Ce n’est pas une accusation aussi grave que celle apparue en début d’année, où il avait été question d’une arme nucléaire spatiale russe. Mais les nouveaux reproches des Américains à la Russie n’en sont pas moins empreints de gravité, car, une fois encore, il est question d’une tentative de déployer des armes dans l’espace.
Lors d’une session à l’ONU, l’ambassadeur américain Robert Wood a accusé la Russie d’avoir déployé le 16 mai une arme spatiale sur une orbite terrestre basse (c’est-à-dire autour de la Terre à moins de 2 000 km d’altitude). Ce serait la troisième fois que Moscou effectue ces déploiements, après un lancement en 2019 et un autre en 2022.
La nature de l’engin n’a pas été dévoilée, ni ce que savent précisément les services de renseignement américains. Mais, selon le général de division Patrick S. Ryder, cité par le magazine Air & Space Forces, l’appareil comporte des « caractéristiques [qui] ressemblent à celles des charges utiles anti-satellites » déployées les deux fois précédentes.
Au-delà du profil précis de l’appareil, c’est sa trajectoire qui alimente les suspicions autre-Atlantique. Dans sa prise de parole le 20 mai, Robert Wood a affirmé que l’équipement russe se trouve « sur la même orbite qu’un satellite » opéré par le gouvernement américain — sans préciser lequel et pourquoi.
À moins de 2 000 km d’altitude, on trouve généralement des satellites qui servent à observer la Terre, à anticiper l’évolution de la météo, ou à passer des communications — typiquement, la constellation de Starlink se trouve à quelques centaines de km de distance du sol. On trouve aussi la Station spatiale internationale, qui évolue à 400 km de haut.
Du côté de la défense, on trouvera des satellites de reconnaissance optique pour prendre des images de la surface ainsi que du matériel taillé pour du renseignement d’origine électromagnétique. En clair, des engins qui peuvent capter des signaux (communications ou radars par exemple). Les USA ont plusieurs unités dans chacune de ces catégories.
Bataille de résolutions à l’ONU
Les accusations formulées par Robert Wood et Patrick S. Ryder s’inscrivent dans une séquence diplomatique particulière. Le 24 avril, la Russie a mis un véto à une résolution concernant l’espace, et « qui aurait affirmé l’obligation de tous les États parties de respecter pleinement le traité sur l’espace extra-atmosphérique », notamment en matière d’armement.
Le texte appelait à « ne pas placer en orbite autour de la Terre des objets porteurs d’armes nucléaires ou de tout autre type d’armes de destruction massive, d’installer de telles armes sur des corps célestes ou de stationner de telles armes dans l’espace extra-atmosphérique de toute autre manière. » La Chine s’est abstenue, les autres ont voté pour.
Le 20 mais, une autre initiative diplomatique a eu lieu, cette fois de la part de la Russie. Le texte a été rejeté, avec votes contre de la France, du Japon, de Malte, de la Corée du Sud, de la Slovénie, du Royaume-Uni et des USA. La Suisse s’est abstenue. L’Algérie, l’Équateur, la Chine, Guyana, la Russie, le Mozambique et la Sierra Leone ont voté pour.
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