Avoir chez soi un grand jardin arboré dans lequel les enfants peuvent courir et les parents se détendre est quelque chose de très agréable, qui justifie à lui seul l’achat ou la location d’une maison. Mais les grands espaces de gazon peuvent aussi devenir une source d’agacements à répétition lorsque le printemps arrive et qu’il faut se mettre à tondre plusieurs fois par semaine, ou lorsqu’arrive l’automne et qu’il faut affronter le froid et la pluie.
Mais il existe depuis plusieurs années des robots qui tondent le gazon à votre place. Loin d’être de simples gadgets pour geeks, nous parions que ces robots tondeuses deviendront vite aussi courants dans les maisons que les machines à laver le linge, les lave-vaisselles ou les aspirateurs. On peut évidemment vivre sans, mais on s’aperçoit bien vite que c’est tout de même bien plus pratique de vivre avec et que l’on ne reviendra pas vers une tondeuse manuelle.
Il existe aujourd’hui de nombreux constructeurs et modèles différents de tondeuses-robots sur le marché. Citons par exemple Husqvarna (Automower), Robomow (iMow), Zuchetti (Ambrogio), John Deere (Tango E5), ou encore Honda (Miimo). En fonction des surfaces à couvrir et des technologies embarquées, ou plus simplement en fonction des marques, les prix peuvent aller de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers d’euros. De quoi faire réfléchir sur l’investissement.
Notre test porte ici sur un modèle de moyenne gamme : le Bosch Indego 1200 Connect. Présenté officiellement à un prix de près de 1700 euros, on le trouve en réalité à 1 300 euros en magasin en France, et même moins cher encore sur Internet ailleurs en Europe. C’est une somme conséquente, mais qu’il faut relativiser en fonction de ses besoins.
L’investissement dans un robot de tonte se justifiera beaucoup plus facilement avec une grande surface à tondre sur lequel vous passez deux heures par semaine (et qui nécessitait de toute façon souvent l’achat d’une tondeuse autoportée qui coûtait encore plus cher), qu’avec un petit jardin qui se tond en vingt minutes. Et puis surtout, c’est le choix du confort. Avoir une pelouse parfaitement tondue en permanence, sans efforts, qui n’en a jamais rêvé ?
Présentation de l’Indego 1200 Connect
Comme son nom l’indique l’Indego 1200 Connect est destinée à des terrains jusqu’à 1 200 m². Il s’agit de l’un des modèles de la gamme « Indego » créée par le constructeur allemand Bosch pour toutes ses tondeuses robots. Notez que celle-ci avait souffert d’une mauvaise réputation à cause de problèmes de fiabilité, mais il semble que ces erreurs de jeunesse soient désormais de l’histoire ancienne — quoique nous avons nous-mêmes expérimenté la perte d’une roue, mal accrochée par une vis qui n’est pas anti-vibration.
La grande spécificité de l’Indego 1200 Connect est d’être une tondeuse « connectée », qui peut donc être pilotée à distance avec une application mobile. Nous y reviendrons car les possibilités offertes par cette connectivité sont hélas sous-exploitées. Par ailleurs, elle dispose d’une certaine « intelligence » dans ses déplacements, avec une technologie appelée « Logicut » qui lui permet de diviser le terrain en de multiples zones à tondre et de procéder ensuite par zones en suivant des trajectoires parallèles, plutôt que de changer aléatoirement de direction dès qu’elle rencontre un obstacle, comme le font beaucoup des robots du marché. Selon Bosch, ce système Logicut permettrait de gagner 30 % de vitesse de tonte, ce que l’on veut volontiers croire.
Mais comment ça fonctionne une tondeuse robot ?
Une tondeuse robot est électrique, se recharge toute seule en retournant automatiquement sur sa station, et tond en coupant l’herbe avec de petits couteaux métalliques (qui ressemblent à des lames de rasoirs plus solides) fixés sur un plateau qui tourne à haute vitesse. Les morceaux d’herbe sont ainsi déchiquetés et retombent sur le sol, suffisamment fins pour se dégrader très vite. C’est ce que l’on appelle du mulching, qui a l’avantage non seulement d’éviter d’avoir à gérer l’évacuation des tontes, mais aussi d’enrichir le sol en fertilisant naturellement la terre avec les déchets organiques, ce qui favorise la densité et la santé du gazon — en contrepartie, il est conseillé de procéder tous les ans à une scarification de la terre pour la laisser respirer et éviter l’accumulation de mousse.
Pour éviter que la tondeuse passe chez votre voisin ou écrase vos parterres de fleurs, il est nécessaire de délimiter le terrain et les obstacles avec un fil périphérique, que l’on vient tendre en continu tout autour du jardin, en l’enfonçant à l’aide de piquets en plastique. Ce fil émet un signal radioélectrique qui est détecté par la tondeuse et lui permet de savoir qu’il ne faut pas aller plus loin, ce qui évite de retrouver votre tondeuse dans un plan d’eau. Au fil des semaines, le câble s’enfonce naturellement dans le sol et se retrouve recouvert par le gazon, ce qui le rend parfaitement invisible.
L’installation du câble périphérique peut être fastidieuse (comptez une journée pour un terrain de 1 000 m²) avec des centaines de piquets à enfoncer, et hélas Bosch impose de placer la station de charge sur le parcours de tonte, sur une ligne droite d’environ 5 mètres, ce qui limite fortement le choix de localisation de la station.
Mais globalement, l’installation se fait sans heurts et Bosch propose une vidéo très didactique qui évite de faire des erreurs. Notez toutefois que vous aurez des difficultés si vous avec des racines qui dépassent de plusieurs centimètres du sol (la tondeuse peut s’y retrouver coincée si elle passe dessus), ou si votre zone à tondre n’est pas d’un seul tenant, mais se retrouve séparée par un chemin empierré qui pourrait abîmer les lames. C’est à prévoir.
https://www.youtube.com/watch?v=Ledye9-8rnY
L’Indego 1200 Connect est fournie avec 250 mètres de câble périphérique. Bosch conseille de tout délimiter (ne serait-ce que pour faciliter les calculs du Logicut qui cartographie tout le jardin et ses obstacles), mais en pratique il est possible de ne pas faire le contour des arbres, puisque l’engin évolue lentement et changera de direction s’il tape contre quelque chose.
Pour des raisons de sécurité, le disque de coupe ne fait que 26cm de largeur, ce qui évite de se couper si l’on saisit l’engin sur un côté alors qu’il est en marche. Mais en contrepartie, cela veut dire que la machine laisse d’importantes bordures non tondues sur les côtés de la pelouse, puisque les lames ne peuvent pas les atteindre. Il faudra donc de temps à autres sortir le coupe bordure :
Notez aussi que l’Indego 1200 Connect n’est pas fournie avec un abri contre les intempéries. La station de charge est donc exposée aux pluies, ce qui n’est pas un gros problème puisque le robot est recouvert entièrement d’une coque plastique imperméable, par nature inoxydable. Mais elle est aussi et surtout exposée à la chaleur, ce qui peut dégrader la qualité de la batterie sur le long terme — interrogé à ce sujet, Bosch nous assure toutefois que la batterie sera changée sans frais par le SAV pendant toute la durée de vie du produit. Il peut être toutefois préférable de lui construire une petite maison qui viendra aussi égayer votre jardin…
Une fois l’installation réalisée, il n’y a plus qu’à choisir la hauteur de tonte, grâce à un sélecteur très facilement accessible depuis un capot sur le toit de la tondeuse (le robot peut ainsi tondre entre 2 et 6 cm de haut). Il suffit ensuite de lui demander de tondre, et elle fait le reste tout seul.
Elle dispose d’une autonomie d’environ 50 minutes entre chaque recharge, qui prend à peu près le même temps. Pour un terrain de 1 200 m², il faudra compter une bonne journée de 10 à 12 heures pour que l’ensemble de la pelouse soit tondue, mais l’avantage du robot est bien sûr qu’il peut passer tous les jours, voire la nuit (attention toutefois au bruit, l’Indego de Bosch étant un des modèles les plus bruyants du marché, même si c’est incomparablement plus silencieux qu’une tondeuse thermique). Vous pourrez aussi décider de le tondre uniquement deux ou trois heures chaque jour, et il reprendra automatiquement là où il a fini. Tout est programmable, soit directement sur la tondeuse grâce à son écran à l’arrière, soit plus simplement depuis l’application mobile.
Lorsqu’elle rencontre un obstacle, la tondeuse change automatiquement de direction. Les jeux des enfants ne risquent pas grand chose, même si notre crash test forcé a eu raison d’une pelle pour bac à sable.
Une tondeuse connectée, ça sert à quoi ?
La grande particularité de l’Indego 1200 Connect dans la gamme est qu’elle est livrée avec une connectivité sans fil gratuite, qui utilise les réseaux des opérateurs mobiles. Elle utilise automatiquement le réseau GSM qu’elle capte le mieux. Lors de l’installation, le propriétaire doit scanner un QR Code qui permet d’associer sa machine à un compte utilisateur, et qui permet donc ensuite de communiquer avec la tondeuse à distance.
L’application permet donc d’ordonner de tondre ou au contraire de rentrer sur la station de base, de programmer des plages horaires dans la semaine où la tondeuse doit se mettre au travail, d’être alerté si la tondeuse est coincée quelque part, ou encore de voir un plan de son jardin avec les différentes zones tondues. Elle permet aussi, depuis peu, d’activer une planification automatique des horaires de tonte, en fonction de la météo prévue et des besoins spécifiques à chaque saison — mais cette fonctionnalité prometteuse nous a paru hélas buggée, et devra être améliorée.
Le fait que la tondeuse soit ainsi capable de se repérer sur le terrain et d’afficher sa position (pas tout à fait en temps réel) ouvre grand le champ des possibles, en déportant une partie de l’intelligence sur les services connectés. On peut imaginer ainsi, ce qui n’est pas encore possible, de dessiner virtuellement plusieurs zones sur le plan du jardin, pour réaliser des plages horaires différentes selon ses besoins. Malheureusement l’utilisateur sera totalement dépendant des développements de Bosch, puisque le constructeur allemand n’ouvre pas son API.
Enfin, on peut regretter qu’il n’y ait pas d’autre connectivité possible et en particulier qu’on ne puisse pas commander la tondeuse directement en Bluetooth. D’autres robots tondeuses proposent ainsi un mode « télécommandable » très appréciable pour aller tondre semi-manuellement des zones qui ne sont pas délimitées.
Vos questions
- @VinDel44 Quel entretien à faire, quelle est l’autonomie, quelles limitations ?
L’entretien est très limité. Il faut changer les lames, ce qui est officiellement conseillé toutes les 100 heures de tonte, mais en réalité elles tiennent beaucoup plus longtemps. Comptez un jeu de lames tous les deux ou trois mois sur un grand terrain. Chaque jeu de lames coûte une quinzaine d’euros, mais on en trouve à tous les prix sur Internet. Il faut aussi de temps en temps soulever la machine pour dégager l’herbe qui a pu être accumulée (en particulier en cas de tonte sur herbe humide), et débloquer les lames qui peuvent se trouver coincées par un amas d’herbe séchée. Enfin, la mise à jour des firmwares est effectuée automatiquement par Bosch, à distance.
La batterie tient 50 minutes entre chaque recharge, qui se fait automatiquement par un retour sur la station de charge. Bosch n’a pas souhaité nous livrer d’estimation de la durée de vie de la batterie mais assure que ses cycles de charge sont spécialement étudiés pour assurer la durée la plus longue possible, et que le SAV changera la batterie en cas de problème, même hors garantie. Il n’est pas possible de la changer soi-même (en tout cas, pas sans tout démonter).
La principale limitation est l’absence de coupe des bordures, qui oblige toujours à un minimum de travail manuel. Nous n’avons pas eu l’occasion de tester la machine à l’automne ou à l’hiver, mais il sera intéressant de voir comment la machine se comporte avec les feuilles mortes, faute de pouvoir d’aspiration que l’on trouve avec une tondeuse thermique traditionnelle qui aspire les feuilles vers le bac. Aussi, pour ne pas endommager la batterie, la machine refusera de travailler à basse température.
- Headstrike85 Combien ça coûte ?
Environ 1 300 euros en magasin. Pour ce qui est des coûts engendrés, nous n’avons pas calculé la consommation électrique, mais ça revient de toute façon moins cher que l’essence à mettre dans une tondeuse manuelle. Il faut aussi penser au coût des lames, vendues environ 15 € les trois en magasins physiques.
- @Loran_Bernardi Quelle pente maximum ? Y a-t-il un GPS anti-vol ? Est-il possible de stocker l’herbe à un endroit ? Une caméra intégrée avec détecteur de mouvements ?
Bosch indique une pente maximale de 35 %, ce qui est très pentu. Notez que les aspérités du terrain sont très bien gérées par la tondeuse qui disposent de différents capteurs qui lui permettent de détecter si une roue patine dans le vide, et de toujours savoir où elle est. Notre jardin de test est très, très loin d’être un terrain de golf, et nous n’avons pas eu de difficultés particulières.
Il n’y a pas de GPS contre le vol, mais un système d’alarme anti-vol si la machine est soulevée. Il faudra saisir un code PIN pour arrêter le bip sonore. Le bip est toutefois assez discret et ne fera fuir les voleurs que la nuit. Toutefois chaque tondeuse ayant son propre identifiant lié à un compte d’utilisateur, il sera possible de la désactiver à distance en cas de vol. Ça n’aiderait pas à retrouver le robot, mais c’est une dissuasion utile (en pratique nous n’avons jamais entendu parler de cas de vols de robots tondeuses).
Il n’y a pas besoin de stocker l’herbe puisque la tondeuse fait du mulching. Elle n’a pas de bac.
L’Indego 1200 Connect n’a pas de caméra.
- @CrlNvl Est-ce qu’il faut délimiter avec des fils ? Ça gère bien les arbres ?
Oui, il est obligatoire d’installer un câble périphérique tout autour du jardin, et autour des obstacles à contourner. Bosch préconise de tout délimiter mais en pratique on peut se contenter d’interdire l’accès aux parterres de fleurs et autres zones basses sur lesquelles ne pas aller. Si la tondeuse rencontre un arbre, la vitesse est trop faible pour provoquer des dégâts, et elle change de direction. Cependant le robot ne mémorise pas l’emplacement des arbres non délimités, et se cognera systématiquement dessus, ce qui peut perturber ses calculs de zones de tonte, et augmenter le temps de tonte.
Le verdict
Indego 1200 Connect
On a aimé
- La facilité d'utilisation
- La connectivité
- L'intelligence de déplacement
On a moins aimé
- Le bruit par rapport aux concurrents
- La fiabilité (perte de roue)
- Des bordures non tondues
L'Indego 1200 Connect est une excellente introduction au plaisir des tondeuses autonomes, avec un très bon rapport qualité/prix. Sans être parfaite, notamment en raison de son bruit excessif et d'une fiabilité perfectible (perte de roues...), la tondeuse connectée apporte un confort incomparable aux amateurs de jardins qui veulent passer plus de temps à s'occuper de leurs rosiers qu'à tondre la pelouse.
L'application mobile apporte un plus, en permettant de programmer les horaires de tonte ou de recevoir des alertes en cas de problèmes. On sent toutefois que son potentiel est encore sous-exploité.
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