Depuis le 2 février 2024, je suis le propriétaire d’un casque Apple Vision Pro. Un produit que j’ai souvent emporté en voyage, en train comme en avion, mais que je n’ai jamais osé sortir. La peur de la honte, d’être pris en photo ou moqué par les autres voyageurs a toujours pris le dessus sur mon envie de regarder des films sur un écran géant.
Le 9 mai, une semaine avant la Google I/O, je me suis envolé vers San Francisco. Un vol long de 12 heures, sur lequel je me suis promis que je tenterais l’expérience. J’ai téléchargé plusieurs épisodes de séries la veille sur Apple TV+ et Disney+, pour pouvoir les regarder sans réseau. J’ai aussi pris une place côté hublot, entre deux rangs, pour être plus discret. Alors, comment c’était ?
Sortir l’Apple Vision Pro attire les regards
Pendant les deux premières heures de vol, j’ai longtemps hésité à sortir le casque. J’ai d’abord attendu que le premier repas soit servi et que les passagers commencent à regarder des films pour pouvoir le faire discrètement, sans donner l’impression que je voulais être remarqué. Oui, je suis conscient que cette « pudeur » est propre à chacun — d’autres n’auraient aucune hésitation.
Dans un premier temps, j’ai d’abord sorti mon ordinateur pour commencer à travailler. J’ai ensuite décidé de sortir le casque de sa grosse boîte de protection, qui n’est sans surprise pas passée inaperçue. Mon voisin de droite, qui n’a pas souri une seule fois, semblait me dévisager pendant cette phase de préparation.
Une fois l’Apple Vision Pro sur la tête, j’ai d’abord dû activer le « Travel Mode », qui permet à une image de rester statique malgré le déplacement de l’avion. Premier constat : l’image n’est pas extrêmement stable dans l’obscurité. Il m’a fallu ouvrir le hublot très légèrement pour que de la lumière pénètre dans la cabine, pour éviter de faire sauter l’image en face de moi. En mode normal, ce problème n’existe pas. C’est vraiment le mode voyage qui peine à se stabiliser.
Travailler et regarder une série : un vrai bonheur en avion
Premier usage du Vision Pro en avion : le travail sur Mac. Il est assez plaisant d’utiliser son MacBook, écran éteint, avec une surface de 70 pouces devant ses yeux. J’ai bien senti que les personnes autour du moi me regardaient bizarrement, en se demandant si je tapais dans le vide, mais le confort est vraiment au rendez-vous. J’ai écrit deux articles dans cette configuration avec une connexion ultra-stable entre le Mac et le Vision Pro (en Wi-Fi Direct). Seul regret : on ne peut toujours pas entendre le son du Mac avec le casque (vivement visionOS 2). Il m’a fallu connecter les AirPods au Mac, au risque de ne pas entendre le son du casque.
Ensuite, j’ai retiré le Mac pour n’utiliser que le Vision Pro, que j’ai connecté au Wi-Fi de l’avion. Autre usage amusant : regarder la télévision en direct, en l’occurrence Secret Story (oui, j’assume). J’ai ensuite regardé un épisode de Franklin, la série que j’avais téléchargée la veille sur Apple TV+. Le mode cinéma, qui permet de se téléporter dans une salle sombre, est incroyable. On oublie complètement que l’on est dans un avion, ce qui donne l’impression que le temps s’écoule plus vite. J’ai enchaîné avec un épisode de What If sur Disney+, en me téléportant au sommet de la tour Avengers à New York. Là aussi, c’est vraiment sympa.
J’ai néanmoins remarqué un comportement étonnant : les contenus téléchargés localement sur Apple TV+, comme Franklin, le sont en 1080p. Quelle erreur d’Apple, qui rend les pixels visibles sur les écrans du casque. En streaming, la qualité 4K du contenu Apple TV+ est absolument parfaite avec le Vision Pro. Et le réseau Wi-Fi de l’avion est évidemment trop lent pour du streaming en 4K Dolby Vision.
À la fin du vol, j’ai regardé un match de football en direct avec myCANAL. Le petit écran sur le siège devant moi est ringardisé par l’écran géant de 90 pouces au milieu de ma vision, avec en bonus les statistiques flottantes. Je me vois mal revenir en arrière après avoir goûté à cette expérience de visionnage.
Et puis, les gens m’ont posé des questions
Pendant mon match de foot, l’hôtesse de l’air est venue me voir. Elle a d’abord commencé à me dévisager, en s’arrêtant devant moi, avant que je lui fasse un signe pour lui indiquer que je la voyais. Elle m’a dit s’être demandée tout le vol si j’étais dans une réalité virtuelle ou si je voyais le monde, ce qui l’a incitée à ne pas me déranger. Mes voisins de derrière, quand ils ont entendu cette conversation, m’ont aussi posé des questions sur le casque.
Comme souvent ces trois derniers mois, je me suis transformé en démonstrateur. J’ai fait quelques démos à l’hôtesse et à deux passagers, qui voulaient voir ce que l’on vivait avec le casque. Tous les trois m’ont dit trouver ça super cool, même si d’autres m’ont fusillé du regard pendant cette partie démo.
Bilan final : un joli mal de tête, mais un vol qui passe vite
Sur 12 heures de vol, j’ai probablement porté le casque entre cinq et six heures, avec une seule pause entre deux longues utilisations. J’ai réajusté l’élastique à plusieurs reprises, puisque la pression du casque sur mon front était trop douloureuse. Je ne cesse de le répéter depuis des mois : le principal défaut du Vision Pro est son poids, le reste est grandement maîtrisé par Apple.
Pendant l’atterrissage, le personnel Air France m’a demandé de ranger le casque. J’ai alors constaté l’apparition d’un mal de tête grandissant, probablement provoqué par la fatigue musculaire de mes yeux, sans négliger l’impact des 700 grammes de pression permanente sur ma tête. Le corps humain n’est pas fait pour ça.
Et la batterie filaire, qui est vue, à tort, comme un des défauts du casque ? Son autonomie est de 2-3 heures, mais je l’ai laissée branchée à la prise de l’avion pendant tout le vol. Bref, ce n’était pas du tout un problème.
Bilan de l’expérience : l’Apple Vision Pro est un moyen agréable de s’occuper en avion, aussi bien pour travailler que pour se divertir. Je l’utiliserai au retour, malgré ma peur du regard des autres, en espérant que les futures versions soient plus discrètes et plus acceptées dans les transports en commun (la boîte occupe 80 % de mon sac à dos). Meta, avec ses casques VR plus abordables et bientôt adaptés aux avions, pourrait aussi contribuer à l’acceptabilité de ces cinémas portatifs.
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