Avec le Digital Markets Act, son règlement sur le numérique, l’Union européenne a obligé Apple à effectuer plusieurs changements historiques ces dernières semaines. Parmi eux : l’ouverture de l’iPhone aux magasins concurrents de l’App Store, comme l’Alt Store.
Malheureusement pour les développeurs, Apple s’est d’abord montré très peu collaboratif. La marque a mis en place une taxe de 50 centimes par téléchargement, appelée Core Technology Fee, et obligatoire pour tout développeur qui décide de commercialiser une application ailleurs que dans l’App Store en Europe (au bout d’1 million de téléchargements). En résulte des situations ridicules, comme celle de l’émulateur Delta, disponible gratuitement dans tous les pays du monde, sauf ceux de l’Union européenne, pour payer la fameuse taxe.
Le jeudi 2 mai, Apple annonce à Numerama une bonne nouvelle pour la quasi-totalité des créateurs d’applications : la quasi-totalité d’entre eux est désormais exonéré de Core Technology Fee. Les applications peuvent désormais être proposées dans l’App Store et ailleurs gratuitement.
L’App Store européen sauve sa peau
Avec ce changement important, Apple distingue désormais les développeurs en quatre catégories (ils devront prouver qu’ils appartiennent à leur catégorie une fois tous les 12 mois et ne sont pas éligibles s’ils ont déjà dépassé le million de téléchargements) :
- Les développeurs non commerciaux, qui fabriquent des applications sur leur temps libre et ne veulent pas gagner d’argent : aucune taxe ne leur sera demandée, y compris au-dessus du million de téléchargements.
- Les petits développeurs avec un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros : aucune taxe ne leur sera demandée pendant trois ans, y compris au-dessus du million de téléchargements.
- Les petits développeurs avec un chiffre d’affaires entre 10 et 50 millions d’euros : la taxe est plafonnée à 1 million d’euros pendant trois ans, soit l’équivalent de 2 millions de téléchargements. Cela représente entre 2 et 10 % de leurs chiffres d’affaires.
- Les développeurs qui gagnent plus de 50 millions d’euros par an : rien ne change, avec toujours 50 centimes d’euro par installation au-dessus du premier million.
La cible d’Apple est toujours la même : l’entreprise veut faire payer les géants comme Spotify, Netflix ou Fortnite, qui rêvent de ne partager aucun euro avec elle. Les autres petits développeurs, comme ceux qui rencontrent le succès du jour au lendemain, ne sont plus dans son collimateur. À noter que le chiffre d’affaires concerne toute l’activité du développeur, pas seulement les revenus engendrés par son application. Ces conditions concernent aussi bien les applications présentes sur l’App Store que celles proposées sur un site ou un magasin alternatif.
Avec ce changement, Apple devrait permettre à Riley Testut, le développeur de Delta, de lancer son émulateur gratuitement sur l’App Store européen (Apple indique à Numerama qu’il entre dans la catégorie des petits développeurs, puisque son activité Alt Store n’est pas non commerciale). Les habitants de l’UE ne seront plus lésés par le DMA.
Avant l’annonce du 2 mai, Apple a déjà effectué plusieurs changements liés au DMA. Parmi eux, la possibilité de télécharger une app depuis un site web ou de créer un magasin d’applications plus facilement. Les petits développeurs présents en Europe ont le choix entre le modèle actuel (entre 15 et 30 % de commission, seulement sur l’App Store) et le modèle européen (entre 10 et 20 %, avec une taxe seulement au-dessus des 50 millions de CA).
Apple promet les changements du DMA dans iPadOS 18
Parallèlement à cette annonce, Apple l’annonce l’arrivée des changements du DMA sur iPad « cet automne », quelques jours après que l’Union européenne a inscrit iPadOS sur sa liste des contrôleurs d’accès (ce timing correspond à celui d’iPadOS 18, qui devrait arriver à la rentrée). Bonne nouvelle pour les développeurs : une installation d’une app sur iPhone et sur iPad ne sera équivalente qu’à une seule taxe de 50 centimes, si elle se fait dans une période de 12 mois.
Avec ces changements, Apple ne répond pas qu’à la fronde des utilisateurs, mais aussi aux inquiétudes européennes. La Commission européenne n’est pas très satisfaite des conditions mises en place par la marque californienne. Cet assouplissement devrait aider Apple dans sa défense.
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