vue impossibles à corriger en 2024
Autre problème provoqué par le surpoids du casque : il faut souvent le toucher pour alléger la pression qu’il exerce sur le visage, ce qui perturbe souvent la netteté de l’image. En 20 minutes, il m’arrive parfois de le réajuster une dizaine de fois pour voir mieux, ce qui prouve bien que le form-factor de la réalité virtuelle est encore loin d’être prêt.
Le champ de vision, qui est restreint, donne l’impression de regarder le monde au travers de jumelles, puisque la mousse qui bloque la lumière dans le casque est visible sur les extrémités. Ça aussi, Apple devra l’améliorer. Personne n’a envie de voir moins bien en portant un casque à 4 000 euros sur la tête.
Enfin, il y a un problème encore un plus embêtant et commun à tous les casques de réalité virtuelle : le vergence-accommodation conflict. Dans mon cas, alors que ma vue dans le vrai monde est parfaite (Apple vend des verres de correction sinon), je suis incapable de voir de près avec l’Apple Vision Pro. J’ai fait diagnostiquer ce problème, qui s’avère être un défaut musculaire de mon œil gauche, qui est incapable de se comporter normalement à une distance fixe d’un écran. Quand je regarde de près, mon œil gauche ne bouge pas… Un problème qui pourrait concerner une bonne moitié de la population (15 personnes sur 40 dans mes démos) qui, lunettes ou non, risque de souffrir de problèmes orthoptiques en réalité virtuelle.
De nombreuses fonctions manquent encore à l’appel
Plus brièvement, et ce n’est pour le coup pas inquiétant, j’ai souvent senti que visionOS n’était qu’à ses débuts. La plupart des applications n’exploitent pas les capacités 3D du casque et se contentent de virtualiser des fenêtres 2D, ce qui est un peu dommage au vu de sa puissance… Le fait de ne pas pouvoir être plusieurs à regarder une fenêtre virtuelle rend aussi le travail collaboratif contraignant et prouve que le choix d’une puce M2, alors que les puces M3 Pro et M3 Max existent, n’était peut-être pas le plus judicieux. Ma théorie est que le Vision Pro lancé en février 2024 a été finalisé en 2022, ce qui a contraint Apple a faire des concessions logicielles, quitte à les combler plus tard. Je suis d’ailleurs prêt à parier que le bouton dédié à l’appareil photo servira à faire autre chose dans quelques mois, comme ouvrir le centre de contrôle. Autre changement attendu : la possibilité d’afficher les icônes avec un geste, sans appuyer sur un bouton.
Comme toute V1, le Vision Pro souffre aussi de plusieurs bugs. L’OS redémarre de temps en temps, le mode démo (qui permet de prêter son casque) est capricieux, les fenêtres FaceTime se perdent derrière d’autres fenêtres… Rien que le fait qu’Apple s’apprête à rebooter les avatars 3D des porteurs dès visionOS 1.1 est la preuve que ce premier produit est plus expérimental que ses autres grands lancements. D’ailleurs, en parlant des Persona, pourquoi tant de haine ? Je les trouve plutôt réussis.
Quels risques pour la santé ?
Enfin, ce test de l’Apple Vision Pro ne peut pas se terminer sans un paragraphe dédié à la santé. Le futur de l’ordinateur peut-il être des écrans ultra-lumineux à quatre centimètres des yeux ? Et avec quelles conséquences ?
Ici, les avis des ophtalmologistes que j’ai interrogés divergent, faute d’étude sérieuse sur le long terme. Tous s’entendent néanmoins sur une chose : les écrans ont bel et bien un impact sur les yeux. Une utilisation prolongée du casque peut provoquer « une augmentation des maux de tête liée aux difficultés d’accomodation en vision de près » m’explique le docteur Hugo Disegni, du OPH 78 au Port Marly et de la Fondation Rothschild à Paris. Pour lui, le plus grand problème de la VR concerne l’absence d’humidité dans un casque. Il dit craindre « une aggravation de la sécheresse oculaire des patients » de par le caractère fermé de ces nouveaux ordinateurs. À terme, des gouttes pour soulager les yeux pourraient devenir indispensables.
En revanche, une orthoptiste interrogée par Numerama se dit agréablement surprise par le contrôle par le regard, qui pourrait aider les adultes à faire travailler leurs muscles. « C’est un grand problème en vieillisant, on ne fait plus bouger ses yeux ».
Quid des enfants et de la VR ? Les médecins interrogés par Numerama recommandent de ne surtout pas faire essayer la réalité virtuelle avant six ans, alors que les écrans 2D ne sont pas recommandés avant trois ans. L’objectif est de ne pas perturber le rapport à l’espace d’un enfant, qui pourrait être déstabilisé par ce piège virtuel.
La VR est-elle dangereuse sur le long terme ? Un autre ophtalmologiste que j’ai rencontré le pense, mais se montre assez fataliste. « Ça ne sert à rien de le dire, les gens veulent la technologie et ne vous écouteront pas ». Mais les gens voudront-ils de l’Apple Vision Pro et de ses successeurs ? Apple a plusieurs années pour vous convaincre de l’essayer. L’acceptabilité sociale du casque sera le déterminant final.
Le verdict
Apple Vision Pro
Voir la ficheOn a aimé
- L’informatique de demain, sans doute
- Le suivi des yeux est extrêmement efficace
- Les écrans sont délirants (on ne voit pas les pixels)
- Plusieurs usages donnent vraiment envie
- Le produit Apple le plus ambitieux de l’histoire
On a moins aimé
- Le poids, encore trop élevé pour un usage quotidien
- Les lois de l’optique (accommodation, sècheresse, champ de vision…)
- La société est-elle prête à l’accepter ?
- 4 000 euros… Est-ce bien raisonnable ?
Il est impossible de juger l’Apple Vision Pro sans l’essayer. En deux semaines, j’ai prêté le produit à 40 personnes, y compris des sceptiques, toutes ont été impressionnées.
En termes d’expérience utilisateur, l’Apple Vision Pro est bien la révolution annoncée. Le casque de réalité mixte réussit à abolir les frontières physiques de l’informatique grâce à des fenêtres virtuelles qui flottent dans un environnement réel. L’Apple Vision Pro est la première machine qui donne l’impression de faire communier le cerveau humain et l’ordinateur, notamment grâce à la justesse du contrôle par le regard. Il s’agit sans doute de sa plus grande prouesse.
Le problème de cette première génération est qu’elle est contraignante à utiliser. L’Apple Vision Pro est lourd, n’est pas adapté à la vue de tous et peut fatiguer au bout d’un certain temps. À 3 999 euros, Apple vend sa vision du futur, mais pas un produit conçu pour s’inscrire dans le quotidien de ses utilisateurs. À terme, un casque deux fois plus léger, avec moins de problèmes optiques et un prix sous les 2 000 euros pourrait être le faucheur de l’ordinateur tel qu’on le connaît aujourd’hui, en donnant envie aux gens de remplacer leurs écrans par un ordinateur qui se porte. Ça parait fou aujourd’hui, mais ça ne l’est plus après 14 jours d’essai.
Quoiqu’il en soit, l’Apple Vision Pro est une réussite que l’on a hâte de voir débarquer en France, espérons-le avec des nouvelles fonctions liées à l’intelligence artificielle qu’Apple dévoilera plus tard en 2024. Il n’est pas un produit que nous recommanderions au grand public, mais un appareil que tous les fans de nouvelles technologies désireront sans doute (au moins pour un essai). J’ai hâte de pouvoir l’utiliser tous les jours, mais il faudra sans doute attendre une V2 ou une V3.
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