L’armée ukrainienne n’avait jamais frappé aussi profondément. Deux sites industriels russes ont été touchés le 2 avril 2024 par une attaque de drone, à Ielabouga et Nijnekamsk dans la région du Tatarstan, à plus de 1 200 km de la frontière russo-ukrainienne. À Ielabouga, l’appareil kamikaze a touché une usine, où sont conçus les fameux drones Shahed d’origine iranienne. Une vidéo a rapidement été diffusée sur les réseaux sociaux montrant un avion de tourisme qui vient se crasher contre la manufacture.
Une source à Kiev a déclaré à l’AFP que le renseignement militaire ukrainien (GUR) était à l’origine des frappes et a confirmé que l’usine de Shahed était bien la cible. Les lignes de production n’auraient pas été directement touchées, les bâtiments détruits sur la vidéo seraient plutôt des infrastructures annexes. Le modèle utilisé n’a pas été divulgué, mais les experts se sont vite penchés sur ces nouveaux ULM téléguidés depuis l’Ukraine.
Les raffineries russes, nouvelle cible de l’armée ukrainienne
L’armée ukrainienne a déjà développé plusieurs modèles avec une large envergure et des hélices à l’avant pour frapper des cibles lointaines. Néanmoins, la forme de l’appareil, l’unique aile, le train d’atterrissage tricycle laissent penser qu’il s’agit d’un avion de tourisme transformé en un drone et chargé d’explosifs. L’Ukraine étant productrice d’avions de tourisme, le modèle le plus probable serait un A-22 Foxbat.
L’analyste militaire H I Sutton a déjà noté sur son blog que le A-22 modifié serait un nouveau drone ukrainien, dans sa liste des armes employées dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La mutation d’avion de commerce en appareil militaire n’a rien de nouveau. Les États-Unis et l’URSS opéraient déjà ce processus dans les années 1960. Le défi technologique repose plutôt dans l’autonomie (batterie ou réservoir), le guidage à longue distance pour piloter et la précision de frappe de la cible.
Une fois le modèle identifié, la seconde question serait : comment un avion de 9 mètres d’envergure a-t-il traversé le ciel russe pendant près de 7 heures ? Notons que la seconde frappe, du 2 avril, à Nijnekamsk, a ciblé la troisième raffinerie de pétrole russe. Le drone employé serait différent du A-22 modifié et n’a pas encore été identifié.
L’Ukraine multiplie les frappes en profondeur contre les infrastructures énergétiques depuis plusieurs mois, traversant les défenses anti-aériennes russes. 12 raffineries russes de pétrole ont déjà été touchées, soit 14 % de la production russe, estime Reuters. L’aide militaire occidentale à l’Ukraine étant freinée par des divisions politiques, l’armée a trouvé un nouveau moyen de répondre à la Russie, en perturbant sa première source de revenus. L’effet devrait se faire sentir au niveau international, puisque les prix ont déjà commencé à grimper.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.