Très remonté contre Google, qu’il perçoit comme une menace pour l’identité blanche, Elon Musk en veut aussi à Microsoft. Le milliardaire s’étonne de devoir se connecter à un compte pour configurer son nouveau PC et se demande s’il ne s’agit pas d’une ruse pour contrôler les pensées.

L’image d’Elon Musk, longtemps associée à celle d’un entrepreneur brillant, est aujourd’hui largement troublée par ses obsessions idéologiques de plus en plus radicales. Persuadé que le « wokisme » et l’inclusivité sont des virus en train de ravager la planète, le milliardaire utilise désormais son compte X (ex-Twitter) pour faire du militantisme politique.

Elon Musk relaye souvent des théories complotistes à ses millions d’abonnés, parfois en les écrivant lui-même, parfois en répondant à des inconnus, ce qui pour effet de booster leurs publications en raison du fonctionnement de l’algorithme du réseau social.

Le milliardaire est sûr qu’une guerre culturelle est sur le point d’éclater, et ne raisonne plus que du point de vue des États-Unis et des hommes blancs américains. Il alimente lui-même les batailles d’idées sur la plateforme qu’il a rachetée 43 milliards de dollars. Sa mobilisation sur ce terrain est telle que beaucoup craignent que cela nuise à la réputation de Tesla et de SpaceX.

Est-il au courant de ce risque ? Si c’est le cas, cela ne le freine pas. Le week-end du 24 février 2024, Elon Musk a multiplié les provocations du genre, en admettant lui-même qu’il relayait parfois des « théories du complot d’extrême droite », en affirmant qu’elles se révèlent souvent vraies. Si la plupart ne méritent pas d’être relayées, son achat d’un nouveau PC Windows est représentatif de son virage idéologique. En effet, il le suspecte de vouloir propager du wokisme.

Pour Elon Musk, l'épisode Gemini est la preuve que sa thèse sur le remplacement des blancs est vraie.
Pour Elon Musk, les déboires de Google sont la preuve que sa thèse sur le remplacement des blancs est vraie. // Source : X

L’IA de Microsoft va-t-elle rendre les gens woke ?

Le 25 février, entre deux tweets sur Joe Biden et une désinformation sur des migrants tueurs, Elon Musk s’est offert un nouveau PC. Le génie de l’informatique s’est offusqué de devoir créer un compte Microsoft pour configurer son ordinateur, tout en faisant un drôle de raccourci entre cette « obligation » et le fait qu’il laisserait à l’intelligence artificielle de Microsoft un accès à ses données. Évidemment, c’est faux. On peut créer un profil sans compte Microsoft (même si ce n’est pas évident) et l’IA n’a pas accès à vos données automatiquement.

Le premier tweet d'Elon Musk sur son PC Windows.
Le premier tweet d’Elon Musk sur son PC Windows. // Source : X

Après avoir accusé Microsoft de tous les maux pendant plusieurs heures, Elon Musk a finalement réussi à configurer son ordinateur sans compte.

Quelle était l’origine du problème ? Une erreur de sa part, puisque son PC s’était connecté à Internet sans qu’il ne s’en aperçoive, qui plus est sur un réseau public probablement non sécurisé (et donc plus dangereux pour ses données qu’un compte Microsoft…). Mais bon, Elon Musk ne s’est pas remis en question, car il a continué à crier au complot de Microsoft après s’être authentifié.

Finalement, Elon Musk s'était trompé.
Finalement, Elon Musk s’était trompé. // Source : X

Sa réaction a été d’envoyer un SMS à Satya Nadella, le patron de Microsoft, pour se plaindre. Le milliardaire a ensuite diffusé des théories selon lesquelles Microsoft pourrait éteindre un PC à distance si ce qu’il dit n’est pas inclusif, en relayant des tweets de son ami, Ian Miles Cheong, souvent accusé de relayer des théories racistes et homophobes en ligne.

Microsoft proscrit effectivement les messages haineux dans ses services en ligne… mais ne dit pas qu’il désactiverait un PC si une personne commet ce genre d’infraction. Rien ne prouve d’ailleurs que Microsoft a déjà désactivé un compte Copilot en raison des écrits d’un individu.

Malgré son erreur, Elon Musk pense que Microsoft impose un compte pour contrôler ce que disent ses utilisateurs.
Malgré son erreur, Elon Musk pense que Microsoft impose un compte pour contrôler ce que disent ses utilisateurs. // Source : X

Malgré cet emballement excessif et anecdotique, la plupart des fans d’Elon Musk sélectionnés par l’algorithme encensent le propriétaire de Twitter, qu’ils remercient de diffuser la vérité sur Microsoft. Beaucoup diffusent aussi leurs propres théories du complot, notamment sur le fondateur de la société, Bill Gates (Elon Musk a lui-même réalisé un photomontage), ce qui ne fait qu’amplifier la diffusion de fausses informations.

Le week-end anti-Google d’Elon Musk

Comment expliquer ce virage anti-Microsoft ? Et surtout, qu’est-ce qui a causé ces vives remontrances de la part de l’entrepreneur américain ? La semaine passée a montré un Elon Musk particulièrement agacé envers l’un des géants du net : Google. En cause ? Le fonctionnement de Gemini, son intelligence artificielle.

Il a en effet été constaté que Gemini génère des images historiques avec des personnes racisées. Conséquence : le milliardaire se dit très préoccupé par les entreprises qui veulent effacer les Blancs. Lui et ses amis de « l’alt-right américaine » ont inondé Twitter de contenus anti-Google. Ils reprochent à Gemini de refuser de dire des choses racistes, sexistes ou transphobes pour le bien de la planète, tout en suspectant une complaisance sur la pédophilie, une thématique récurrente dans la sphère complotiste.

Ce débat soulève évidemment des questions importantes : une IA doit-elle toujours se censurer ? Est-elle capable de prendre des décisions raisonnées ? Comment apporter de la diversité dans la représentation d’une IA sans se tromper sur un plan historique ? Et ainsi de suite.

Cependant, l’obsession d’Elon Musk et sa façon d’attaquer le débat empêchent toute discussion raisonnable sur la manière dont les algorithmes sont formés et entraînés. La focalisation d’Elon Musk sur ces thèmes est telle, d’ailleurs, qu’Elon Musk, offusqué qu’une intelligence artificielle ne puisse pas diffamer des individus, a fini par lancer Grok, une IA autorisée à insulter.

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