La montée en puissance des drones sur le champ de bataille pose la question de l’avenir des hélicoptères d’attaque comme le Tigre. Dans l’armée française, la réflexion de son successeur se pose déjà, alors qu’il arrivera seulement dans une vingtaine d’années. Principale question à résoudre : faut-il encore miser un hélicoptère traditionnel ?

Ce n’est pas demain la veille que l’hélicoptère d’attaque Tigre quittera le champ de bataille. En service depuis 2005, l’engin doit encore continuer à voler jusqu’en 2040 ou 2045, selon le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Au-delà, se posera la question de renouveler cette capacité de l’armée de terre — car c’est elle qui la met en œuvre.

Si l’après-Tigre ne surviendra que dans deux décennies, la réflexion doit toutefois s’engager maintenant pour déterminer les orientations techniques et opérationnelles du futur hélicoptère. À titre d’exemple, les premiers travaux autour du Tigre ont démarré au milieu des années 70 — soit trente ans avant ses débuts dans l’armée.

Sur le papier, il était naturellement acquis que le successeur de cet hélicoptère d’attaque serait aussi un hélicoptère d’attaque, mis en œuvre par un équipage de deux militaires. Sauf que l’avènement des drones (qui sont massivement utilisés sur le théâtre ukrainien), de la robotique et de l’intelligence artificielle chamboule tout.

Quel choix faire pour remplacer le Tigre ?

C’est dans ce contexte que Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre, a questionné publiquement la question de l’évolution capacitaire qu’il faudra donner à l’aviation légère. Dans une publication sur LinkedIn écrite le 16 février, il explique que la question de la nature de l’après-Tigre « se pose », au regard des avancées technologiques.

L’intéressé fait d’ailleurs remarquer que d’autres armées dans le monde ont la même interrogation. Certaines ont déjà fait leur choix : le Japon veut remplacer ses hélicoptères d’attaque et de reconnaissance par des drones et les États-Unis ont renoncé au programme Future Attack Reconnaissance Aircraft, vu l’évolution du champ de bataille.

Une attaque de drone aérien ukrainien contre un drone terrestre russe. // Source : Rubak
Une attaque de drone aérien ukrainien contre un drone terrestre russe. // Source : Rubak

Le champ de bataille en question, c’est bien sûr la guerre en Ukraine. Le patron de l’armée de Terre explique que des « enseignements tactiques » sont évidemment tirés de ce conflit, mais que ceux-ci « ne sont pas encore tous tirés ni stabilisés ». De nouvelles surprises opérationnelles, tactiques ou même stratégiques peuvent survenir.

Et en la matière, il vaut mieux ne pas se tromper : « l’erreur se paie « cash », et cher, au détriment du contribuable d’abord, mais surtout au détriment de l’efficacité opérationnelle, et donc de la sécurité de la Nation ». À cela, il y a aussi des considérations de souveraineté et d’industrie qui interviennent. Le Tigre est construit par Airbus Helicopters, par exemple.

« L’erreur se paie cash. »

Pierre Schill

À la question de savoir quel choix fera la France concernant son hélicoptère d’attaque (place de l’équipage, place de la robotisation et de l’IA, place pour les drones, etc.), Pierre Schill n’apporte pas de réponse. Le débat est en cours, d’autant qu’il y a la question du coût et de la nécessité de « faire masse » en cas de conflit de haute intensité.

C’était un autre enjeu soulevé par Sébastien Lecornu, en février 2023, lors d’une audition. « Le vrai sujet, c’est le saut technologique. J’ai demandé aux armées de regarder si ce qui est imaginé pour le standard 3 [du Tigre] correspond bien à ce qu’on veut technologiquement », a-t-il expliqué aux membres du Sénat.

« Est-ce qu’on n’aura pas un super hélicoptère déjà démodé [avec les drones] ? J’assume poser la question publiquement », a-t-il ajouté, dans des propos repris par Opex360. « Si l’hélicoptère est génial, mais qu’on ne peut qu’en acheter seulement quelques-uns, ce sera une difficulté », a-t-il prévenu. Cela vaut aussi pour son successeur.

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