De plus en plus volubile, Edward Snowden a peut-être perdu une occasion de tourner ses mains sept fois au dessus du clavier avant de taper. À force de parler de plus en plus, il fallait bien qu’il finisse par dire, sinon une bêtise, au moins quelque chose qui semble entrer en contradiction avec son système de valeurs.
C’est ainsi que pour dénoncer le coût de la surveillance et la disproportion des moyens employés dans la lutte contre le terrorisme, l’ancien agent de la NSA a affirmé mardi que ces moyens seraient bien mieux employés à financer la production de voitures autonomes. Il rejoint ainsi implicitement le parti de ceux qui estiment que les robots conduiront mieux que les humains (ce qui est difficilement contestable), ce qui pourrait aboutir à devoir interdire aux humains de conduire leur voiture.
Voiture connectée, voiture surveillée ?
Mais il n’y a pas de voiture autonome sans voiture connectée. Et qui dit voiture connectée dit voiture surveillée, ou « surveillable ». Pour rouler en toute sécurité, les véhicules autonomes doivent se connecter aux réseaux qui fournissent les informations sur l’état du trafic, signaler leurs propres incidents de parcours, et communiquer avec les véhicules aux alentours. C’est donc un instrument très utile pour les autorités ou les entreprises qui souhaitent traquer en permanence la localisation d’un véhicule et de son propriétaire, à des fins de surveillance ou de profilage marketing — c’est d’ailleurs sur des questions de partage des données que constructeurs de voitures et fournisseurs d’intelligences artificielles s’affrontent actuellement. Pour un individu qui prône à longueur de journée le respect de la vie privée, ce n’est pas un mince paradoxe.
Quelle sécurité des voitures autonomes ?
En outre, la sécurité des voitures autonomes reste une question de foi dans l’infaillibilité des systèmes de guidage. Or le piratage des véhicules à distance n’est pas un risque à prendre à la légère, comme l’ont montré des travaux de chercheurs qui ont pu prendre le contrôle de voitures par Internet, parce qu’elles étaient mal sécurisées. Il suffit d’une seule faille exploitable pour qu’une organisation criminelle quelconque puisse provoquer instantanément des milliers d’accidents.
Le risque d’un accident individuel est largement diminué en confiant le volant à une IA, mais le risque d’accidents massifs est fortement accentué par les voitures connectées. C’est d’ailleurs pour prévenir ce risque que des entreprises comme Tesla emploient des armées de hackers chargées de sécuriser au maximum les systèmes d’informations des véhicules, en anticipant au mieux les techniques que pourraient déployer des pirates mal intentionnés.
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