Une seconde sur la langue… et c’est la panique. Depuis quelques années, plusieurs produits électroniques, qui ne sont pas faits pour être goûtés, renvoient un sentiment extrêmement désagréable en bouche. Un goût extrêmement amer apparaît d’abord sur la langue, puis s’étend dans toute la gorge. Boire n’y change rien : l’amertume reste pendant plusieurs minutes. Il faut manger pour atténuer son goût, mais ce dernier ne disparaît pas complètement.
Ce goût affreux, c’est le benzoate de dénatonium, aussi connu sous le nom de Bitrex (la marque qui l’exploite depuis 1960). C’est un sel au goût très amer, qui revendique fièrement d’être « la substance la plus amère au monde ». Comment s’est-elle retrouvée sur des cartouches de jeux Switch, dans des produits ménagers ou des piles ?
Un goût terrible pour sauver des vies
Le but du Bitrex est de dégoûter l’être humain ou les animaux. Il n’a pas d’odeur, ce qui ne le rend pas détectable à distance. Il faut le goûter pour comprendre de ce dont il s’agit.
Devenue un argument commercial pour certaines marques (Duracell vient de dégoter un contrat avec Apple pour équiper les piles du traqueur AirTag, avec des piles recouvertes de Bitrex), la substance vise à « sauver des vies ». Non toxique pour l’homme, malgré la sensation horrible qu’elle procure, elle incite la personne qui la goûte à la recracher immédiatement. Les enfants sont évidemment ses premières cibles, puisque ce sont eux qui aiment mettre tout et n’importe quoi à la bouche. « Les enfants sont naturellement avides d’explorer, de toucher, de goûter tout ce qui leur est nouveau. Porter à la bouche est le geste privilégié de la découverte », indique Bitrex sur son site.
Ainsi, l’enfant tenté de mettre une cartouche d’un jeu Super Mario dans sa bouche le regrettera immédiatement. En plus de recracher le jeu, il risque de passer plusieurs minutes à faire la grimace et à tenter d’atténuer le goût. De quoi lui donner une bonne leçon : il ne goûtera plus jamais un jeu Switch.
Les produits électroniques sont extrêmement dangereux
Dans un communiqué envoyé à Numerama, Duracell explique que les piles au lithium, qu’il fabrique, représente un danger inouï pour les enfants. Brûlure chimique, obstruction de l’œsophage, hémorragie interne… La liste des dégâts peut faire peur (de nombreux témoignages existent sur Internet). Ces dernières années, de plus en plus de produits utilisent des piles rondes, petites et faciles à avaler. Même chose du côté de Nintendo, qui est passé des disques ronds aux petites cartouches. L’acidité des piles est un danger absolu pour un organisme vivant.
Selon une étude menée par Duracell en Europe, 98 % des parents ne pensent pas aux piles à boutons quand ils réfléchissent aux risques pour leurs enfants. Pourtant, 44 % d’entre eux estiment possible que leurs enfants démontent une télécommande, une calculatrice ou une clé et tombent sur une pile ronde. L’enquête se conclut par le fait que 83 % des Français seraient prêts à payer plus cher pour que les piles soient protégées par une protection amère. Ce qui va évidemment dans le sens de Duracell.
En plus du monde de l’électronique, de nombreux produits ménagers, parfois liquides, utilisent du benzoate de dénatonium. L’objectif est le même : une personne commence à boire, est dégoûté par l’amertume et recrache. C’est la même chose que le vernis amer, pour arrêter de se ronger les ongles, qui utilise aussi du Bitrex. Enfin, un autre usage du Bitrex concerne les animaux, pour les empêcher de s’empoisonner en avalant un produit toxique. Le verra-t-on un jour dans d’autres produits, comme les câbles que rongent les animaux ?
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