En renouvelant son partenariat avec Ray-Ban, le groupe Meta a du cran.
Après de très mauvaises Ray-Ban Stories en 2021 (des lunettes connectées difficiles à réparer, vulnérables à l’eau et trop sensibles à la chaleur…), la maison mère de Facebook a lancé fin 2023 la seconde génération de ses lunettes connectées dans un contexte très délicat. Snap, Bose et Huawei ont tous délaissé ce marché, faute de demande. Meta mise de son côté sur une stratégie agressive, en imposant son partenariat avec Ray-Ban chez tous les opticiens de France. Au risque de perdre énormément d’argent.
Du 27 décembre au 19 janvier, Numerama était aux États-Unis à l’occasion du CES de Las Vegas, d’une visite de la baie de San Francisco et d’un événement Samsung. L’auteur de cet article a profité de ce déplacement pour prendre quelques jours de vacances et boucler un road-trip dans le désert. Les lunettes connectées sont-elles l’accessoire ultime pour prendre des photos ? Voici le test des Meta Ray-Ban, des lunettes connectées commercialisées à partir de 329 euros.
Points forts
- Le design Ray-Ban
- La qualité de l’appareil photo
- Le potentiel de l’IA dans des lunettes
- Plein de modèles et de verres différents
Points faibles
- Les haut-parleurs embarqués ne sont pas très bons
- Meta AI ne parle pas français
- Les lunettes ne sont toujours pas étanches
- Il vaut mieux prendre des verres transparents
Les lunettes connectées ont enfin un intérêt : prendre des photos
Les premières Ray-Ban Stories n’étaient pas très bonnes en photo. Il faut dire que les lunettes connectées de Meta se contentaient de capteurs de 5 Mpix… Une définition suffisante pour réaliser des stories à la volée dans la rue ou sur un vélo, mais pas pour immortaliser des souvenirs.
Avec sa seconde génération, Meta passe de 5 Mpix à 12 Mpix. Les photos prises avec les lunettes (en appuyant sur le bouton sur sa branche droite) disposent d’un ratio vertical. Un choix curieux puisque la vue humaine est horizontale, mais l’ultra grand-angle de l’optique permet de dépasser très largement sur les côtés. En faisant le choix du vertical par défaut, Meta vise sans aucun doute les réseaux sociaux, son principal fonds de commerce.
Les photos réalisées par les Meta Ray-Ban sont d’une définition de 3024 par 4032 pixels. Les vidéos, au même format, mesurent 1400 par 1920 pixels. Le stabilité est excellente, au même titre que la gestion des couleurs. Mais, malheureusement, l’exposition est rarement aussi éblouissante qu’en mode photo. Faute de la puissance de calcul nécessaire, les lunettes réduisent leur champ de vision pour augmenter la stabilisation et font l’impasse sur le rendu HDR.
Les Meta Ray-Ban excellent surtout en photo, puisque la qualité des images prises équivaut souvent celle d’un iPhone. On ne recommande pas vraiment ces lunettes pour remplacer une GoPro, mais plutôt pour prendre des photos facilement en vacances. La seule contrepartie est un délai de 2 à 3 secondes quand on appuie sur le bouton, qui peut être peu pratique pour capturer de l’instantanné.
Autre changement important : les lunettes disposent d’un stockage de 32 Go, contre 4 Go auparavant. C’est assez pour prendre plusieurs dizaines de vidéos sans avoir à effectuer de synchronisation avec son smartphone, même si l’autonomie est plutôt faible quand on utilise beaucoup les fonctions photo/vidéo (une recharge toutes les trois heures peut s’imposer, au risque d’être privé du mode vidéo). Le boîtier intègre une batterie, comme des AirPods. Il suffit de mettre les lunettes à l’intérieur pour leur redonner de l’énergie.
L’application Meta View, qui était un point faible il y a trois ans, est désormais élégante et efficace. Elle synchronise rapidement les contenus présents sur les lunettes avec le stockage du smartphone sans polluer la mémoire d’iOS ou Android. Puisque les photos sont datées, elles se mélangent parfaitement à celles de son smartphone. Seul petit conseil : faites un transfert une ou deux fois par jour, pour éviter d’avoir à attendre 15 minutes avec l’écran allumé pour tout récupérer.
Seul point faible évident : les photos de nuit. Sans surprise, l’ouverture du module photo est trop petite pour permettre à la lumière de rentrer dans l’obscurité, ce qui fait des photos très granuleuses. Mais peut-on vraiment reprocher à des lunettes de soleil de ne pas être bonnes de nuit ? Le jour où Meta lancera des lunettes connectées conçues pour un usage 24h / 24h, il lui faudra miser sur de plus grands capteurs, mais ce jour n’est pas arrivé.
Quoi qu’il en soit, l’usage photo/vidéo des Meta Ray-Ban est suffisamment convaincant pour donner envie de porter ces lunettes en permanence, même si le modèle reçu en test par Numerama n’offre pas une excellente protection contre les ultraviolets (UV). Il y a quelque chose de plaisant au fait de pouvoir découvrir de jolis paysages sans les regarder au travers de l’écran de son smartphone.
La musique est convaincante, l’IA est encore un gadget
Quid des autres usages ? En attendant les vraies lunettes de réalité augmentée Meta, avec un écran de projection, les Meta Ray-Ban se contentent de fonctions passives, qui ne diffusent pas d’informations visuellement. Parmi elles, il y a :
- La possibilité d’écouter de la musique en Bluetooth, grâce à des haut-parleurs au bout des branches. Ici, on parle d’un usage de dépannage. Le son est très trouble dans la rue et peut donner des migraines. Mais pour écouter de la musique en se reposant, c’est plus que passable.
- Un mode kit mains libres pour téléphoner, qui utilise les haut-parleurs et les cinq micros des lunettes. Le son est étrangement bien restitué, même si des écouteurs offrent un plus grand confort. Le travail de Meta avec ses micros est remarquable, on peut téléphoner sur un vélo sans que l’interlocuteur ne se rende compte de rien (mais les haut-parleurs ne restituent pas bien le son en mouvement).
- La possibilité de streamer une vidéo en direct sur les réseaux sociaux, avec pas mal de contraintes techniques (notamment au niveau de l’autonomie et de la température). Il faudra sans doute des lunettes plus avancées et connectées à Internet en permanence pour rendre cette fonction plus réaliste. Le démarrage d’un live passe par les applications Instagram ou Facebook, pas Meta View.
- La lecture de ses notifications, pour entendre quand on reçoit un message.
- L’assistant vocal Hey Meta… qui est très bridé en France. En anglais, il utilise un modèle de langage pour répondre à n’importe quel type de question, grâce à Meta AI. C’est prometteur (notamment grâce à sa capacité inexploitée de vision), mais pas encore naturel. Personne n’a l’habitude de parler à ses lunettes. Quoi qu’il en soit, Meta AI peut répondre à des questions très complexes (et dire des bêtises parfois), ce qui en fait un assistant nettement supérieur à Siri ou Google. En revanche, et c’est dommage, il ne peut pas configurer un minuteur ou accéder à des fonctions système, comme l’exploration d’une bibliothèque musicale. À l’avenir, les lunettes pourraient devenir le moyen principal d’interagir avec un assistant vocal, à la Iron Man.
Toujours les mêmes défauts
Contrairement à la première génération, les Meta Ray-Ban sont plus que convenables. Le prix de 329 euros peut faire mal, mais la qualité des lunettes de soleil et ses facultés photographiques peuvent justifier l’investissement. Voilà une première victoire pour Meta, qui dessine progressivement l’avenir de sa division lunettes sans en faire autant qu’un Apple Vision Pro ou un Meta Quest 3 (et la mutuelle peut rembourser).
Malgré tout, on ne peut pas s’empêcher de reprocher à Meta certains de ses choix. Les vis sont toujours différentes de celles utilisées par les opticiens, les lunettes ne sont pas étanches (prudence à la piscine) et, en toute logique, elles ne devraient pas pouvoir filmer longtemps l’été, puisque les composants électroniques risquent de trop chauffer (elles sont aussi un peu lourdes et plastiques). Des lunettes de soleil connectées qui perdent leur connectivité au soleil peuvent irriter, même si on ne peut qu’admettre que Meta fait beaucoup mieux. Cet accessoire est vraiment cool.
Le verdict
On a aimé
- Le design Ray-Ban
- La qualité de l’appareil photo
- Le potentiel de l’IA dans des lunettes
- Plein de modèles et de verres différents
On a moins aimé
- Les haut-parleurs embarqués ne sont pas très bons
- Meta AI ne parle pas français
- Les lunettes ne sont toujours pas étanches
- Il vaut mieux prendre des verres transparents
En attendant les vraies lunettes de réalité augmentée, celles qui permettront de consulter l’heure, de lire un message ou de regarder un film, les Meta Ray-Ban sont les premières lunettes connectées vraiment utiles au quotidien. Elles sont capables de prendre de véritables photos et vidéos, avec une qualité suffisamment élevée pour prendre place dans un album photo. Elles peuvent aussi servir de kit mains libres pour écouter de la musique, un podcast ou téléphoner. Bref, les lunettes de Meta ont enfin trouvé une utilité, particulièrement en vacances. Ray-Ban apporte une crédibilité à Meta, tout en proposant des verres de qualité.
Petit à petit, les Meta Ray-Ban deviennent davantage que des lunettes, notamment grâce à l’IA. La possibilité de demander à un assistant vocal de traduire ce que l’on regarde est enthousiasmante, même si le service ne parle pas encore français.
La première génération des lunettes connectées de Meta était mauvaise, la seconde fait mieux en tous points. Les Meta Ray-Ban font partie des rares produits qui changent la vie.
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