10 janvier 2012. Free faisait ses débuts dans le marché de la téléphonie mobile avec une offre qui allait frapper les esprits. Pour 19,99 euros par mois, on récupérait les appels, SMS et MMS illimités en France et vers une quarantaine de destinations. Côté Internet, 3 Go de données étaient octroyés, utilisables en 3G à l’époque (la 4G arrivera plus tard).
Douze ans plus tard, le profil de l’abonnement principal de Free Mobile a bien changé. Dans un communiqué paru le 14 mai 2024, l’opérateur vient même de franchir un cap symbolique : désormais, l’enveloppe de data proposée chaque mois à sa clientèle est de 300 Go. En somme, elle a été multipliée par 100 en un peu plus de dix ans.
Précédemment, les clients avaient droit à 250 Go de données mobiles, en 5G cette fois, à condition d’avoir un téléphone compatible et de se trouver dans une zone couverte. Le profil du forfait reste globalement le même, avec des communications téléphoniques illimitées. Davantage de destinations (une centaine) sont toutefois incluses.
Le prix, lui, reste inchangé, à 19,99 euros par mois. L’opérateur, par la voix de Xavier Niel, son fondateur, a toujours mis un point d’honneur à ne y pas toucher (un engagement tenu pour sa formule centrale, mais qui ne va pas jusqu’à certaines options). Cette grille tarifaire doit tenir jusqu’à 2027 ; au-delà, l’opérateur déterminera s’il maintiendra cette politique.
Des activités de plus en plus gourmandes en données
Le passage de 3 Go de données mobiles par mois à 300 s’est opéré petit à petit, avec divers jalons franchis au fil des ans. Le cap des 100 Go, par exemple, a été passé en mars 2017. Celui des 200 Go en janvier 2021. Cela a aussi reflété l’évolution des usages, grâce à l’arrivée de nouvelles normes de téléphonie : la 4G à partir de 2013, la 5G en 2020.
Qui dit transition des réseaux dit hausse des performances. Une meilleure connectivité a ouvert la voie à des activités de plus en plus gourmandes en données. On pense au streaming, et plus particulièrement à la vidéo, dont la qualité a aussi augmenté. Le Full HD (1080p) fait presque pâle figure face à la 2K ou la 4K aujourd’hui.
Derrière la générosité de Free Mobile, il y a donc un impératif de fournir une enveloppe de data mobile cohérente avec les nouveaux usages charriés par les nouvelles normes de téléphonie. Il y a également la nécessité de demeurer compétitif face à des rivaux qui rehaussent également de temps en temps la qualité de leurs offres.
Combien les Français consomment-ils de données mobiles chaque mois ?
Reste toutefois une question : toutes ces enveloppes généreuses en data mobile sont-elles vraiment consommées ?
Les travaux du régulateur des télécoms montrent, en se basant sur l’année 2022, que le volume moyen de données consommées via les réseaux 2G, 3G, 4G et 5G atteignait 14 Go par mois. C’est environ vingt fois plus bas que le plafond proposé par Free Mobile. Un constat similaire est fait du côté de la Fédération française des télécoms.
L’enveloppe est-elle donc inutilement trop généreuse ? Elle l’est sans doute pour les mobinautes qui ne consomment pas beaucoup de données mobiles ; il faut se souvenir que les mesures du régulateur et de la fédération sont des moyennes. Il y a aussi des Françaises et des Français qui puisent bien plus lourdement dans leur forfait.
Il faut aussi la remettre dans une trajectoire générale : selon le régulateur, la consommation mobile augmente au fil du temps. « La croissance progresse de 6 points en un an en 2022 pour atteindre + 28 % en un an », indiquait-il dans son bilan. Même constat en dézoomant davantage et en prenant 2018 comme point de départ.
Les projections de la Fédération française des télécoms vont dans le même sens. Basées sur diverses sources, elles anticipent que la consommation par mobinaute et par mois va être multipliée par six de 2022 à 2030. Elle atteindra alors 89 Go par utilisateur/mois/abonnement (+26 % en croissance annuelle moyenne).
Pas de quoi inquiéter le forfait de Free Mobile. D’autant qu’il pourrait encore prendre quelques Go en plus d’ici là.
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