L’OCDE est une organisation très respectée par les gouvernements de ses trente pays membres. Les statistiques qu’elle établit régulièrement sur de nombreux sujets économiques servent souvent de base à des propositions de polititique commune entre les pays signataires de la Convention.
Ses observations et son opinion sur le Peer-to-Peer sont donc de première importance au moment où les pays membres se préparent à réformer encore une fois leur droit d’auteur pour faire obstacle au développement des réseaux de partage de fichiers. Son rapport relatif aux réseaux P2P dans les pays de l’OCDE, riche en documentation et d’une fiabilité technique appréciable, ne passera pas inaperçu.
L’OCDE remarque tout d’abord la montée croissante de la population globale du Peer-to-Peer. Avec un total proche de 10 millions sur l’ensemble des réseaux étudiés, 30% d’utilisateurs en plus étaient connectés simultanément en avril 2004 par rapport à 2003. « Une part de cette montée régulière des autres réseaux peut être expliquée par le fait que les consommateurs ont – suite à un nombre croissant de plaintes contre les utilisateurs de P2P – quitté les réseaux FastTrack qui sont les plus souvent contrôlés« , explique le rapport. Les données fournies par BigChampagne démontrent bien ce passage de Kazaa vers les autres réseaux :
Dans sa répartition mondiale, le P2P a connu en 2004 une profonde régression de la population américaine au profit des européens et des canadiens. Le Canada est en effet le pays qui a bénéficié de la plus forte croissance entre janvier 2003 et 2004. Les utilisateurs du grand nord américain ont gagné 4,5% de part supplémentaire, et comptent aujourd’hui pour 8% de l’ensemble du Peer-to-Peer mondial. Les français sont au coude à coude en représentant 7,8% de la population P2P. La France a ainsi gagné 4,4% de présence, tandis que les Etats-Unis ont chuté de -23,53%.
S’intéressant à la nature des contenus échangés, l’OCDE remarque que la musique représente une part de moins en moins importante des échanges, contrairement aux films et aux logiciels qui ont de plus en plus de succès. Là encore, l’Europe est devant. Des études « indiquent que les contenus vidéos sont plus populaires en Europe que dans les autres pays de l’OCDE« , rappelle l’organisation. « C’est dû en partie au fait que la technologie P2P la plus utilisée en Europe (eDonkey) est particulièrement utile pour partager de gros fichiers (600 Mo et plus)« .
Là où la croyance populaire veut que les internautes se mettent à pirater des films parce qu’ils ont accès à Internet à haute vitesse, l’OCDE constate que « c’est en fait la disponibilité du contenu qui motive l’envolée du haut-débit et non l’inverse. On s’abonne au haut-débit pour utiliser eDonkey, on ne se met pas à utiliser eDonkey parce que l’on a du haut-débit. Derrière cette remarque anodine se cache un rappel de la part de l’organisation chargée d’encourager au développement économique de ses membres. Si le haut-débit se développe et apporte avec lui toute une nouvelle économie, c’est en grande partie parce que le P2P existe et que le haut-débit lui permet de croître. S’attaquer au Peer-to-Peer sans mesurer pleinement les conséquences sur toutes les industries serait dangereux.
« [Le P2P] pourrait être l’un des facteurs les plus importants qui changeront la façon dont ont délivre du contenu numérique« , commençait le rapport.
Il finit par cet encouragement à une parfaite neutralité technologique si les pays membres souhaitaient s’attaquer au Peer-to-Peer : « Le P2P n’est pas simplement du téléchargement de fichiers MP3. En fait, le partage de fichiers a déjà bougé vers le niveau supérieur et sera utilisé pour tous les types d’informations en ligne, la distribution de données, le grid computing (ressources distribuées, ndlrc) et les systèmes de distributions de fichiers.«
Lire le rapport :
http://www.oecd.org/dataoecd/55/57/32927686.pdf
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