Début juillet, Google annonçait non sans une certaine satisfaction le renouvellement de sa licence Internet Content Provider (ICP) auprès des autorités chinoises. L’affaire était pourtant loin d’être entendue, puisque les relations entre le pouvoir central chinois et la société américaine s’étaient tendues suite à la vague de piratage qui avait frappé Google fin 2009.

On se souvient par ailleurs que quelques jours avant le renouvellement de la licence ICP, Google avait déminé le terrain en acceptant de mettre de l’eau dans son vin. Pour montrer sa bonne volonté, Google avait accepté de ne plus rediriger automatiquement les internautes chinois vers la version hong-kongaise (et non-censurée) du moteur de recherche. À la place, Google avait placé un simple lien hypertexte.

Curieusement, cette affaire semble être à la fois une victoire et une défaite pour chacune des deux parties. Du côté de Pékin, on est évidemment ravi de voir que Google ne quittera pas le pays. Non seulement la société américaine reste sur place, mais en plus elle a accepté de revenir sur une mesure controversée, à savoir la redirection automatique des internautes chinois vers la version non-censurée du moteur de recherche hong-kongais.

L’autorité du gouvernement ne semble donc pas remise en question. Néanmoins, la Chine a étrangement accepté de fermer les yeux sur le lien hypertexte menant vers Google Hong-Kong, ce qui constitue quand même un véritable coup porté à la grande muraille virtuelle voulue par Pékin.

En ce qui concerne Google, la firme a le sentiment d’avoir bousculé la chape de plomb qui recouvrait l’Internet chinois tout en ouvrant une brèche dans la grande muraille virtuelle voulue par Pékin. Néanmoins, la firme américaine est malgré tout revenu dans un système où le blocage et le filtrage sont monnaie courante. Même si la Chine tolère manifestement le lien hypertexte, on imagine que la censure entrera très rapidement en action dès les premières recherches.

Or dans cette histoire, Google en sortira peut-être plus affecté que Pékin. En effet, Andrew Leonard estime qu’Android, le système d’exploitation mobile soutenu par Google, est tellement malléable qu’il fera vraisemblablement le bonheur des censeurs chinois. Les fabricants chinois pourront à loisir conserver le système d’exploitation et virer tout le reste.

D’aucuns estiment d’ailleurs que le renouvellement de la licence ICP s’est fait au prix de certaines contreparties, notamment au niveau du système d’exploitation mobile Android. C’est notamment le cas de Bernard Benhamou, le délégué aux usages de l’Internet (Secrétariat d’Etat chargé de l’Economie Numérique – Ministère de la Recherche) qui explique sur Twitter, en s’appuyant sur l’article d’Andrew Leonard : « contrepartie pour la licence Google en Chine : le système Android autorisé…et muselé« .

Mais est-ce réellement un sacrifice pour Google ? D’une part, ce n’est pas une surprise de voir la Chine se pencher avec attention sur l’Internet mobile. Le nombre de mobinautes chinois début 2010 avoisinait les 233 millions d’individus. D’ici quelques années, ce chiffre devrait probablement quadrupler, puisque les projections indiquent qu’en 2014, le nombre de mobinautes aura franchi le cap des 957 millions d’utilisateurs.

Dans ces conditions, on imagine mal Pékin laisser les systèmes d’exploitation mobiles sans surveillance, qu’il s’agisse d’Android ou de n’importe quel autre concurrent. D’autre part, rappelons également qu’Android est un système d’exploitation libre. De ce fait, les fabricants de mobiles peuvent tout à fait proposer une version de l’O.S. qui est conforme avec les désirs du gouvernement central.

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