« Ça te dirait de tester le smartphone le plus vendu sur Amazon ? » Quand on m’a fait cette proposition, j’aurais peut-être dû me renseigner sur le modèle avant d’accepter. « On a reçu le Samsung Galaxy A14 à la rédac’, tu peux venir le chercher quand tu veux. » Ah ! Un téléphone commercialisé au prix stratosphérique de 140 euros donc, qui n’est même plus disponible sur le site de Samsung malgré une commercialisation en janvier 2023.
Au quotidien, j’utilise un iPhone 14 Pro. Un modèle haut de gamme, aux performances sûrement disproportionnées pour mon usage, si ce n’est dans le domaine de la photo. C’est un point essentiel dans le cadre de mon activité professionnelle. À son lancement à l’automne 2022, mon iPhone coûtait 1 329 euros en version 128 Go. Le Galaxy A14 est donc environ dix fois moins cher. Et je me suis pourtant forcé à l’utiliser à la place de mon iPhone pendant une dizaine de jours.
Points forts
- Performances suffisantes pour les applis du quotidien
- Autonomie d’un peu plus d’une journée
- Prise jack et stockage microSD
Points faibles
- Qualité photo trop limitée
- Interface peu réactive
- Haut-parleur criard
- Écran LCD daté
De la difficulté du transfert de contenu
Le premier contact a été rude, très rude. Même si j’étais soulagé de voir que Samsung proposait l’application Smart Switch pour transférer mes données d’iOS à Android, la réalité a été bien différente. Pour cause, mon iPhone dispose de 1 To de stockage. C’est disproportionné, je vous l’avais dit, d’autant plus que je n’utilise que 250 Go de stockage environ. Le problème est que les 64 Go du Galaxy A14, avec 40 Go réellement disponibles, sont trop peu pour envisager le moindre transfert.
Pour tenter de contourner ce problème, je choisis de ne pas importer mes photos et de sacrifier plusieurs applications. Même résultat et totale incompréhension de ma part : je dépasse les 40 Go. Je réduis encore la voilure, mais rien n’y fait, le transfert échoue une nouvelle fois.
Me voilà donc réduit à configurer entièrement à la main ce nouveau téléphone. J’installe les applis une à une et me connecte manuellement à chacun de mes comptes (un bonheur de saisir à la main des mots de passe complexes)… Tant pis si mes photos et les archives de mes conversations n’ont pas été transférées, ce n’est finalement pas bien grave. Et, au bout d’une heure ou deux, me voilà paré.
Tiens, une mise à jour. Et une autre
Premier démarrage, première mise à jour. Difficile d’en vouloir à Samsung, c’est logique pour un smartphone tout juste sorti de sa boîte. Les mises à jour contiennent souvent des patchs de sécurité, il faut les faire. En revanche, je ne m’attendais pas à ce qu’elle dure presque une demi-heure.
Une fois terminé, le Galaxy A14 me propose de configurer le verrouillage par reconnaissance faciale. Il suffit de regarder une seconde le capteur photo frontal en forme de goutte pour enregistrer son visage. On est loin de la sécurité permise par Face ID et la myriade de capteurs en façade des iPhone, mais c’est mieux que rien. Je me demande malgré tout si, comme plusieurs de mes tests dans le passé l’ont prouvé, le Galaxy A14 est capable de résister à une usurpation d’identité avec une photo imprimée.
Une fois cette étape passée, j’ai dû installer une nouvelle mise à jour, avec un redémarrage surprise. La dernière, heureusement.
L’épreuve de la reconnaissance faciale
Premier déverrouillage avec mon visage, ça ne fonctionne pas. Je réessaye par acquit de conscience : ça fonctionne. On est loin de la presque instantanéité d’un iPhone, mais il est possible de ne pas taper son code à chaque fois (il y a aussi un capteur d’empreinte sur le côté). Autre constat : l’écran ne s’active pas lorsqu’on lève le smartphone. Il faut donc absolument appuyer sur le bouton situé sur la tranche droite pour le réveiller.
Globalement, l’ergonomie du Galaxy A14 est parfois troublante. Les boutons sont difficiles à atteindre, tandis que son interface répond parfois lentement. C’est peut-être la principale différence avec un smartphone haut de gamme.
Le jeu vidéo ? C’est possible
Cette semaine avec le Galaxy A14 m’a appris une chose : tout est lent sur le smartphone le plus vendu de France. Lancer l’appareil photo pour la première fois prend plusieurs secondes, tandis que les 4 Go de RAM de l’appareil ne sont pas suffisants pour faire fonctionner plusieurs applications simultanément. Quand on jongle entre elles, on assiste souvent à leur lancement complet ; encore quelques secondes de perdues qui s’ajoutent aux autres.
Malgré tout, son modeste processeur MediaTek Helio G80 ne s’en sort pas si mal. Ce n’est pas un foudre de guerre, mais j’ai été surpris de pouvoir jouer confortablement à Real Racing 3. Ce n’est pas aussi fluide que sur un smartphone haut de gamme et il manque un paquet de détails (les reflets sur les carrosseries se distinguent à peine), mais c’est jouable sans aucun problème.
Côté performance réseau, il faut savoir que ce Galaxy A14 n’est qu’un modèle compatible 4G, Mais même sans 5G, je n’ai jamais pesté contre une quelconque lenteur de téléchargement d’application ou de page web. En fait, je ne m’en serais peut-être même pas rendu compte si Samsung ne l’avait pas indiqué dans ses caractéristiques. De quoi méchamment remettre en question l’apport de la 5G.
La photo, le vrai point faible
Quid de la photo, le point essentiel dans mon utilisation d’un smartphone ? On trouve trois capteurs au dos de l’appareil (un appareil photo principal, un ultra grand-angle et un dispensable capteur macro).
Sans surprise, l’écart de performance est immense et le mot est faible. Il faut saluer ici l’effort consenti par Samsung pour créer en moi une grande sensation de nostalgie : je me suis revu dans les années 2000 avec mon inoubliable Sony Ericsson K700.
Exemple avec cette photo prise juste avant un concert à l’Olympia. Certes, les conditions étaient difficiles, la salle encore éclairée et la scène ultra sombre, mais j’ai beau avoir fait le point avant de lancer la capture, le cliché était entièrement flou, sans parler du lissage et des aplats appliqués par le traitement d’image.
Même chose pour ce tableau très complexe de Théodore Rousseau, le Galaxy A14 ne rend absolument pas justice à la richesse de cette peinture.
J’en ai pris cinq comme celle-ci, aucune n’était nette. Gare à ne pas utiliser par erreur l’objectif macro et son capteur de 2 mégapixels… Malheureusement; les deux autres capteurs sont à peine plus performants. L’ultra grand-angle de 5 Mpix est également à la peine, aussi bien sur le traitement d’image que l’optique, tout comme le grand-angle de 50 Mpix ; même si c’est lui qui s’en sort le mieux.
Écran LCD, dos en plastique
En plus, le tout s’affiche sur un écran loin d’être incroyable. La dalle au format 20:9 est de technologie LCD, avec définition de 1 080 x 2 408 pixels. Sa densité de 400 pixels par pouce est suffisante, mais ses performances sont en revanche loin de ce que l’on retrouve sur les téléphones à partir du milieu de gamme. N’espérez pas obtenir les noirs parfaits de l’OLED ou une luminosité homogène sur l’ensemble de la dalle, avec quelques fuites de lumière dans les coins inférieurs (à noter que le Galaxy A15, son successeur bientôt commercialisé, introduit de l’OLED dans la gamme).
Enfin, les bordures de l’écran sont très larges, plus encore en bas du téléphone ou elle atteint carrément un centimètre. Le reste du design est à l’avenant avec une magnifique coque en plastique strié, du plus bel effet qualitatif. Malgré l’emploi de ce matériau, reconnaissons au moins à Samsung un assemblage impeccable qui ne souffre d’aucun craquement intempestif, c’est déjà ça.
Un haut-parleur trop faible
Comme beaucoup, j’ai pris l’habitude de téléphoner avec mon appareil en mode haut-parleur libérer mes mains, ce qui est pratique lors d’interviews où lorsque l’on a besoin de prendre des notes. Là encore, le statut entrée de gamme du Galaxy A14 se fait sentir. Son seul et unique haut-parleur situé sur la tranche inférieure fait mal aux oreilles.
Même en écoutant le son d’une vidéo bien enregistrée, c’est compliqué, alors imaginez une conversation avec une qualité téléphonique. Ça grésille, ça sature, on est à deux doigts de ne rien comprendre, sans compter la fatigue auditive au bout de seulement quelques minutes. On se consolera avec la prise jack de 3,5 mm que Samsung a eu le « courage » de conserver. On passe le bonjour à Phil Schiller au passage.
Le verdict
Samsung Galaxy A14 4G
Voir la ficheOn a aimé
- Performances suffisantes pour les applis du quotidien
- Autonomie d’un peu plus d’une journée
- Prise jack et stockage microSD
On a moins aimé
- Qualité photo trop limitée
- Interface peu réactive
- Haut-parleur criard
- Écran LCD daté
Après ce festival de défauts et de mauvaise foi — avouons-le —, il faut toutefois se rendre à l’évidence. Malgré ses insuffisances technologiques héritées des meilleurs smartphones d’il y a dix ans, seule la qualité photo est vraiment éliminatoire. Nous avons tout de même survécu à cette dizaine de jours d’usage intensif. Alors certes, tout est lent, très lent quand on est habitué à un modèle haut de gamme qui répond au doigt et à l’œil. Mais ça fonctionne pour tous les usages classiques d’un smartphone : gestion des e-mails, rédactions de messages et publications sociales diverses et variées (on oublie quand même Instagram, la photo toujours), utilisations d’applis de transports ou de guidage GPS, consultation de sites web, etc.
Oui, on arrive à (presque) tout faire avec ce Galaxy A14. Il faut être patient et pas très exigeant, mais on y arrive. Finalement, ce téléphone a même eu le mérite de m’interroger sur le dimensionnement des appareils technologiques du quotidien. A-t-on vraiment besoin de toute cette puissance de calcul au creux de la main ? Dans 90 % des cas, non. Le reste se joue sur le confort d’usage et certaines utilisations professionnelles qui demandent réellement des performances accrues. Réfléchissez-y la prochaine fois que vous devrez choisir un nouveau smartphone.
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