On attendait l’InnoRobo, le salon européen de la robotique, en grande partie à cause de lui. Lui, c’est Pepper, le dernier humanoïde de la firme Softbank, la plateforme robotique la plus populaire du Japon. Et bientôt d’Europe.

Présent à la Google I/O la semaine dernière, Softbank avait annoncé lors du rendez-vous de Google l’arrivée d’une plateforme de développement sur Android pour utiliser ce qui n’est encore qu’une plateforme, à la morphologie sympathique et au regard malicieux : le Pepper. Dernier né de SoftBank/Aldebaran, le Pepper prend la succession du Nao pour coloniser le monde avec des humanoïdes.

Ce mardi, au salon européen de la robotique InnoRobo, SoftBank s’est offert une place privilégiée : un village entier est dédié au robot. Loin d’être un hasard de calendrier, la société japonaise a en réalité saisi l’occasion pour introduire son robot déjà commercialisé au Japon, sur nos terres européennes. Toutefois, le robot reste mystérieux et des questions surgissent immédiatement : qelles seront ses utilisations ? Qui sont ses futurs clients ?

Au Japon, depuis quelques années déjà, le Pepper est utilisé par le grand public mais surtout par les magasins et les boutiques nippones qui ont trouvé en lui le moyen  d’inventer une nouvelle expérience client. Imaginez : vous entrez dans une banque et au lieu d’attendre qu’une personne au guichet vous réponde après une longue attente, un gentil Pepper s’approche vers vous et vous demande pourquoi vous êtes là et quel est l’objet de votre visite. Plutôt que d’attendre, le robot va vous orienter exactement vers ce dont vous avez besoin. Le Pepper serait incapable de remplacer le guichetier mais avec son interface et ses capacités technologiques, il pourra clairement changer votre relation au commerce.

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En somme, le Pepper est d’abord le robot du service, quel que soit ce service. Et c’est sur quoi Softbank insiste : la société commercialise et vend le robot  en tant que plateforme et c’est ensuite aux développeurs et aux sociétés de SaaS de construire l’expérience logicielle qui animera l’humanoïde.

Ainsi, dans le village SoftBank, la société a réuni ses premiers partenaires européens qui travaillent déjà sur la plateforme. Nous en avons rencontré un certain nombre afin d’avoir un panorama des futures utilisations du robot. Des sociétés japonaises, françaises, anglaises et italiennes sont déjà prêtes à proposer au monde des utilisations très pratiques du robot. On peut diviser les partenaires de SoftBank en deux grandes catégories : ceux qui ont décidé de faire de l’humanoïde un outil dans l’aide à la personne et ceux qui se concentrent sur l’expérience client.

Santé, éducation : le Pepper en actions et en émotions

Notre première rencontre, c’est avec ERM, une société française qui a développé pour les plateformes SoftBank — le Nao et le Pepper — une interface graphique de programmation simplifiée à destination des enseignants. Pour l’entreprise, le Pepper est l’occasion de changer les paradigmes de la classe mais il faut pour cela donner aux enseignants la capacité de prendre en main et de programmer facilement sur le robot.

Et c’est là qu’ERM intervient avec Avatarion, une application pour tablettes très simple avec laquelle l’enseignant peut en quelques manipulations préparer la leçon du jour. Si l’éducation nationale n’est pas particulièrement pionnière sur la robotique, ERM nous confie qu’en réalité, le Pepper rencontre un franc succès dans les écoles spécialisées pour les autistes. Le contact avec l’humanoïde permet de changer la relation à l’apprentissage pour les personnes souffrant de cette pathologie.

Pepper rencontre un franc succès avec les écoles spécialisées pour les autistes

Non loin, on trouve une société japonaise nommée Fubright, qui a été invitée par SoftBank après avoir remporté le concours de la meilleure application pour le Pepper au Japon. L’entreprise japonaise est à l’origine d’un jeu de stimulation intellectuelle adressée et aux personnes âgées et aux personnes souffrant de troubles mentaux, pensée d’abord comme une app iOS. Mais l’entreprise a rapidement compris le plus de Pepper quand il s’agit de s’adresser à des patients : le contact émotionnel entre l’homme et la machine. Un contact unique qui a poussé l’éditeur à développer son jeu sur le robot.

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Commerce, business : le Pepper et la cobotique du service

Ensuite, les exposants les plus nombreux sont bien entendu les sociétés qui ont choisi le Pepper pour créer des expériences client inédites. À ce titre, on a vu le robot être tour à tour barman, agent de sécurité dans les aéroports, vendeur, conseiller et même ouvreur à Roland Garros. Et c’est bien là la stratégie SoftBank : fournir une plateforme qui d’un point de vue hardware s’ouvre à toutes les utilisations mais dont la partie software est laissé à l’imagination du client. SoftBank nous confie qu’il faut imaginer le Pepper comme un iPhone lors de sa sortie, un support pour des milliers d’applications possibles.

Il faut imaginer le Pepper comme un iPhone lors de sa sortie : un support pour des milliers d’applications

Ainsi, IBM qui est là pour présenter l’intérêt de Watson pour le Pepper nous a montré comment le robot, aidé par une intelligence artificielle qui fonctionne dans le cloud, pouvait se transformer en ouvreur à Roland Garros. On note par ailleurs que Roland Garros est un des premier événement français à mettre le robot face au grand public. Et cela grâce à Watson, on le rappelle, faisait encore récemment danser le robot sous nos yeux ébahis. IBM affirme que Watson est aujourd’hui la meilleure IA disponible sur le robot, et il est vrai qu’à notre surprise les autres entreprises ne se concentrent qu’assez peu sur les capacités d’intelligence de la machine.

Le français Cylande, éditeur de logiciel pour la grande distribution, s’est aussi offert une application pour le robot. Mais la vision du spécialiste de la distribution est encore incertaine avec le Pepper. En effet, la présence encore très récente sur le territoire de l’humanoïde ne permet pas encore, selon eux, de savoir quelle réception les clients français réserveront au robot dans un magasin. Pour eux, le marché encore balbutiant se prête plus à de l’animation qu’à des solutions de long terme. Ainsi, Cylande promet une arrivée rapide des premiers Pepper dans des boutiques françaises — nous avons noté la date du 2 juillet, où le King Jouet de Lille recevra son premier Pepper grâce à la société. Avec cette expérience, la réception des clients sera l’élément qui permettra de décider si l’entreprise réitère avec le robot sur le long terme.

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Enfin, QBMT, une société belge, nous a montré une utilisation singulière du robot. En guise d’introduction, le directeur de la firme nous donne un contexte : les attentats en Belgique. Difficile d’imaginer comme cela ce que peut faire notre charmant humanoïde contre la radicalisation. Mais une fois que la société nous présente le Pepper en condition dans un aéroport, le robot se transforme en interface pour les clients afin d’enregistrer leurs billets et de se guider vers leur vol tout en utilisant ses caméras et ses capteurs afin de surveiller les mouvements et les identités des clients. Avec une technique de reconnaissance faciale qui pose de sérieuses questions éthiques, le Pepper est donc à la fois interface client et interface de sécurité.

Objectif grand public

Le village exposant de SoftBank est réservé à des utilisations business to business, mais nous voulions savoir si, comme au Japon, le Pepper serait disponible au grand public afin d’accueillir l’humanoïde dans nos foyers. Vincent Samuel, des relations presses de SoftBank Europe — ex-Aldebaran — insiste sur l’importance du b to b pour l’implantation européenne de Pepper mais n’exclut pas l’arrivée d’une commercialisation grand public. Déjà, et c’était l’objet de l’annonce de SoftBank ce matin, plus de mille Pepper arrivent en Europe. Un premier pas réservé aux professionnels mais qui n’est certainement pas le dernier pour la société.

Plus de mille Pepper arrivent en Europe

Dès lors, il se pose la question du logiciel : à la maison que faire d’un Pepper si on ne sait pas le programmer ? Pour répondre à cette interrogation, SoftBank fait appel à la même stratégie que pour le business : une plateforme, des applications. Il faudrait donc imaginer l’arrivée d’une boutique d’application sur le robot afin de faire évoluer son utilisation comme bon nous semble. Vincent Samuel nous explique que c’est d’ailleurs le sens de l’ouverture de la plateforme de développement à Android : il s’agit désormais pour la société de s’entourer d’une communauté forte de développeurs pour rendre toutes les utilisations possibles de l’humanoïde.

Snapchat pour le Pepper ? Et pourquoi pas ?

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