Jack Dorsey, le créateur de Twitter, est-il toujours impliqué dans le projet de réseau central décentralisé Bluesky ? La réponse est « non », comme l’a très mystérieusement commenté l’entrepreneur le 4 mai 2024.
Bluesky est une plateforme lancée au printemps 2023, avec l’objectif d’offrir un refuge aux historiques de Twitter agacés par le X d’Elon Musk. Comptes payants pour manipuler l’algorithme, modération quasi-disparue, contenus violents et sexuels mis en avant, rémunération de la désinformation… Le milliardaire, en seulement quelques mois, a amplifié les maux de Twitter. Bluesky a connu son heure de gloire fin 2023, grâce à une petite communauté très active et solidaire, mais le projet semble avoir du plomb dans l’aile.
Bluesky peut-il sortir de sa bulle ?
En mai 2024, Bluesky n’est pas mort. Quelques milliers d’utilisateurs l’utilisent encore activement, grâce aux communautés qu’ils ont su créer. Un phénomène d’autant plus prégnant dans la sphère francophone, pour qui Threads, l’alternative à Twitter créée par Meta, est arrivée tardivement. Les Américains et les Anglais sont beaucoup plus nombreux sur Threads que sur Bluesky, tandis que les Français anti-Twitter utilisent le réseau social décentralisé. Mais, gare à l’effet de bulle : dans les deux cas, Twitter reste de très loin la plateforme la plus utilisée (notamment par celles/ceux qui lisent les messages des autres, mais ne publient pas).
En novembre 2023, Bluesky s’était félicité d’avoir passé les 2 millions d’inscrits. Un cap symbolique, cependant minuscule à échelle d’Internet. Rien ne dit d’ailleurs que ces 2 millions de personnes utilisaient Bluesky quotidiennement, quand Threads et X revendiquent plusieurs centaines de millions d’utilisateurs tous les mois. Même Mastodon, en nombre d’inscrits, est nettement plus grand que Bluesky.
Depuis cette dernière communication, Bluesky a effectué un changement majeur : la fin de son système d’invitations. Il est possible de s’inscrire sur la plateforme quand on le souhaite depuis février 2024, ce qui aurait au moins ajouté 1 million de curieux à l’application. Dans une interview auprès de The Verge en février 2024, l’entreprise revendiquait 1,6 million d’utilisateurs mensuels, sans détailler la méthodologie de recensement.
Toute la promesse de Bluesky réside dans son caractère décentralisé, un des rêves de Jack Dorsey, le créateur de Twitter. C’est aussi un de ses défis majeurs, puisque Bluesky s’appuie sur une technologie nouvelle appelée AT Protocol. Le problème est que les autres plateformes décentralisées, comme Mastodon et Threads, s’appuient sur le protocole ActivityPub. Si personne ne rejoint AT Protocol, Bluesky est condamné à rester une bulle.
Jack Dorsey, je t’aime moi non plus avec Elon Musk
D’une certaine manière, Bluesky est né de Twitter. Le créateur du réseau social travaille depuis 2020 sur une plateforme décentralisée, qui a finalement donné naissance à une entreprise distincte (Elon Musk, au rachat, s’est opposé à l’idée). Jack Dorsey est convaincu qu’une plateforme décentralisée peut régler les problèmes des réseaux sociaux, avec des algorithmes transparents et des modérations plus intelligentes.
Pourquoi abandonner Bluesky ? Jack Dorsey ne le dit pas, même si le compte officiel du réseau social a confirmé qu’il était à la recherche d’un nouveau dirigeant. Jack Dorsey semble toujours militer pour les réseaux décentralisés, mais pas celui de son ancienne entreprise. Son lien avec Elon Musk est aussi étrange, puisqu’il n’hésite pas à le critiquer puis à lui déclarer son admiration très régulièrement.
Pour Jack Dorsey, qui s’est désabonné de toute l’équipe Bluesky (il ne suit plus qu’Edouard Snowden, Stella Assange et Elon Musk) et qui a supprimé son compte Bluesky, X semble être la meilleure plateforme pour l’instant. Il l’utilise actuellement pour commenter une autre de ses passions : le rap. La priorité actuelle de Jack Dorsey est de défendre la supériorité de Kendrick Lamar sur Drake, plutôt que celle de Bluesky sur X.
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