Les majors ont un rêve, celui de tout contrôler. Elles voudraient être capables de maîtriser ce qui est transféré entre l’ordinateur d’un particulier et un autre. Surtout, que pas une musique ou un film piraté ne passe ! Dans cette quête, les services de filtrage et de reconnaissance des contenus commencent à pleuvoir, et c’est autour de Philips de proposer ses solutions, dédiées aux films.

On connaissait Audible Magic, la première des sociétés à s’être fait connaître pour avoir mis au point une solution de reconnaissance des empreintes musicales des fichiers MP3. La RIAA leur avait servi de support publicitaire gratuit en demandant au Congrès américain, sur la base de cette technologie, de contraindre les éditeurs de logiciels de P2P à mettre en place un filtrage des chansons protégées par le droit d’auteur. Les éditeurs avaient alors mis en doute l’efficacité du procédé et demandé à ce qu’elle leur soit prouvée, ce qui n’a jamais été le cas.

Depuis, c’est le créateur de Napster qui fait parler de lui avec sa société Snocap. Shawn Fanning a lui aussi mis au point un système de reconnaissance sonore qui servira de base à une plateforme de P2P aux échanges contrôlés : Mashboxx (dont le lancement ne cesse d’ailleurs d’être repoussé).

En France, on notera que AdVestigo, plus discrète sur ses activités, semble agir sur le même créneau. La société a soulevé 3,5 millions d’euros de fonds en novembre 2004 pour se développer et compte la SCPP parmi ses clients.

Toutes ces sociétés ont en commun le fait de détecter les contenus à partir de méthodes heuristiques. « Un document est ainsi représenté par une ou plusieurs empreintes qui vont permettre de le retrouver ou de retrouver des parties de celui-ci au sein d’autres documents malgré des modifications substantielles apportées au contenu ou à son environnement« , explique AdVestigo, qui ajoute que son système « fonctionne comme une empreinte digitale ou une empreinte ADN« .

Des difficultés dans la reconnaissances des films

Jusqu’à présent, les efforts se sont surtout concentrés sur la musique, qui reste depuis Napster au centre des préoccupations lorsque l’on parle d’internet et de droit d’auteur. Néanmoins, Philips a choisi lui de se concentrer sur la vidéo et de s’attaquer au problèmes des films qui sont de plus en plus échangés et téléchargés, entre autres, sur les réseaux P2P.

Le procédé est très complexe. Il ne s’agit pas simplement de bloquer le « hash » d’un fichier, mais bien d’être capable de reconnaître qu’un fichier quel qu’il soit contient le film produit par un studio d’Hollywood, même s’il a été compressé, découpé en plusieurs bouts ou distribué dans le désordre. La technique n’est déjà pas tout à fait au point pour les chansons de quelques minutes, on peut imaginer qu’elle ne l’est pas du tout pour les films. Philips avoue d’ailleurs devoir encore beaucoup améliorer ses outils et travailler avec de nombreux ingénieurs sur la question.

Tout comme un outil de reconnaissance vocale qui a besoin d’une période d’apprentissage de la voix, les outils de « fingerprinting » tels que ceux mis au point par Snocap ou Philips doivent apprendre à reconnaître les différents films. Ceci demande au minimum de numériser l’ensemble des films et de les faire analyser par un logiciel créé spécialement. Un travail complexe qui pourrait prendre plusieurs années, pour un résultat bien incertain.

De son côté, Audible Magic pense qu’il suffit de se concentrer sur la bande sonore. « Utiliser la bande son est tout à fait censé pour beaucoup de titres« , explique le directeur de la société, Vance Ikezoye. « Cette faculté est réalisée, elle a été testée et elle fonctionne« , assure t-il.

Encore faut-il, une fois la technologie mise au point, que les éditeurs de logiciels de P2P ou les fournisseurs d’accès à Internet acceptent de les implanter. Ces derniers ayant majoritairement refusé de filtrer le réseau mondial, on peut douter de la capacité de l’industrie culturelle à imposer de tels mouchards sur les routeurs…

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