Le virage technologique de l’armée française se poursuit. Outre les deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels qu’elle désire obtenir en 2032, la Grande Muette récupérera également un supercalculateur pour travailler sur l’intelligence artificielle (IA). Et cette fois, pas besoin d’attendre dix ans : la machine doit être livrée en 2025.
La décision a été annoncée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, le 8 mars, alors qu’il visitait l’École polytechnique, à Palaiseau (Essonne). Spécificité de la future installation, qui sera positionnée au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine) ? Elle sera « top secrète ». C’est ce qu’indique le ministère des Armées.
Un superordinateur pour du traitement top secret
Le superordinateur « sera tout simplement le plus gros dédié à l’IA et classifié en Europe. », est-il promis. Parmi ses futures tâches, « traiter des données secret défense et non protégées. » Ses performances pourront aussi être mises à disposition des entreprises françaises de la base industrielle et technologique de défense (BITD).
Les contours de ce superordinateur ne sont pas précisés. Dans le cadre d’un entretien aux Échos, le ministre n’a pas évoqué sa puissance de calcul. Il a toutefois révélé que cet investissement serait de l’ordre de 200 à 300 millions d’euros. Surtout, « il devra être suffisamment puissant pour qu’on ait le temps de le rentabiliser. »
Aujourd’hui, la nouvelle frontière en matière de calcul à haute performance s’appelle l’exascale. À ce niveau, les machines sont capables d’effectuer un milliard de milliards d’opérations chaque seconde. L’ère de l’exascale a été inaugurée en 2022 avec le premier modèle du genre, Frontier, opéré par le département américain à l’énergie.
Officiellement, Frontier est toujours le plus puissant du secteur — toutefois, les classements publics (comme le Top 500) sont incomplets, car certains systèmes de calcul à haute performance n’y figurent pas. C’est le cas, par exemple, de superordinateurs militaires. Le futur engin français devrait aussi en être absent.
Outre la BITD, l’installation pourra aussi profiter aux autres ministères, selon le ministre, mais ce sont surtout les forces armées qui doivent en tirer parti. « Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre », a souligné Sébastien Lecornu.
L’annonce de ce supercalculateur a eu lieu durant la présentation de la stratégie ministérielle sur l’intelligence artificielle, afin de faire de la France « un acteur majeur de l’IA militaire en Europe. » Une agence ministérielle pour l’IA de défense a été officialisée, dotée d’un budget de 300 millions d’euros par an et qui doit compter 300 spécialistes.
Cette agence, qui doit être lancée d’ici à l’été 2024 « aura pour mission de permettre à la France de maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances », est-il justifié. Elle pourra ainsi « orienter, anticiper et accélérer » l’emploi de l’IA militaire, pour la rendre « crédible et performante. »
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