Depuis le 6 mars 2024, l’Union européenne est le seul territoire qui autorise l’installation de magasins d’applications alternatifs sur iPhone. Longtemps contrôlé exclusivement par Apple, le smartphone le plus populaire de la planète peut maintenant s’émanciper des règles de son créateur, au nom de la concurrence. Une mesure qui ne plaît logiquement pas à Apple, mais à laquelle la marque avait annoncé se conformer en janvier 2024. iOS 17.4, déployé la veille, active ces changements.
Évidemment, Apple ne se laisse pas totalement faire. Pour rendre l’émancipation de l’App Store compliquée, la marque a mis au point plusieurs mesures paralysantes pour les développeurs, qui sont plusieurs à avoir déclaré qu’ils ne changeraient rien dans l’UE en l’état. Le 5 mars, Apple a indiqué qu’il allait adoucir certaines de ses propositions.
Adieu le chèque de banque exigé par Apple
Pour créer un magasin alternatif d’applications sur iOS, il ne suffit pas de le vouloir. Apple avait initialement fixé deux conditions :
- Le développeur doit verser 50 centimes d’euro à Apple par téléchargement de son magasin, après un premier million de téléchargements sans taxe.
- Le développeur doit obtenir une lettre de crédit stand-by auprès d’une banque, pour garantir à Apple qu’il détient 1 million d’euros sur son compte bancaire. Apple disait vouloir s’assurer que le développeur avait les ressources pour garantir de la sécurité, mais excluait de fait beaucoup de développeurs.
Depuis l’entrée en vigueur du DMA, la règle a changé. Un développeur peut créer un magasin d’applications sans chèque de banque, si son compte existe depuis deux ans et s’il dispose une activité d’applications établie dans l’UE avec plus d’un million de premières installations annuelles. Les petits développeurs restent exclus, mais la garantie financière n’est plus obligatoire (elle reste possible).
La taxe de 50 centimes va-t-elle provoquer l’échec des magasins tiers ?
Pour le reste, Apple conserve son concept de « Core Technology Fee ». Un développeur a le choix entre :
- Le modèle actuel : 30 % de taxes sur les ventes dans l’Apple Store (15 % pour les petits développeurs). Il ne bénéficie pas des nouvelles API et du droit de vendre en dehors de l’App Store ou avec un moteur de paiement alternatif.
- Le modèle européen : Entre 17 et 20 % de taxes sur les ventes dans l’App Store (entre 10 et 13 % pour les petits développeurs), mais avec une taxe unique de 50 centimes par téléchargement au-delà du premier million d’installations. Le développeur peut vendre ses applications ailleurs ou utiliser son propre moteur de paiement dans l’App Store, avec 0 % de commission, mais avec la taxe de 50 centimes.
Ici, Apple ne rétropédale pas, mais la marque anticipe que des développeurs pourraient vouloir tester le nouveau système, puis revenir en arrière. Elle annonce qu’elle leur laissera cette possibilité plus facilement, avec un droit au retour en arrière valable une seule fois. D’une certaine manière, cela veut dire qu’Apple s’attend à ce que le nouveau système ne soit pas un franc succès, au vu des conditions délicates posées par la taxe de 50 centimes.
Les premiers concurrents de l’App Store devraient arriver dans les prochains jours. Mobivention et MacPaw sont les deux premiers éditeurs à avoir annoncé leurs magasins iOS.
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