A première vue, Peer Impact ressemble aux autres logiciels de P2P. Au lancement, il nous est demandé d’importer ses morceaux de musique et on remarque la présence d’un onglet « transfers » avec une partie « uploads » signe, croit-on, de partage et de communauté. Un clic sur l’onglet « Library », et l’on comprend mieux.
Wurld Media se sert bien d’une architecture P2P, mais uniquement dans la distribution de ses musiques DRMisées achetées sur Peer Impact. Aucune des chansons importées depuis ses propres MP3 n’est en réalité partagée.
Aussi lors d’une recherche d’un morceau, seuls les résultats correspondant au catalogue officiel autorisé par les maisons de disques seront affichés.
C’est-à-dire pas grand chose.
Le catalogue est très limité ; les amateurs de musique électronique devront par exemple se contenter d’une trentaine d’artistes différents, dont la discographie sera bien souvent incomplète. Les autres genres ne sont guère mieux lotis, à l’exception des catégories populaires telles que le hip-hop ou le rock, qui bénéficient d’un catalogue plus élargi mais toujours bien trop insuffisant pour séduire les amateurs. On appréciera cependant la possibilité de naviguer par décennies, une fonction qui pourrait attirer les nostalgiques des années 1950-1970.
L’utilisateur devient vendeur
Un double-clic sur un résultat dans les recherches et c’est seulement un extrait de 30 secondes qui est joué. Pour le téléchargement complet, il faudra donc débourser du « DigiCash », la monnaie employée par Wurld Media. Comme sur iTunes, c’est le chiffre magique de 0,99 $ qui a été retenu dans le prix de vente de chaque morceau.
A la manière de Weed, Peer Impact joue tout de même la carte de la distribution rémunérée. A chaque fois que l’on envoie une chanson à un autre utilisateur, Wurld rémunère l’uploadeur en lui faisant gagner quelques DigiCash. Il sera en outre possible d’envoyer des « NoiseMaker » à ses amis, c’est-à-dire des e-mails l’invitant à écouter l’échantillon d’une chanson. Si l’ami achète, celui qui a envoyé l’invitation gagne de quoi s’acheter de nouveaux morceaux, pour pouvoir envoyer de nouvelles invitations… Peer Impact offre aussi la possibilité d’acheter et d’envoyer des chansons cadeaux, sous la forme de « DigiGift ».
Mais une fois les présentations faites, et le logiciel testé, une question doit être posée : pourquoi est-ce que les internautes habitués des logiciels de P2P iraient se précipiter sur Peer Impact ? Mis à part la légalité totale du système et l’assurance de télécharger les bons contenus, quels sont les atouts du logiciel de Wurld Media ?
Certes, l’on peut gagner de l’argent pour acheter de nouvelles chansons. Mais pourquoi s’embêter à laisser le logiciel uploader en permanence si l’on peut déjà télécharger et partager gratuitement l’ensemble du catalogue ? Pourquoi acheter à partir d’un échantillon de 30 secondes alors que l’on peut écouter tout le morceau voire tout l’album en le téléchargeant sur eMule ? Pire, le logiciel utilise les DRM de Microsoft pour limiter l’utilisation des morceaux achetés, là où les MP3 téléchargés gratuitement sur Kazaa et eDonkey sont libres de toute restriction. On apprend ainsi dans les conditions générales d’utilisation (qui battent le record de longueur), que l’utilisateur est limité à 7 gravures d’une même compilation, que l’on ne pourra pas transférer les morceaux sur plus de 3 baladeurs et ordinateurs. Evidemment, puisqu’il s’agit de Windows Media, impossible de transférer les morceaux sur un iPod, de les lire sur un Macintosh ou d’y accéder depuis Linux.
Alors on se dit que peut-être Peer Impact a quelque chose de plus par rapport à Piolet ou Soulseek, les meilleurs logiciels de téléchargement de musique actuels.
Alors on cherche…
et l’on ne trouve pas.
On aurait aimé avoir des conseils par rapport à nos goûts musicaux, pouvoir communiquer avec les autres utilisateurs, lire les biographies des artistes, être relayé vers des groupes aux influences similaires,… mais rien de tout cela. Seul point positif, certains albums bénéficient d’une critique complète rédigée par AMG (All Music Guide), mais il faudra sans doute encore attendre bien longtemps avant de voir des liens hypertexte germer dans ces critiques pour pouvoir écouter d’un clic le morceau auquel l’auteur fait référence dans son commentaire.
Pour le moment le logiciel est réservé au marché américain. Mais rassurons-nous, nous ne perdons rien en Europe. Mention : « doit mieux faire ».
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