Le piratage à travers BitTorrent n’est pas mort, loin de là. La MPAA annonçait fièrement avoir mis fin à 40% des sites de liens illégaux, pourtant il suffit de jeter un oeil à l’annuaire BTsites.tk pour se rendre compte qu’il reste encore au moins 500 sites de torrents actifs. Nos confrères de Slyck rapportaient eux-mêmes récemment une liste des 10 meilleures alternatives à Lokitorrent, avec en numéro un celui que Cory Higgins décrit comme « le nouveau loki », TorrentSpy.com.
Loin d’être aussi naïves qu’on le dit sur ce point, les RIAA et autres MPAA n’ont pas pour but de mettre fin à BitTorrent en s’en prenant ainsi aux sites qui alimentent le plus le piratage dans le monde. Comme le décrivait Cyril Fiévet, le P2P est une hydre. Coupez lui la tête et il en repousse deux.
La stratégie des majors est simple : faire peur aux utilisateurs
Selon le communiqué publié par la MPAA suite à la prise de possession de Lokitorrent, le webmaster aurait accepté bon gré mal gré de donner à la MPAA un « accès et des copies de tous les logs et des données des serveurs liés à ses activités illégales sur BitTorrent, qui fourniront des indications menant à d’autres qui ont utilisé LokiTorrent pour s’engager dans des activités illégales« .
« Vous pouvez cliquer mais vous ne pouvez pas vous cacher« , affiche en gros l’association sur Lokitorrent.com. La MPAA envoie ainsi un message fort aux utilisateurs. Si vous utilisez un site de liens BitTorrent, vous prenez le risque que l’on vous retrouve et que l’on vous traîne devant les tribunaux.
En réalité, les logs de Lokitorrent n’apporteraient que très peu d’informations utiles dans cette chasse aux sorcières. Michael Ingram a pu interroger pour Skyck un ancien responsable de sites de liens BitTorrent, dit « Paul », qui s’appuyait sur le même moteur que le site de Lowkee. Sa conclusion est simple : « Ils n’ont rien, ils n’ont que du vent« .
Des logs peu bavards
Les logs montrent uniquement qui a téléchargé les fichiers .torrent, et pas qui les a effectivement utilisé pour télécharger des films. « Un fichier Torrent est simplement une clé ; la MPAA ne peut pas prouver qu’elle a été utilisée sur une serrure« , résume Ingram.
Les échanges entre les clients et les trackers, qui permettent de télécharger les fichiers, ne sont pas loggés. Tout d’abord détenir ces informations aurait justement été trop dangereux pour la sécurité des utilisateurs, et surtout ensuite ça aurait été totalement inconcevable d’un point de vue technique étant données les ressources qu’un tel log aurait demandé. « Les fichiers de logs grossissent à un rythme de 1Go par jour sur ce genre de sites, explique Paul. La plupart des responsables de sites BitTorrent les désactivent ou au moins les purgent régulièrement, de sorte qu’il est très difficile sinon impossible de savoir quels sont les plus gros uploaders.
Lokitorrent utilisait le tracker XBTT, qui ne stocke les informations que le temps d’une session. « Si vous le fermez la liste des utilisateurs actifs est immédiatement purgée de la mémoire et n’est PAS stockée sur le disque« , insiste Paul. La seule chose que la MPAA peut connaître, c’est le pseudonyme de ceux qui uploadaient les torrents (et non leur adresse IP).
De quoi rassurer les anciens amateurs de Lokitorrent, dont le webmaster Lowkee doit toujours expliquer ce qu’il a fait des $50.000 reçus pour se défendre. « La victoire n’est pas le seul résultat possible à un procès coûteux« , tient à rappeler Paul, qui semble penser que Lowkee a utilisé l’argent autant qu’il le pouvait mais qu’il n’a pas pu aller jusqu’au bout de sa démarche pour lutter. Il restera à justifier pourquoi les appels aux dons n’ont pas été coupés lorsque Lowkee fût approché par la MPAA pour négocier l’accord qu’il allait signer plusieurs jours voire semaines plus tard…
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